Élections 2014. L’instabilité politique demeure. La lutte contre la politique d’austérité devra se mener dans la rue.

La crise économique et la réponse austéritaire qui a suivi sur tout le continent ont amplifié la perte d’autorité de l’Union européenne et des partis établis. Les résultats des élections européennes en ont été une illustration, avec une participation qui reste très faible (43%) et un score solide pour un large éventail de partis eurosceptiques. Dans les pays où l’opposition à la politique d’austérité a conduit à une lutte organisée – essentiellement dans le Sud de l’Europe – les forces de gauche ont progressé (notamment Syriza en Grèce, le PCP au Portugal, Izquierda Unida et Podemos en Espagne mais aussi la ‘liste Tsipras’ en Italie). Ailleurs, le mécontentement s’est exprimé de façon plus négative avec d’importants résultats pour, entre autres, le FN (France), l’UKIP (Grande-Bretagne), le Parti populaire danois,…

Analyse des résultats par le Bureau Exécutif du PSL

La polarisation croissante sous pression de la crise s’exprime aussi chez les partis traditionnels. Dans notre pays, cela mène à une discussion sur le modèle d’économies structurelles à exécuter. Dans ses dernières interviews, Jean-Luc Dehaene déclarait que les prochains gouvernements devaient profiter de l’ ‘opportunité’ de quelques années sans élections pour couper sévèrement dans les conquêtes sociales. Il n’est pas question d’économies à la râpe à fromage, mais plutôt à l’aide d’un couteau à désosser. Au cours de la campagne électorale, différents rythmes d’austérité ont été proposés. Ces options restent maintenues après les élections et une seule chose est claire : l’austérité frappera à tous les niveaux, et il faudra s’y opposer.

Une réalité économique mise de côté

Le contexte de la crise économique a été étouffé dans la campagne électorale. La plupart des communiqués parlaient de redressement économique et l’arrivée du bout du tunnel était évoquée. Dans ce cadre, une politique d’austérité renforcerait ‘‘notre’’ position concurrentielle et consoliderait la reprise. Peu était dit sur le fait que cette ‘‘reprise’’ ne bénéficie qu’aux plus riches.

Les entreprises du Bel20 ont réalisé – à l’exception de GDF Suez qui a fait passer dans ses comptes une dépréciation aboutissant à une perte de 9,7 milliards d’euros – 15,5 milliards d’euros de bénéfices en 2013. De cette somme, 10 milliards d’euros ont été reversés en dividendes aux actionnaires tandis que les dirigeants ont gagné 8,6% de plus qu’en 2012, les présidents d’entreprises du Bel 20 gagnant en moyenne 282.892 euros. Le 1% des plus riches dans notre pays empoche 12,63% de toutes les richesses nettes (la valeur commune de toutes les composantes du patrimoine mobilier et immobilier moins les dettes en souffrance) soit autant que les 53% les plus pauvres. Les 5% les plus riches possèdent autant que les 75% les plus pauvres.

Il ressort d’un sondage qu’il est admis que les 20% les plus pauvres détiennent 7,7% du patrimoine et que les 20% les plus riches en détiennent 40,6%. En réalité, il s’agit de 0,17% et de 61,2%. Le fossé entre pauvres et riches est bien plus important que généralement admis : les super riches sont bien plus riches, ceux qui éprouvent des difficultés à joindre les deux bouts bien plus nombreux. Un Belge sur sept est sous le seuil de pauvreté tandis que sur une période de quatre ans, près de 30 % des Belges ont connu la pauvreté. 20% des pensionnés ont un revenu sous le seuil de pauvreté, 40% des handicapés bénéficiant d’une aide financière vivent sous le seuil de pauvreté,…

Chaque régression économique tire les conditions de vie de la majorité de la population vers le bas. Le risque d’un nouvel effondrement économique est réel, la propagande sur la reprise ne peut cacher que les facteurs compliquant sont nombreux parmi lesquels le manque d’investissements, le ralentissement des pays dits émergents et les dangers consécutifs aux tensions, entre autres, autour de l’Ukraine, qui peuvent mettre sous pression les prix de l’énergie. A temps de désespoir économique, propagande désespérée.

