Le MR à droite toute, et ça continue !

Depuis l’arrivée de Georges-Louis Bouchez à la présidence du MR, la ligne du parti n’a fait que s’infléchir du côté conservateur de la force. Adieu Reynders et Michel et leurs sourires de technocrates, bonjour langage simple et arguments douteux. Court retour sur la descente conservatrice d’un des descendants du plus vieux parti de Belgique. Charles Rogier en sueur !

Par Verba (Liège)

Un “outsider” au pouvoir depuis 20 ans

Rappelons un fait pourtant simple, mais qui semble avoir été effacé par les outrages discursifs de Georges-Louis Bouchez (que nous appellerons ensuite Gloub par souci d’économie de signes) : le MR a été aux manettes depuis 20 ans au fédéral et faisait partie des derniers gouvernements wallons et de Fédération Wallonie-Bruxelles, aux côtés du PS.

Pourtant, toute la campagne a été axée autour de “l’opposition” du MR à la politique du PS, auquel il a lui-même participé. Ce tour de passe-passe a été rendu possible par la particip-opposition de Gloub aux différents gouvernements : le parti participe effectivement aux différents gouvernements, mais son président n’a fait qu’attaquer ses partenaires et monter en épingle tous les prétextes pour saboter les différentes actions desdits gouvernements. La manœuvre a été empruntée à Elio Di Rupo qui était en son temps le champion de la particip-opposition.

De cette façon, le MR s’est construit une figure médiatique d’envergure à l’aide des techniques rhétoriques de Trump : ce qu’on veut, c’est de la polémique partout, tout le temps. Et si en plus on récupère des éléments de langage issus du sarkozysme ou des sujets de campagne de l’extrême-droite, c’est encore mieux. Que les propos soient vrais ou cohérents n’a que peu d’importance : il faut se faire voir, se faire entendre. En Belgique comme ailleurs, cette brume de provocations et de “diviser pour régner” vise à brouiller la perception de la politique du parti pour ce qu’elle est : unilatéralement antisociale et pro-riches.

Le ver était dans le fruit

Au-delà des mots et des carabistouilles, on peut également se questionner sur la présence au sein du MR d’anciennes personnalités proches ou ayant fait partie de l’extrême-droite. On notera ainsi la présence de Marc Ysaye, rentré au MR avec tambours et trompettes sur fond d’accord idéologique avec Jordan Bardella ou Marine Lepen, ou encore de Georges-Pierre Tonnelier (ancien du FN belge), de Drieu Godefridi (passé depuis à la NVA, puis continuant son petit bonhomme de chemin de son côté) qu’on pourrait décrire comme un chantre indépendant du libertarianisme mâtiné d’une sympathie non dissimulée pour des figures telles que Zemmour, Trump ou Bolsonaro. Les conservateurs haut en couleurs ne manquent pas au sein du MR, y compris parmi les figures de premier plan comme Pierre-Yves Jeholet qui, en plein débat, a balancé à Nabil Boukili (PTB) à “Ne venez pas nous donner des leçons ici en Belgique. Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique.”

Ces gentils chantres de la liberté de discriminer ont l’assurance d’être défendus par leur président. Après tout, ce dernier ne se cache pas pour partager sur les réseaux sociaux du Fdesouche (média d’extrême-droite français), du Damien Rieu (ancien porte-parole du RN français), du Alessandra d’Angelo (rédactrice en chef de Pan.be, ancien journal satirique, nouveau média numérique tendance extrême droitière et ancienne attachée parlementaire du tristement célèbre Laurent Louis). Concernant les élections communales passées, qu’est-ce que Gloub comme une “étape d’une dangerosité sans précédent pour notre démocratie” ? L’arrivée de l’extrême droite au pouvoir à Ninove et à Ranst ? Non. La possible présence du PTB dans une majorité à Molenbeek.

Importer les conflits, une seconde nature signé MR

En quelques années, Gloub a effacé toutes les personnalités médiatiques du MR. On ne ressort les seconds couteux que pour importer d’ailleurs diverses paniques morales. Drieu Godefridi s’est fait le relais d’une vieille panique morale issue de l’alt-right américaine selon laquelle on ne pourrait plus souhaiter un joyeux Noël et que la gauche aurait détruit la fête. David Clarinval, alors qu’il était vice-Premier ministre, s’est chargé de la promotion en Belgique du pamphlet transphobe “Transmania” écrit par deux militantes transphobes françaises et publié chez Magnus, un éditeur d’extrême droite, où l’on peut lire que “L’idéologie transgenre et ses dérives ouvrent une brèche intéressante pour l’avancée des revendications pédophiles.” L’importation des paniques morales est au cœur de la méthode Bouchez. À chaque moment sa polémique.

Le champ lexical employé est lourdement marqué par la droite sarkozyste : travaux d’intérêt général pour les personnes au chômage de longue durée, interdiction de la mendicité, discrimination à l’emploi pour les femmes voilées, etc. La filière d’import française bat son plein et les sources d’inspiration du MR ne sont même plus cachées : le groupe Bolloré, la rhétorique du RN et ses thèmes avec un petit supplément Trump. Les cinq prochaines années ont de quoi nous faire rêver. Il se murmurerait même que l’ancien protégé de Reynders aura son ministère rien qu’à lui dans le futur gouvernement Arizona : celui de la Sécurité. Tout un programme.

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Première page de Lutte Socialiste