Après des actions précédentes à TotalEnergies, Engie et dans le secteur de l’aviation, la 4e édition de Code Rouge se tiendra du 24 au 28 octobre. Comme Code Rouge le souligne “Catastrophes climatiques, factures d’énergies qui explosent, violations des droits humains et néocolonialisme, guerres et conflits … Le moins que l’on puisse dire c’est que notre dépendance aux énergies fossiles se paie au prix fort. Malgré cela, les grands pollueurs de cette industrie font toujours ce qu’ils veulent. Et des politiques climatiques et sociales équitables se font encore et toujours attendre pour les citoyen·nes et les travailleur·euses.”
Par Constantin (Liège)
Des records de température ont été battus aux quatre coins du monde cet été. L’Espagne, l’Australie, le Japon et certaines provinces de Chine ont connu en 2024 le mois d’août le plus chaud de leur histoire. Des vagues de chaleur exceptionnellement sévères ont frappé de nombreuses régions d’Afrique. Tout le monde ne vit pas les choses de la même façon. Philip Alston (ONU) avertissait en 2019: “Une dépendance excessive au secteur privé pourrait conduire à un scénario d’apartheid climatique dans lequel les riches paient pour échapper au réchauffement, à la faim, aux conflits, tandis que le reste du monde souffrirait.”
Les études ne manquent pas pour pointer la responsabilité des plus riches. Oxfam soulignait en 2023 que les 1% les plus riches émettent autant de CO2 que deux tiers de l’humanité. Ces émissions démesurées vont causer 1,3 million de décès supplémentaires liés à la chaleur durant la décennie actuelle, soit l’équivalent de la population de Dublin. “Les ultra-riches pillent et polluent la planète au point de la détruire, et laissent l’humanité en proie aux chaleurs extrêmes, aux inondations et aux sécheresses”, résumait il y a un an Amitabh Behar, directeur général d’Oxfam International, “Depuis des années, nous luttons pour mettre fin à l’ère des combustibles fossiles et sauver des millions de vie, ainsi que notre planète. Il est plus que jamais clair que cet objectif n’est possible que si nous mettons également fin à l’ère de l’extrême richesse.” Ce système d’inégalités extrêmes porte un nom: le capitalisme.
Des grèves pour le climat à Code Rouge
Code Rouge est un mouvement de désobéissance civile soutenu par une dizaine d’organisations, groupes d’actions et associations. L’objectif des actions est d’occuper une infrastructure précise, comme une centrale de gaz en construction appartenant à Engie.
Code Rouge est certainement l’initiative la plus intéressante en Belgique depuis le mouvement des grèves pour le climat de 2019. Après les manifestations massives et les grèves lycéennes, le mouvement s’était estompé, faute de perspective. Il avait contribué à la politisation de larges couches de la population, particulièrement dans la jeunesse, mais il nourrissait aussi beaucoup d’illusions à l’égard de l’État capitaliste et de ses institutions.
Mais une couche de militant.e.s a cherché à privilégier des stratégies plus radicales. La stratégie des blocages de masses découle d’une compréhension que le responsable de la catastrophe climatique, c’est bel et bien le capitalisme, et particulièrement le capital fossile. L’année dernière, les activistes avaient réussi à faire en sorte qu’aucun jet privé ne sorte de l’aéroport d’Anvers, tandis qu’à Liège, les pertes du géant de la distribution Alibaba étaient estimées à 5 millions d’euros.
Affronter la répression
Alors que les actions contre TOTAL et Engie s’étaient plus ou moins bien déroulées, les actions contre le secteur de l’aviation ont révélé à tous les participant.e.s la véritable nature de l’État capitaliste. À Anvers, 750 activistes furent arrêtés, dont 50 judiciairement. À Liège, il y a eu 70 arrestations judiciaires. Partout, la répression policière était violente: doigts fracturés, bras cassés, et coups de matraque furent distribués à toutes celles et ceux qui avaient osé participer à l’action.
La meilleure manière de mettre en échec la répression policière, c’est la massification du mouvement, notamment par sa liaison avec les autres mouvements sociaux, et tout particulièrement le mouvement des travailleur.euse.s qui, par la grève, a le pouvoir potentiel de bloquer toute l’économie. Code Rouge pourrait d’ailleurs lancer des structures locales plus permanentes afin de donner un espace structuré au débat sur la stratégie et les méthodes d’action à défendre ensemble, dans le respect des spécificités de chacun.e.