Les partis traditionnels se maintiennent difficilement

Cette propagande désespérée a un impact, mais son effet se réduit. C’est ce que montrent ces dernières élections. Après une dernière semaine de campagne qui a vu une énorme offensive contre la N-VA, ce parti a fini par concrétiser le tsunami prévu. Avec 32%, la N-VA atteint un score plus important que dans les derniers sondages et les résultats des élections communales sont égalés (même s’il y a eu, par ci par là, un recul limité, comme dans la ville d’Anvers où, de 37%, De Wever et Homans sont retombés à 34% et 32% pour les élections régionales et fédérales). La campagne anti-N-VA a eu partiellement un effet contraire. C’est une indication du dépérissement de l’autorité des familles politiques traditionnelles.

Du côté flamand, les chrétiens-démocrates, les libéraux et les sociaux-démocrates obtiennent ensemble 48%. 2010 était la première année où ils avait avaient ensemble moins de 50% et, en comparaison, ils se maintiennent, ce qui constitue pour eux une grande victoire. Mais cette stabilisation a lieu à un point historiquement bas. A eux trois, ils obtiennent de justesse une majorité au parlement flamand (64 sièges sur 124) et dans la représentation néerlandophone à la Chambre (45 sièges sur 87). Du côté francophone, les trois familles politiques traditionnelles obtiennent 70% des voix mais même ici, il y a une baisse. Avec l’arrivée d’élus du FDF, du PTB et du PP, le fractionnement de la carte politique s’accroit là aussi.

La perte du PS est plus limitée que ce qui était évoqué avant les élections. Cette perte – à Bruxelles, léger gain et pour le parlement wallon, gain d’un siège malgré un léger recul – ne résulte aucunement d’une politique de gauche. Après 25 ans de participation gouvernementale, la pauvreté a augmenté et il y a plus de chômeurs. Le 1% des plus riches a progressé, la large majorité de la population a régressé. Avec le PS aux commandes du gouvernement, il n’était plus possible de se cacher derrière l’argument selon lequel tout était de la faute à la “Flandre de droite”. La menace d’un gouvernement dirigé par la N-VA a été le seul argument grâce auquel le PS a pu se maintenir. La propagande de la N-VA quant au choix entre un modèle PS et un modèle N-VA a servi le PS. Le souvenir de la crise politique de 2010 et l’image d’une Belgique sortie relativement intacte de la crise économique ont également joué un rôle dans le renforcement des partis traditionnels.

Instabilité des alternatives

Les résultats sont moins prévisibles et il y a parfois de particulièrement grands glissements avec de nouveaux partis qui connaissent une croissance puis un déclin rapides. Il y a dix ans, lors des élections régionales de 2004, le Vlaams Belang a connu son apogée avec 24,15%. Aujourd’hui, il obtient encore à peine trois sièges à la Chambre (2 à Anvers et 1 en Flandre Orientale). La liste Dedecker a complètement coulé alors qu’en 2008, elle bénéficiait encore de 15% dans les sondages.

La N-VA fait partie de cette liste jusqu’à un certain point, sans être contaminée par le caractère néofasciste du VB ou l’égo-aventurisme de Dedecker, même s’il y a des éléments de ce type à la marge. Ce que ces formations ont en commun, c’est qu’elles jouent sur un large mécontentement. Même au niveau européen, cela s’est exprimé dans les hauts scores pour les forces d’extrême-droite et de droite populiste.

Sur base d’une lutte collective, la conscience de classes s’aiguisera et l’espace pour une réelle alternative sous forme d’un large parti des travailleurs avec un programme socialiste augmentera. Entre-temps, nous devons en finir avec un large spectre de formations populistes de tout crin qui, pendant un certain temps, peuvent prendre le dessus avec leurs « solutions » individuelles ou une image prétendument « anti-establishment ».

