France. Solidarité et justice pour Gisèle

« Je parle pour toutes ces femmes qui sont droguées et qui ne le savent pas, je le fais au nom de toutes ces femmes qui ne le sauront peut-être jamais (…), pour que plus aucune femme n’ait à subir la soumission chimique ». Ce sont les mots de Gisèle, 72 ans, qui a renoncé à son droit d’anonymat pour que les noms des accusés soient rendus publics lors du procès de 51 des 80 hommes qui l’ont violée en réunions, alors qu’elle était inconsciente, droguée par Dominique Pélicot (son mari à l’époque), lui aussi poursuivi pour viol.

Tract de la Campagne ROSA – France

ROSA – mouvement féministe socialiste international adresse sa solidarité la plus sincère à Gisèle, à ses enfants et à ses proches dont la vie a été bouleversée par la violence de genre la plus cruelle et la plus odieuse qui soit.

Toute victime de violence liée au genre le sait : avoir le courage de dénoncer son agresseur.euse et de faire face à un système intrinsèquement hostile aux survivant.e.s peut être suffisamment traumatisant — c’est sans parler de l’affronter devant un tribunal pour revivre plusieurs fois la violence qui vous a été imposée par des dizaines d’hommes violents que vous connaissiez, que vous saluiez dans les magasins ou à qui vous souriiez dans la rue.

Des ‘hommes monstrueux’? Non, une réalité systémique monstrueuse

Les agresseurs de Gisèle étaient des hommes âgés de 26 à 71 ans – journaliste, pompier, gardien de prison, infirmier, chef de chantier, informaticien, conseiller municipal; mariés, parfois célibataires, souvent pères de famille. Il ne s’agit pas de quelques pommes pourries qui se sont trouvées par hasard, mais d’un reflet de la banalité écœurante des viols, de la violence sexuelle, et de la misogynie extrême qui règnent dans la société.

Si Dominique Pélicot est d’une infamie inouïe, la diabolisation d’un seul acteur odieux comme s’il était une aberration ne suffit pas. Des dizaines d’hommes d’une petite ville, de plusieurs générations, de tous les milieux, de nombreux hommes « respectables » de la communauté ont tous participé aux viols. Il s’agit d’une métaphore de ce qu’il se passe dans toutes les affaires de viol — lorsque l’auteur des actes est félicité d’être un « jeune homme prometteur », un bon travailleur, populaire, affable, etc.

Cette affaire met en lumière de manière irréfutable la culture qui normalise et encourage la violence des hommes à l’égard des femmes:

  • d’après l’organisation Nous Toutes, 9 femmes sur 10 ont déjà fait l’expérience d’une pression pour avoir un rapport sexuel
  • 91% des agresseurs sont des proches de la victime.

Le fait que 9 femmes sur 10 connaissent leurs agresseurs contre clairement les mensonges racistes et islamophobes d’extrême droite qui argumentent que la montée des violences de genre est causée par l’immigration. Les violences de genre n’ont rien à voir avec l’ethnicité de l’agresseur et tout à voir avec la misogynie rampante nécessaire au système capitaliste.

Ce sont d’ailleurs les discours d’extrême droite soutenus par le gouvernement Macron qui continuent à normaliser et à alimenter la violence et les situations dangereuses pour toutes les personnes opprimées. Que ce soit les paroles misogynes, transphobes et racistes des politiques réactionnaires, le soutien de Macron et des membres de son gouvernement à Depardieu, Darmanin et autres accusés d’agressions sexuelles, ou bien les lois racistes contre l’immigration et l’abaya, la normalisation des violences oppressives cause la perte de vies tous les jours — comme le meurtre policier de Nahel l’an dernier, d’un sans-abri Algérien pendant les élections ou de travailleur.euse.s du sexes
cis et trans…

Ce système profondément misogyne a non seulement permis que les violences subies par Gisèle se produisent, mais il a également permis qu’elles continuent pendant plus d’une décennie et que les accusés continuent à nier avoir commis des viols.

Alors que personne n’a jamais signalé l’annonce en ligne de Dominique au cours des dix années où Gisèle a subit des centaines de viols, la police avait surpris Dominique en train de filmer sous la jupe d’une femme un an avant qu’il ne commence à abuser de Gisèle. La police n’a jamais prévenu Gisèle et s’est contentée d’infliger à Dominique une amende de 100 euros, avant de le surprendre à nouveau en train de filmer sous la jupe d’une autre femme en 2020 – l’incident qui a finalement permis à Gisèle de connaître la vérité.

Pour une lutte antiraciste, féministe et LGBTQIA+ révolutionnaire en France et à l’international

Alors qu’un procès de quatre mois démarre, nous adressons notre soutien et notre gratitude la plus chaleureuse à Gisèle. Et nous nous engageons, le 25 novembre (journée internationale contre les violences de genre) à suivre à notre petite échelle son incroyable bravoure, en nous mobilisant à travers le monde pour continuer à construire la lutte féministe socialiste plus urgente que jamais – pour Gisèle, oui, mais aussi pour toutes les victimes de violences de genre dans le monde entier.

Les 40 000 euros récoltés en une nuit sur l’une des nombreuses collectes de fonds organisées pour Gisèle, les milliers de messages de soutien qu’elle a reçus du monde entier, témoignent du fait que, de l’Argentine à la France, en passant par le Kenya, l’Iran, la Palestine, l’Inde et partout ailleurs, la colère est immense contre la violence de genre qui est répandue et approuvée par la culture prédominante dans notre société — nous ne pouvons pas accepter cette violence, nous ne l’accepterons pas, et nous sortirons ensemble dans les rues en solidarité pour dire: c’en est fini!

  • Dès maintenant, ainsi que le 25 novembre, assurons-nous que la bravoure de Gisèle n’ait pas été en vain. Contre le poison de l’extrême droite — construisons un mouvement antiraciste, féministe, queer et révolutionnaire ;
  • Stop à la misogynie dans les tribunaux! Exigeons justice pour tous.tes les survivant.e.s ;
  • Exigeons la fin de la violence des hommes envers les femmes et les personnes queers et défions les attitudes misogynes, queerphobes et racistes dans nos rues, nos écoles, lieux de travail et communautés ;
  • Exigeons aux syndicats de travailleur.euse.s et étudiant.e.s qui ont appelé à la mobilisation et grève du 1er octobre autour du budget et de la réforme des retraites, d’intégrer des revendications contre l’oppression, contre le coup de force de Macron et son gouvernement misogyne, transphobe et raciste. Entre autres, soutenons l’appel de Nous Toutes pour un budget minimal de 2,6 milliards d’euros pour la lutte contre les violences de genre et l’adoption de politiques publiques adaptées ;
  • Organisons-nous pour mettre fin au système capitaliste qui normalise et nourrit les oppressions de genre au détriment de millions de nos vies.
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Première page de Lutte Socialiste

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