Les émeutes racistes qui ont eu lieu cet été en Grande-Bretagne ont une fois de plus montré le danger que représente l’extrême droite. Après un terrible incident à Southport au cours duquel trois enfants ont été tués, des émeutes ont éclaté dans de nombreuses villes britanniques, déclenchées par des militants d’extrême droite et des hooligans. Tommy Robinson, condamné pour harcèlement et fraude, a fait figure de précurseur avec sa Ligue de défense anglaise (English Defence League), rassemblant jusqu’à 30.000 personnes dans les rues de Londres le 27 juillet.
Cette évolution coïncide avec la montée en puissance d’une extrême droite qui prône de plus en plus ouvertement des politiques brutales et violentes. Au début de cette année, des manifestations ont eu lieu en Allemagne contre les plans de déportation massifs défendus par le parti d’extrême droite AFD. Depuis lors, Donald Trump a placé au centre de sa campagne électorale la déportation de migrant.e.s.
Plus près de nous, la milice officieuse du Vlaams Belang prévoit une manifestation en faveur de la “re-migration” (lire : les déportations) et contre le “grand remplacement” ce 21 septembre. Le groupe en question, le Voorpost, veut soutenir la campagne de Filip Dewinter comme tête de liste à Anvers. En juin dernier, Dewinter n’a obtenu que 2.500 voix de préférence dans la circonscription électorale d’Anvers, ancien bastion de l’extrême droite flamande. Le Vlaams Belang veut investir 100.000 euros de plus dans cette campagne pour sauver la peau de la vieille figure de proue néofasciste. Le Voorpost apporte sa contribution particulière avec une marche de la haine. Les membres de ce groupe avaient des étoiles plein leurs yeux en regardant les émeutes britanniques et ils espèrent semer chez nous les graines de cette explosion de violence raciste.
Ce scénario n’est hélas pas absurde. Il suffit de regarder le fléau de l’influence de l’extrême droite parmi les supporters de football. Des dizaines d’ultras des North Fanatics ont été expulsés du Club de Bruges après avoir effectué des gestes néo-nazis derrière une bannière portant le slogan “FCK antifa” et auprès d’un drapeau flamand.
L’extrême droite se sent confiante, y compris en son sein les groupes plus violents. Là où l’extrême droite est au pouvoir, la répression est intensifiée. La Ministre de l’Asile et de la Migration des Pays-Bas, Marjolein Faber (PVV), a refusé d’intervenir contre l’expulsion d’un petit garçon arménien de 11 ans né aux Pays-Bas. Geert Wilders s’est réjoui : “Enfin une ministre qui a le dos droit”. La précarisation de l’existence, les factures impayables ou encore l’effondrement des services publics ne sont pas des préoccupations majeures pour l’extrême droite. Son “trophée”, c’est l’expulsion d’enfants !
Les élections communales du 13 octobre risquent de souligner à nouveau le danger que représente l’extrême droite en Belgique. Avec Forza Ninove de Guy D’haeseleer, le Vlaams Belang espère obtenir la majorité absolue. Ailleurs, le cordon sanitaire risque d’être mis à mal. Du côté francophone, le MR poursuit sur sa lancée populiste et attire également des sympathisants d’extrême droite après sa victoire en juin. À Mons, sa liste comprend un ancien candidat du Parti Populaire tandis qu’à Liège, la tête de liste de “Chez Nous” en juin dernier a cherché à s’affilier au MR. Même si cette adhésion a été rejetée, cela révèle à quel point l’extrême droite lorgne vers le MR.
La situation est-elle désespérée ? Bien sûr que non ! Les manifestations antiracistes en Grande-Bretagne au lendemain des émeutes furent immenses. Le soutien de l’opinion publique à la violence est limité; le nombre d’émeutiers était relativement faible. Les 30.000 manifestants d’extrême droite à Londres ne représentaient qu’une portion des marches de solidarité avec Gaza, par exemple. Mais cela n’en reste pas moins un sérieux avertissement. Nous devons intensifier le combat antifasciste, non pas en courant après l’establishment capitaliste et les responsables des politiques antisociales, mais en nous organisant pour un véritable changement avec des services publics accessibles, des logements abordables, des salaires et allocations sociales décents et une détermination à aller chercher l’argent là où il se trouve : chez les super-riches qui s’enrichissent en exploitant notre travail. Ces super-riches s’engagent de plus en plus ouvertement aujourd’hui, à l’image d’Elon Musk qui s’est rallié à Donald Trump. Encourager et alimenter les divisions et la haine de l’autre au sein de la classe travailleuse et des personnes opprimées convient parfaitement aux élites capitalistes.
Le PSL participe avec enthousiasme à la Coordination antifasciste de Belgique (CAB) au côté d’autres organisations et prend également ses propres initiatives. Nous combattons la division semée par la classe dominante par l’unité d’action autour d’un programme reposant sur la solidarité, qui combat le manque de moyens et les tensions sociales qui en découlent en visant à prendre possession de la machine à profit des capitalistes.
21 septembre : Manifestation antifasciste à Anvers contre une manifestation de Voorpost (le service d’ordre du Vlaams Belang), 14h, De Coninckplein.