Attention aux voleurs! L’Arizona veut nous faire les poches !

La propagande de droite dit que travailler devrait rapporter plus et qu’il devrait y avoir une différence d’au moins 500 $ par mois entre les allocations sociales et le travail. C’est déjà le cas.(1) L’objectif de cette propagande est de s’attaquer aux allocations sociales: avec la limitation des allocations de chômage à deux ans, la baisse du revenu d’intégration, la diminution des indemnités de maladie, l’accès plus difficile aux pensions minimales… et parallèlement, une préparation d’une offensive contre les salaires!

Hold-up sur les salaires

La super note ne propose pas de saut d’index, mais un bricolage du mécanisme qui en affaiblirait l’application. Par exemple, au nom des “objectifs climatiques”, elle propose de réduire le poids du prix des énergies fossiles comme le gaz dans le panier de référence de l’index. En 1994, l’index-santé a été mis en place comme mesure d’économie. Au nom de notre santé, le prix de certains produits nocifs pour la santé avait été retiré du calcul (y compris le tabac sur lequel des taxes de plus en plus élevées ont été introduites par la suite). Aujourd’hui, c’est l’argument du climat qui est utilisé dans le même objectif. Bien entendu, le document ne mentionne pas de mesures climatiques sérieuses en contrepartie. En outre, il négocie la possibilité d’éliminer partiellement l’indexation en cas d’inflation supérieure à 4%, en introduisant une augmentation plus aléatoire des salaires. Ce serait donc au moment où l’indexation serait la plus nécessaire qu’elle serait moins efficace.

L’accroissement de la flexibilité des travailleur.euse.s exercera une pression supplémentaire sur les salaires. Il est question d’augmenter les emplois flexibles, de permettre davantage de travail étudiant, de limiter la définition du “travail de nuit”, d’ouvrir les possibilités de travailler le dimanche et les jours fériés, d’abolir le nombre minimum d’heures de travail par jour, de développer les possibilités d’effectuer des heures supplémentaires sans que celles-ci soient rémunérées comme tel…

Pour faire passer tout cela, De Wever veut accroître les divisions sur le lieu de travail. Il est plus facile de briser les doigts un par un que de se retrouver face à un poing. Cette règle de base s’applique aussi à la lutte de classes. La note parle de négociation individuelle du salaire, de suppression progressive de la concertation sociale et d’introduction d’un actionnariat d’entreprise organisé entre quelques travailleur.euse.s. Dans ce dernier cas, un organe serait délibérément mis en place à côté de la représentation élue du personnel, et contre celle-ci.

La réduction du nombre de commissions paritaires, la diminution de la protection des délégués et de la personnalité juridique des syndicats complètent le tableau de cette offensive contre le pouvoir d’organisation de la classe travailleuse.

Pouvoir d’achat et pensions

Une augmentation de la TVA sur les produits de base de 6 à 9% est proposée pour remplacer les taux de 6 et 12%. Le taux de 12% s’applique aujourd’hui notamment aux repas préparés dans le secteur de l’hôtellerie et dans la restauration. Mais tout le monde ne s’y rend pas tous les jours. En revanche, le taux de 6% s’applique à la quasi-totalité des produits de base. Le taux de TVA ajusté devrait rapporter jusqu’à 2 milliards d’euros. Cet argent sort essentiellement des poches des moins nantis.

Il n’y a qu’à se servir sur les allocations sociales! Les chômeur.euse.s se retrouveraient avec un revenu d’intégration du CPAS non indexé au bout de deux ans, les malades sont traqués, l’enveloppe bien-être destinée à augmenter les allocations sociales serait largement supprimée et l’accès à une pension minimale restreint. Les personnes qui prendraient leur retraite avant l’âge légal de 67 ans recevraient une pension réduite (un « malus » qui augmenterait dans les années à venir). Les pensions plus élevées de la fonction publique seraient réduites. Dans tous ces cas, les femmes seraient particulièrement touchées.

Rien que sur les pensions, De Wever veut économiser 2 milliards d’euros! Au profit de qui ?

Au cours des six dernières années, la richesse créée par les travailleurs des plus grandes entreprises opérant en Belgique a augmenté de 45%. Au cours de la même période, les “dépenses” par salarié.e dans ces entreprises n’ont augmenté que de 13%. Une part croissante de la valeur que nous produisons est aspirée dans les bénéfices et distribuée aux actionnaires sous forme de dividendes. (1) Les gouvernements successifs ont multiplié les cadeaux aux grandes entreprises sous forme de réductions d’impôts en tous genres qui ont fait chuter d’un tiers la contribution patronale réelle à la sécurité sociale, passée de 34% en 1996 à 22 %. (2) On ne prête qu’aux riches, comme le dit le dicton.

Au cours des dix dernières années, la part des salaires dans le produit national brut est passée de plus de 51% à 48,5%. Cela signifie que sur l’ensemble de la valeur produite, une part plus faible est consacrée à nos salaires. Cela représente 16 milliards d’euros par an. De tels transferts de la classe travailleuse vers les capitalistes, voilà le projet des négociateurs de l’Arizona. A nous de les empêcher de nuire.

  1. Pour chaque tranche de 100 € de profits réalisés, les plus grandes entreprises actives en Belgique reversent 73 € à leurs actionnaires, oxfambelgique.be, 1er mai 2024.
  2. Chiffres du think tank Minerva sur X (Twitter), 11 septembre 2024


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