Le mercredi 13 novembre, une quarantaine de personnes se sont rassemblées à l’hôtel de ville d’Anvers pour protester contre les 35 sanctions administratives communales (SAC) infligées à des activistes lors de manifestations pacifiques. Nous en avons discuté avec un étudiant de l’UAntwerpForPalestine (mouvement de l’occupation du campus de l’université d’Anvers) qui a lui-même reçu une amende pour sa participation à une action lors de la Pride d’Anvers au mois d’août. Parmi les organisations présentes à l’action figureraient LABO vzw, Doe Deurne Dicht, Antwerp For Palestine, XR et la Campagne ROSA. Précisons d’emblée que, dans toutes les SAC délivrées, l’absence de trouble à l’ordre public a été reconnue.
Propos recueillis par Jesse (Anvers)
– Pourquoi cette action ?
Pour montrer que protester est un droit, même si les raisons pour lesquelles nous menons campagne dérangent les autorités. Nous avons présenté symboliquement nos lettres de défense contre les SAC reçues en octobre. Doe Deurne Dicht a par exemple reçu des amendes pour des actions menées contre l’aéroport de Deurne.
– Constates-tu une plus forte répression des actions ?
Oui. Ce qui s’est passé à la Pride d’Anvers contre les activistes pro-Palestine n’est pas un cas isolé en Belgique. À Bruxelles, il y a eu beaucoup de répression contre les activistes pro-palestinien.ne.s. Les étudiant.e.s ont souvent été traité.e.s violemment, certains de nos camarades à Bruxelles ont été poursuivis légalement. À la KU Leuven, certain.e.s étudiant.e.s ont intenté des procès. De même, dans le bloc commun d’Anvers pour la Palestine et de la Campagne ROSA à la Pride d’Anvers, des personnes ont été violemment arrêtées pour avoir protesté contre le génocide.
Le constat est plus général. Doe Deurne Dicht a été systématiquement intimidé par la police, les activistes de Code Rouge ont été confronté.e.s à la brutalité policière l’année dernière et cette année à nouveau.
– Quel est le rôle de l’université et pourquoi étiez-vous à la Pride d’Anvers ?
L’UA collabore toujours avec des institutions israéliennes directement complices du génocide. Malgré l’avis négatif du comité d’éthique, elle a continué à coopérer avec l’Université hébraïque. L’UA prétend vouloir maintenir une position de neutralité, mais nous estimons qu’il y a un double discours. L’UA était présente à la Pride, ce simple fait est une déclaration politique. Mais de l’autre côté, les autorités universitaires refusent de condamner le génocide à Gaza sous le couvert de neutralité. Elles prétendent défendre les droits humains, mais il est extrêmement hypocrite de le faire au cas par cas et de se taire sur la situation à Gaza.
Nous nous concentrons sur le boycott académique complet, une déclaration de cessez-le-feu, le soutien aux étudiant.e.s et universitaires palestinien.ne.s et la transparence dans la prise de décision.
Ce sont nos revendications concrètes, mais nous luttons aussi pour la libération collective, c’est-à-dire la libération de la Palestine et de tou.te.s les Palestinien.ne.s.
Les syndicats se sont également prononcés contre le génocide et ont, eux aussi, fait l’objet de condamnations injustes pour des actions de protestation légitimes au cours des dernières années. “Défendons notre droit de manifester !” est un slogan qu’ils utilisent aussi. La collaboration entre les étudiant.e.s et les travailleur.euse.s pourrait-elle être un facteur important ?
Se soutenir mutuellement est effectivement important. Syndicalistes et étudiant.e.s font partie d’un mouvement de solidarité plus large avec les Palestinien.ne.s. Nous nous concentrons sur notre université, mais il y a toujours des moments où nous avons besoin du soutien d’autres personnes, y compris du personnel. D’autre part, en tant qu’étudiant.e.s, nous pouvons soutenir les actions syndicales. Il serait bon d’être plus souvent en contact et d’être plus conscient.e.s des actions de chacun. Le boycott académique fait partie du mouvement BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanction), et les syndicats pourraient également jouer un rôle important à cet égard, en appelant à des actions, des grèves, des blocages dans certaines entreprises qui ont des liens avec des institutions israéliennes complices.