La coalition Arizona, probable futur gouvernement fédéral, compte bien intensifier la chasse aux chômeurs. Dans leurs beaux costumes taillés sur mesure, les politicien.ne.s de la classe dominante ont chargé leur fusil de chasse en claironnant lors de la campagne électorale qu’il fallait limiter le paiement des allocations de chômage à 2 ans. Objectif ? Botter le cul aux chômeur.euse.s pour les contraindre à accepter n’importe quel travail et à n’importe quel prix. Après les exclusions du chômage du gouvernement Di Rupo, la saison de la chasse est à nouveau ouverte. Cette fois-ci, la couleur du costume taillé sur mesure des chasseurs tourne plutôt au brun caca d’oie.
Par Maxime (Liège)
La supernote de Bart de Wever (N-VA) a donné le ton lorsque ses propositions ont fuité dans la presse: il est temps une fois de plus de s’attaquer aux personnes les plus précarisées. La proposition de cette note était de limiter le chômage dans le temps en augmentant les montants dans un premier temps, puis en mettant en place une dégressivité allant jusqu’à l’exclusion des allocations. Couic !
Si vous êtes de Wallonie, cette proposition doit vous rappeler quelque chose. Le Trump borain, Georges-Louis Bouchez, nous a assez rabattu les oreilles avec. La justification ? Augmenter la différence entre les revenus du travail et les allocations du chômage. Alors qu’il suffirait d’augmenter les salaires pour atteindre cet objectif ! Mais leur objectif est de rendre encore plus invivable la vie des plus précarisé.e.s : les chômeur.euse.s et les malades de longue durée.
Alors, ça fonctionne?
Comme nous le rappelions dans notre édition de juin 2024, cette mesure s’avère inefficace et constitue uniquement de la poudre aux yeux électorale.
À partir de 2006 a été mise en place le contrôle des demandeur.euse.s d’emplois. À la suite de quoi une étude a suivi pendant 15 ans des demandeur.euse.s d’emploi de moins de 50 ans. Le résultat est sans appel : le durcissement des conditions d’accès et du contrôle n’a eu aucun résultat positif. “La seule chose, c’est que les gens exclus du chômage se sont retrouvés dans une autre branche de la Sécu, essentiellement la branche invalidité. Ils n’étaient plus chômeurs, mais malades de longue durée”, expliquait ainsi Maxime Fontaine, spécialiste des finances publiques et de la sécurité sociale (ULB), dans les pages du magazine Moustique.
Ces propositions ne sont, une fois de plus, qu’un effet d’annonce sur une cible facile. Les salaires, en raison des tripotages de l’index, des sauts d’index et de la loi de 1996 sur la norme salariale, n’ont pas suivi l’augmentation réelle du coût de la vie. La recette est connue : les gens sont frustrés, car leur niveau de vie diminue de plus en plus à cause de l’inflation et de la flexibilisation des emplois, et ils cherchent un coupable.
La coalition Arizona ressort donc de vieilles ficelles pour précariser encore plus les plus précarisé.e.s : réclamer une hausse des salaires ne leur viendrait même pas à l’esprit !
Du Forem au CPAS
Une autre conséquence de cette mesure sera d’envoyer les demandeur.euse.s d’emploi de l’institution chargée du chômage (Forem, Actiris et VDAB) vers les CPAS des communes. La mesure augmenterait ainsi le nombre de bénéficiaires du RIS (Revenu d’Intégration Sociale) et ajouterait un poids financier important sur des communes déjà en difficulté. Heureusement, Bart a pensé à cela et propose de compenser cela par une augmentation du financement des CPAS de 200 millions d’euros. Sauf que comme le précise la FGTB, qui a analysé les effets probables de cette mesure, ce serait bien de 700 millions d’euros dont auraient besoin les CPAS pour répondre au nouvel afflux de bénéficiaires : verser les RIS, engager de nouveaux assistant.e.s sociaux.ales, absorber la demande….
La fin des tensions sur le marché du travail ?
Un autre constat vient également jouer en défaveur des demandeur.euse.s d’emploi : la demande est plus grande que l’offre sur notre marché de l’emploi. Au second trimestre 2024, ils étaient 284.000 à chercher un emploi en Belgique. Contre 278.520 offres d’emploi publiées par les agences d’aide à l’emploi (Forem, Actiris et VDAB).
En outre les offres d’emploi ne correspondent pas toujours aux profils des demandeur.euse.s d’emploi et il est souvent nécessaire de suivre des formations pour se réorienter. Comment réaliser ce changement de manière sereine avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ?
Résumons. Il s’agit d’une mesure inefficace pour obliger les gens à se remettre au travail sans tenir compte d’un marché de l’emploi où la demande dépasse l’offre et en faisant peser l’effort sur les communes belges sans leur fournir les moyens d’y faire face. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?
Le résultat sera de faire pression sur les salaires: le patronat, avec l’état actuel du marché du travail, dispose déjà de pas mal de moyens de pression pour engager un.e travailleur.euse à moindres frais. Cette limitation dans le temps accentuera ces moyens de pression et le chantage au travail incitera les gens à accepter des salaires moindres. D’une mesure voulant augmenter la différence entre salaire et chômage, ils n’accoucheront que d’une mesure diminuant les salaires. Heureusement que nous sommes dirigé.e.s par “l’élite” politique, sans quoi où irions-nous ?