Intelligence artificielle : le capitalisme n’est pas à la hauteur du potentiel technologique

La récente explosion du cours des actions d’entreprises telles que NVIDIA, stimulée par l’émergence d’applications d’intelligence artificielle (IA) comme ChatGPT, semble être le signe d’un progrès considérable. L’IA pourrait jouer un rôle crucial pour relever des défis sociétaux tels que l’éducation, la planification environnementale et économique, les soins de santé et la médecine. Mais le respect des limites du capitalisme conduit exactement à l’inverse: la logique de profit étouffe le potentiel technologique.

Par Michael Bouchez

L’IA au service de la société ou au service du profit ?

Les grandes entreprises technologiques telles que Microsoft, Google et NVIDIA dominent le marché de l’IA grâce à leur accès à des montagnes de capitaux et à leurs bases de données. Cette position dominante renforce également leur influence sur le développement du secteur et leur permet d’en déterminer les priorités.

La production capitaliste repose sur la maximalisation du profit et non sur les investissements qui visent au bien-être de la collectivité. De là découle le gâchis du gigantesque potentiel de l’IA pour augmenter la productivité et résoudre les problèmes sociaux. Les technologies qui pourraient alléger les charges de travail sont déployées pour réduire les coûts. Au lieu d’accroître la prospérité, l’automatisation entraîne des pertes d’emplois et des inégalités croissantes. Au lieu d’investir dans des applications d’IA qui favorisent la démocratie et la planification en identifiant les besoins de la société, la technologie est déployée pour renforcer les structures de pouvoir existantes et leur contrôle sur le monde.

Parallèlement, l’afflux massif de capitaux vers ces entreprises, avec l’attente de juteux retours sur investissements, alimente une bulle sur le marché boursier. En l’absence de marchés où l’investissement productif est encore rentable, cette croissance est principalement alimentée par l’investissement spéculatif.

Si cette croissance spéculative semble rentable à court terme, les fonds ne sont pas utilisés pour améliorer la production ou résoudre des problèmes sociétaux. Au contraire, les investissements se concentrent sur des applications qui génèrent des profits rapides, comme l’optimisation de la publicité, le comportement des consommateurs et l’exploitation des données, ou encore la surveillance et la répression.

Libérer la technologie du profit

Une critique souvent entendue, mais néanmoins erronée, de l’économie planifiée était qu’il serait impossible de connaître à l’avance les besoins de la société. Aujourd’hui, nous vivons dans une ère où nos besoins sont déterminés par des multinationales qui collectent et revendent nos données pour faire du fric. En retour, les besoins réels liés à la lutte contre la pauvreté, la faim, les catastrophes climatiques et la guerre sont considérés comme insolubles. Imaginez ce que le contrôle démocratique de technologies telles que l’IA, libéré de la nécessité de faire des profits, rendrait possible.

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