Nous étions nombreux.ses aux quatre coins du monde à nous rassembler ce samedi 28 septembre. A Bruxelles, nous avons été quelques centaines pour réagir face au rejet de la proposition de loi du PS pour étendre le délai à 18 semaines et dépénaliser totalement l’IVG par la commission de la Justice.
En 2019, cette proposition de loi a été abandonnée pour permettre la formation du gouvernement Vivaldi, face au blocage du CD&V. Aujourd’hui, la menace est plus forte avec la possible formation d’une coalition Arizona, comprenant la N-VA, le CD&V et les Engagés. La semaine dernière, pour éviter que le sujet ne soit une source de tensions entre ces partis de l’Arizona, les cinq formations politiques ont décidé de rejeter tous les textes à l’agenda du Parlement, sauf s’il y a consensus entre eux, « indépendamment de leur position sur le fond ».
Les conséquences de l’inertie gouvernementale pèsent sur les personnes pouvant être enceintes et sur les professionnel·les de santé. Chaque année, un demi-millier de personnes sont obligées de franchir nos frontières pour recourir à une IVG aux Pays-Bas. Le droit à l’avortement est une question cruciale pour la vie et la santé, qui se retrouve instrumentalisée par des partis politiques et des campagnes de désinformation. C’est un droit marqué de conquêtes sociales fragiles et de retour en arrière majeurs, comme en atteste le recul infligé par La Cour suprême des Etats-Unis en 2022).
Dans ce système capitaliste basé sur le profit et pas l’intérêt de la population, les intérêts des travailleur.euse.s passent en arrière plan et c’est le cas pour le droit essentiel à l’avortement. La lutte pour le droit à l’avortement doit être liée à la lutte pour une société basée sur nos besoins. Une lutte pour le socialisme.
L’accès à l’avortement n’est pas une lutte isolée. Elle est indissociable des luttes pour des moyens adéquats concernant la petite enfance et l’éducation.
La Campagne ROSA et le front féministe unitaire revendiquent :
- L’adoption et le renforcement de la proposition de loi de 2019 : l’extension du délai d’accès à 18 semaines minimum, la suppression du délai de réflexion et la dépénalisation totale de l’IVG !
- La couverture garantie de l’avortement par l’aide médicale urgente (AMU) pour les personnes ne bénéficiant pas d’une mutuelle !
- Le financement des centres pratiquant l’avortement à hauteur des besoins en personnel, matériel et formation !
- Luttons pour garantir que chaque personne puisse décider de son avenir et disposer de son corps sans entrave ni honte.
Signataires de l’appel :
- Collecti.e.f 8 maars – Bruxelles
- Féministes anticapitalistes
- Gacehpa
- Garance ASBL
- Réseau ADES
- Planning familial de Saint-Josse
- La Trace
- La Mutinerie montoise
- L’ilot ASBL
- Collages féministes Bruxelles
- Sofélia
- Genres pluriels ASBL
- Collecti.e.f 8 mars national
- Vie Féminine
- MOC
- Comité Femmes Éliane Vogel-Polsky (FGTB Bruxelles)
- Xeno- ASBL
- Free Clinic ASBL
- Campagne ROSA
En Belgique… Il faut toujours se battre pour le droit à l’avortement
L’avortement est un droit en Belgique, mais ce droit est aujourd’hui menacé par des pressions conservatrices croissantes. La loi actuelle autorise l’avortement jusqu’à 12 semaines après la conception, avec un délai de réflexion obligatoire de 6 jours après la première consultation. Cependant, chaque année, plus de 350 personnes dépassant ce délai sont contraintes de se rendre aux Pays-Bas pour une interruption volontaire de grossesse (IVG), avec des coûts atteignant 1.200 euros, sans compter les frais de voyage et de logement. Comme le rappelle Jihan Seniora, coordinatrice de la Fédération des Centres de Planning familial solidaires Sofelia : « Toutes les femmes ne sont donc pas égales face à cette alternative. »
Par Ophélie (Bruxelles), article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
En 2019, une proposition de loi pour étendre le délai à 18 semaines et dépénaliser totalement l’IVG a été abandonnée pour permettre la formation du gouvernement Vivaldi, face au blocage du CD&V. Aujourd’hui, la menace est plus forte avec la possible formation d’une coalition Arizona, qui pourrait entraîner de nouveaux blocages sur la question de l’IVG. À l’automne 2024, une proposition de loi sur l’IVG sera débattue en urgence au Parlement, mais les cinq partis de la future coalition n’ont montré aucune ligne commune sur le sujet. Les Engagés (ex-CdH) s’y opposent fermement.
Le droit à l’avortement est un objet de marchandage politique, utilisé par certains partis pour des gains électoraux. Mais ce n’est pas une question de chiffres ou de délais : il s’agit d’une question de vie et de santé. Le manque d’accès à un accompagnement médical et légal d’un avortement conduit beaucoup de personnes à se rabattre sur des options dangereuses, voire mortelles. Le blocage politique empêche toute avancée.
Aux États-Unis, une première femme décède à cause des restrictions de l’IVG
Les récents événements aux États-Unis montrent à quel point les droits reproductifs représentent des conquêtes sociales fragiles. Amber Thurman, une jeune femme de 28 ans, avait été contrainte de se rendre dans un État voisin pour prendre une pilule abortive et n’a pu être soignée à la suite des complications que cette IVG a entraînées. Ce décès tragique illustre les conséquences dévastatrices d’un accès limité aux soins. Il montre aussi que les luttes pour les droits reproductifs ne se limitent pas à notre pays. Elles sont globales.
Les répercussions de la décision rétrograde de la Cour Suprême des États-Unis ont largement dépassé le cadre du pays. En Afrique, plus de 20 pays ont assoupli les restrictions sur l’avortement ces dernières années, mais malgré la légalité accrue de l’opération dans des pays comme le Ghana, le Congo, l’Éthiopie ou encore le Mozambique, le personnel médical craint de pratiquer ouvertement des avortements en raison des groupes anti-avortement. Leur hostilité a été considérablement enhardie depuis la décision de la Cour suprême des États-Unis.
Mon corps mon choix
Unissons-nous pour exiger un accès libre et sans restriction à l’avortement ! Ce combat est indissociable de celui pour des moyens adéquats concernant la petite enfance et l’éducation. La situation financière reste une raison majeure qui pousse à opter pour un avortement. Nous voulons un réel choix: un choix où avoir des enfants ne signifie pas sacrifier sa sécurité financière et où le recours à l’avortement n’est pas stigmatisé.
Le droit à l’avortement ne doit pas être menacé par des manœuvres politiques ou des campagnes de désinformation. Une récente étude du Center for Countering Digital Hate révèle que des plateformes comme Facebook et Instagram sont inondées de publicités anti-avortement. Entre 2019 et 2024, rien qu’au Ghana et au Mexique, 187 publicités de ce type ont été vues près de 9 millions de fois.
Ce combat se mène d’abord dans la rue. À l’occasion de la Journée internationale pour un avortement sans risque, le 28 septembre, exigeons l’extension du délai légal à 18 semaines en Belgique et un accès libre à l’avortement ! L’accès à l’avortement n’est pas une lutte isolée. Ensemble, luttons pour garantir que chaque personne puisse décider de son avenir et disposer de son corps sans entraves ni honte.