Le secteur automobile veut rejeter la responsabilité de la crise de surproduction sur la collectivité

Cette année, le secteur automobile mondial produira environ 13 millions de voitures électriques. Or, la demande est beaucoup plus faible : 9,3 millions. Cette surproduction devrait encore s’accroître dans les années à venir, avec des millions de voitures invendues. En Chine notamment, la capacité de production dépasse largement la demande intérieure.

Cela conduit à des discussions sur le protectionnisme et les droits d’importation sur les véhicules électriques chinois. De leur côté, les constructeurs automobiles européens ne veulent pas perdre l’accès au marché chinois. L’industrie fait pression sur l’Union européenne et les gouvernements européens, en réclamant principalement des subventions afin d’étendre le marché des voitures électriques et de favoriser les constructeurs automobiles européens.

À partir de 2035, aucune voiture à moteur à combustion ne pourra être vendue dans l’UE. Toutefois, certains constructeurs automobiles, comme Mercedes, réduisent leurs investissements dans les véhicules électriques par rapport aux investissements dans les moteurs à combustion. La part des véhicules électriques augmente dans les ventes, mais pas suffisamment pour se débarrasser efficacement des combustibles fossiles d’ici 2035.

De nombreux ménages sont prêts à faire des efforts pour le climat. Cependant, le prix des voitures électriques et l’approvisionnement pour les recharger restent des obstacles majeurs. Pour rendre le prix plus attractif, les grandes entreprises se tournent vers la collectivité. L’argument de la part importante des subventions de l’État chinois est utilisé pour faire payer autant au nom de la “concurrence loyale”. Les fonds publics destinés aux soins de santé, à l’enseignement ou à la protection sociale devraient diminuer, à en croire les patrons. Mais dès qu’il s’agit d’alimenter leurs propres machines à profit, soudainement, ils regardent d’un bon œil les interventions d’État.

Avec la crise du pouvoir d’achat et l’impact des turbulences économiques croissantes, les ventes de voitures ont chuté. En Chine, les ventes de Volkswagen ont chuté de 19 % au deuxième trimestre 2024. Pour BMW, la diminution est de 4,7 %, ce que la société a attribué à une concurrence accrue et à une demande des consommateurs qui s’essouffle. En Europe, les ventes sont encore inférieures à ce qu’elles étaient avant la pandémie. Cette situation pèse sur le secteur. Mercedes-Benz a réalisé 19 % de bénéfices en moins au premier semestre et a enregistré une baisse de 3,7 % de ses ventes mondiales. Sur le marché du refroidissement automobile, la chute brutale de la demande de voitures électriques est particulièrement frappante. Stellantis, multinationale issue de la fusion en 2021 de PSA (Peugeot, Citroën) et Fiat Chrysler, a vu ses bénéfices diminuer de moitié au premier semestre. Audi a enregistré 1,1 milliard d’euros de bénéfices en moins au premier semestre.

Dans ce contexte, une solution pour Audi Brussels basée sur le transfert de la production des modèles semble peu probable. En suivant ce scénario, on file droit au plan social et aux indemnités de licenciement. Certains peuvent trouver cela attractif, mais cela signifie concrètement une nouvelle hémorragie d’emplois décents dans l’industrie. La fermeture totale du site à Bruxelles aurait également des conséquences évidentes pour une série de sous-traitants, dont le personnel ne bénéficiera pas des mêmes indemnités de licenciement.

Le point de départ de notre lutte doit être la préservation de tous les emplois. Si Audi et le groupe Volkswagen ne sont pas prêts à utiliser la capacité de production disponible, la collectivité ferait mieux de prendre les choses en main. Les patrons n’hésitent pas à sacrifier nos emplois et notre avenir pour sauvegarder leurs marges de profits. Les partis traditionnels ne vont pas plus loin que d’offrir davantage de soutien public pour maintenir les profits. Nos besoins de mobilité n’en bénéficient pas. L’importance de la mobilité et le contexte des défis climatiques font qu’il vaut mieux ne pas laisser ce secteur aux mains des vautours du marché privé.

Mobilisation générale pour la manifestation du 16 septembre !

Le 16 septembre, une manifestation nationale de solidarité avec le personnel d’Audi Brussels aura lieu. C’est une excellente occasion d’organiser la solidarité la plus large possible avec l’ensemble du mouvement ouvrier et au-delà.

Nous pouvons renforcer cette mobilisation en amenant la discussion sur chaque lieu de travail afin d’entraîner le plus grand nombre possible de collègues avec nous.

Une manifestation forte peut être un tremplin pour un plan d’action visant à organiser au maximum le personnel d’Audi et les sous-traitants en lien avec un large mouvement de solidarité.

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