La lutte contre l’extrême droite avait été définie comme un fil rouge de notre activité l’an dernier à l’issue de discussions sur les perspectives. Ce fut, au côté des actions de solidarité avec les masses palestiniennes, une des luttes les plus dynamiques de l’année académique écoulée. Dès la rentrée, nous avons amené le sujet partout où on allait, à commencer par des meetings de rentrée d’EGA et de la Campagne ROSA où, à Bruxelles et Liège, nous avions invité des antifascistes flamands à venir partager leurs expériences.
Par Clément T. (Liège), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
“Contre le fascisme et la misère, c’est la lutte sociale qui est nécessaire !”
Nos camarades dans toute la Belgique se sont investi.es sur leurs lieux de vie, leurs lieux de travail, mais aussi par des fronts larges et des plateformes dans leurs villes ou encore dans le syndicat. Ensuite, à l’échelle nationale, il y a eu la fondation en février de la Coordination Antifasciste de Belgique, dans laquelle nous nous sommes investi.e.s avec enthousiasme, en participant au débat sur le contenu politique de l’initiative, mais aussi en consacrant des ressources et forces militantes essentielles pour mener à bien les projets de la CAB: concevoir et coller les affiches, rédiger et distribuer les tracts, écrire les appels de mobilisations, les mails, gérer la logistique et l’administration des assemblées, etc.
Autour de cette campagne antifasciste, en Wallonie, nous avons, au côté d’autres activistes antifascistes, poursuivi le parti Chez Nous partout où il essayait de grandir : Liège, Mons, Charleroi, Namur, Huy. À l’unif, dans les bars, dans les rues, sur les marchés et jusqu’à leur siège de parti.
En Flandre, nous avons été parmi les moteurs principaux de la lutte contre l’extrême-droite. D’abord au congrès socio-économique du Vlaams Belang, contre lequel un groupe de syndicalistes avait initié une mobilisation à Alost, puis à leur congrès sur l’immigration, où nos camarades de ROSA et EGA tenaient le bloc le plus large et dynamique de la marche à Gand. Ensuite évidemment, nous avons été au premier plan dans la lutte contre le NSV (Nationalistische Studentenvereniging, association des étudiants nationalistes, organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) par une mobilisation à Louvain qui a entraîné une sanction historique dans la ville, puis par notre travail dans une plateforme anversoise aux côtés de la FGTB et de camarades anarchistes menant à une manifestation plus large où, une fois encore, nous avions un bloc dynamique qui représentait toute la diversité de la jeunesse autour de messages politiques contre l’extrême droite, la casse sociale néolibérale et toutes les formes d’oppression.
À Bruxelles, suite l’appel en ligne de la CAB, et suite à une mobilisation sur le terrain, nous avons forcé un meeting international d’extrême droite (la NatCon) à déplacer par deux fois sa conférence en une semaine, puis à se réfugier auprès du Conseil d’État. Ensuite, les 11 et 16 juin, en réponse aux résultats électoraux, des milliers de personnes ont manifesté contre la droite et l’extrême-droite, à nouveau à l’appel de la CAB. Sans tout cela, le paysage antifasciste en Belgique ne serait décidément pas ce qu’il est.
“Siamo tutti antifascisti !”
En mai, juin et août, nous avons mené notre campagne “Pride is a protest” en défense des droits LGBTQIA+ avec, cette année, un accent particulièrement antifasciste qui s’imposait tout naturellement au vu des attaques de la droite conservatrice et de l’extrême droite sur cette question. Plus tôt dans l’année, fin septembre, la Campagne ROSA avait aussi été le seul collectif à organiser, à Liège, un petit rassemblement contre les incendies et actes de vandalismes sur des écoles contre les cours d’EVRAS (Education à la vie relationnelle, affective et sexuelle). Fin mars, nous avons organisé dans toute la Belgique une tournée pour mettre en valeur l’internationalisme dans le combat antifasciste et féministe-socialiste en invitant une camarade brésilienne à venir parler du combat contre Bolsonrao et l’extrême droite brésilienne.
Ce qui est selon nous essentiel, c’est la structuration du mouvement de façon démocratique et sa politisation. Politiser, nous l’avons fait en amenant systématiquement dans le mouvement un contenu social, anticapitaliste, antiraciste, féministe et Queer. On l’a aussi fait en mettant en avant une stratégie qui prend le problème à sa racine, avec une analyse du système, de ses agents et outils, puis en proposant une méthode à la hauteur de nos objectifs. Cela s’est d’autant plus vu dans notre travail de plateforme, où ce n’était nécessairement acquis et où, sans ça, certaines initiatives auraient été impossibles.
“Ce n’est qu’un début, continuons le combat !”
L’avenir immédiat sera déterminé par l’opposition aux projets antisociaux des gouvernements de droite, au fédéral et dans les régions. Cinq ans de tentative de casse sociale. Cinq ans de punition collective face à la faillite du capitalisme. S’y opposer fait partie intégrante du combat antifasciste, pour défendre où personne n’est laissé sur le bord de chemin et où personne ne se trompe de colère. Un axe majeur de mobilisation se trouve dans les mains des organisations syndicales. Elles ont le potentiel de mobiliser les travailleur.euses en un bloc d’opposition et de contre-attaque puissant, y compris sur le terrain antifasciste.