La grève de ce mardi dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles est probablement « le début d’un combat qui va être long », a estimé le secrétaire général de la CSC Enseignement, Roland Lahaye, sur La Première. « Il y a longtemps que je n’ai pas vu une telle mobilisation spontanée de la part des équipes et des écoles », a-t-il affirmé le syndicaliste. Des écoles habituellement réfractaires à la grève sont pratiquement à l’arrêt, « parce que tous les profs se sentent concernés et prennent conscience de la casse qu’on annonce dans l’enseignement. »
“Une déclaration de guerre”, c’est comme ça que les syndicats de l’enseignement ont qualifié le décret-programme qui accompagne le projet de budget pour 2025. Déjà auparavant, les problèmes s’accumulaient sans être résolus. Et maintenant, la nouvelle coalition MR-Engagés à la Fédération Wallonie-Bruxelles s’apprête à tourner un couteau plus grand encore dans la plaie du personnel enseignant, administratif et technique des écoles. La journée de grève du 26 novembre est une première réponse sous cette nouvelle législature. Une grève de 48h est prévue pour fin janvier, ainsi qu’une semaine en mars. Nous sommes toustes d’accord là-dessus : arrêtons de juste aligner les journées de grèves et manifs ; il faut durcir la lutte ! C’est aussi la meilleure manière de convaincre les collègues démoralisé.e.s.
Le gouvernement MR-Engagés attaque l’ensemble des services publics, à la région comme à la FWB où les mêmes partis règnent, et ils s’apprêtent à faire de même au Fédéral. Le Budget 2025 préparé par la droite s’annonce violent tout azimut, et l’enseignement s’en prend plein la gueule, comme d’habitude. L’attaque prévoit notamment la fin de la staturisation au profit de contrats à durée indéterminée, et la réduction des budgets pour l’enseignement qualifiant, pour les organismes publics, pour les établissements supérieurs, et pour les bâtiments scolaires.
Le gouvernement s’apprête à procéder à un rationnement qui rendrait fier Elon Musk, le fraîchement nommé par Trump à la tête du “département de l’Efficacité gouvernementale”. Si ça passe, ça va être une sérieuse détérioration des conditions de travail et du statut du personnel, et donc une détérioration de la qualité et l’accessibilité de l’enseignement. À court terme, des centaines d’emplois seront supprimés ; à terme, des milliers, notamment sur base des fermetures d’options “peu peuplées” de l’enseignement qualifiant, des 3èmes techniques de qualification et des 3èmes professionnelles, des 7èmes techniques de qualification et de certaines 7ème professionnelles…
Pour eux, l’école doit être un produit rentable. La volonté est flagrante de faire correspondre l’école au monde de l’entreprise, comme en témoignent la co-création par les entreprises des épreuves qualifiantes ainsi qu’un stage en entreprises de 5 jours dans le tronc commun. Pour le primaire, le gouvernement a annoncé vouloir “réévaluer” la gratuité. Ce catalogue des horreurs doit nous obliger à être plus radicaux et plus organisés que jamais.
Ne nous laissons pas faire
La volonté d’aller un cran plus loin est bien là, c’est ce qui ressort des assemblées générales du personnel. Plus loin que les manifestations disparates sans réel plan ni perspective pour le mouvement. Un tel plan s’est déjà produit par le passé avec l’enchaînement de grèves et de manifestations dans plusieurs grandes villes et qui a terminé en apothéose à Liège avec plus de 15.000 personnes, soit plus de 12% de l’ensemble du personnel.
L’appel des syndicats “pour une plus grande collaboration entre les employeurs, les gouvernements et les travailleurs” n’est pas à la hauteur des enjeux pour la mobilisation aujourd’hui. Ce gouvernement ne nous épargnera rien, le seul élément qui pourra l’arrêter c’est une mobilisation massive et radicale des travailleur.se.s., de tous les secteurs.
1 – Continuons et élargissons la politique d’assemblées générales pour garder les collègues en action, leur permettre de discuter les propositions et le programme ainsi que la stratégie pour gagner. Dans une école du centre-ville de Liège, un sondage en fin d’assemblée générale sur la Déclaration de politique communautaire (DPC) donnait la grève illimitée en 1re position dans les modes d’action. L’enthousiasme ne manque pas face à ces attaques.
2 – Munissons-nous d’un programme politique : un programme de rupture avec la politique austéritaire. Défendons par exemple une taxation des plus riches à travers une taxe récurrente sur les fortunes. Une telle taxe pourrait rapporter jusqu’à 10 milliards d’euros par an. Ça permettrait de financer un enseignement et des services publics à la hauteur des besoins. Notamment à travers un plan de rénovation massive des bâtiments scolaires ainsi que l’engagement de personnel avec un statut qui permet une réelle indépendance face aux directions et à l’arbitraire politique : le statut de fonctionnaires.
Pour que ce combat soit victorieux, il faudra y lier des revendications offensives qui clarifient qu’il s’agit avant tout de l’avenir des jeunes générations et de l’enseignement émancipateur qu’elles méritent : avec des classes plus petites (dans lesquelles il ne pleut pas…) et suffisamment d’encadrement pédagogique avec des conditions de travail propices à accompagner l’épanouissement des élèves. Ne nous laissons pas prendre au piège : repoussons les attaques et arrachons plus de moyens, notamment pour plus de collègues !
De premières photos de Bruxelles et Liège