Compte tenu de ce contexte, un retour du Vlaams Belang ou d’une formation similaire n’est pas exclu. Dans la forme actuelle, c’est peut-être difficile, le parti recule à trois sièges à la Chambre, six élus flamands, un bruxellois et tout juste un siège à l’Europe. Plus de la moitié du personnel du parti doit être mis à la porte. Dans son bastion d’Anvers, le Vlaams Belang obtient encore 7% et doit laisser passer six autres partis à la Chambre et cinq au parlement flamand avant lui. Dewinter, surtout, a fait beaucoup de provocations au cours de la campagne pour tenter d’encore être au centre de l’attention. Il est cependant faux de penser que nier ces provocations racistes suffira à les faire disparaitre. On peut considérer comme un avertissement le fait que trois néonazis grecs soient élus au Parlement européen. Au plus Dewinter réussit à faire des provocations, au plus loin lui et ses troupes iront.

Même du côté francophone, il ressort qu’il y a un espace pour l’extrême-droite. Le Parti Populaire de Modrikamen, parti populiste de droite, a obtenu un élu à la Chambre et au parlement wallon. A Charleroi, le PP fait 7% tandis que le provocateur réactionnaire professionnel Laurent Louis obtient 5% avec son ‘Debout les Belges’ et le ‘Faire Place Nette’ monté par le Vlaams Belang 3,5%. Laurent Louis a réuni une large assemblée à ses meetings malgré le caractère agressivement antisémite de sa campagne. Le danger de la violence antisémite s’est d’ailleurs manifesté à la veille des élections par un attentat sanglant au musée juif de Bruxelles qui a fait quatre morts.

Faire une croix sur l’extrême droite ou abandonner la lutte contre elle n’est pas à l’ordre du jour. Le caractère varié des formations d’extrême-droite et populistes exige une analyse adéquate qui fasse une évaluation correcte du danger – taxer tout le monde tout simplement de fasciste ne suffit pas – avec en corrélation une mobilisation active autour d’un programme social pour prendre à la racine les problèmes qui font le terreau dont se nourrissent ces formations.

Gains et pertes des Verts

Ecolo a été fortement sanctionné lors de ces élections. La participation gouvernementale au niveau régional n’a pas été bénéfique au parti. La campagne du PS pour un vote utile afin de stopper la N-VA non plus. De plus, il y avait un concurrent à gauche en la personne du PTB. Ecolo a perdu la moitié de ses sièges à Bruxelles, 10 des 14 sièges wallons et 2 des 8 sièges à la Chambre.

Du côté néerlandophone, Groen a progressé. Le parti se profilait comme un parti d’opposition de gauche mettant l’accent sur des thèmes sociaux tels que les longues listes d’attente dans le secteur social. Le programme du parti n’était, cependant, pas très à gauche. Le profil de Groen l’était. Par ailleurs, le parti pouvait utiliser les fortes actions menées autour des problèmes de mobilité à Anvers. D’autre part, le président de Groen, Van Besien a tout de suite dit clairement qu’il voulait participer au gouvernement. Après cette progression, il ne tire manifestement pas assez vite les leçons de l’expérience d’Ecolo aux parlements bruxellois et wallon.

Progression de la gauche radicale

Avec 2 sièges à la Chambre, 2 au parlement wallon et 4 au parlement bruxellois, le PTB/PVDA n’a pas obtenu le résultat attendu suite aux fortes prévisions dans les sondages. A Anvers surtout, on attendait plus mais le parti de Peter Mertens a terminé à un cheveu du seuil d’éligibilité. Avec des scores de 11,5% à Liège et 8,7% à Charleroi, où le PTB est chaque fois le troisième parti après le PS et le MR, ou 8,9% à Anvers et 4,9% à Gand, le PTB a enregistré des scores remarquables qui sont en progression par rapport aux élections communales de 2012.

Malgré une campagne professionnelle et un accès aux médias comme jamais vu jusqu’ici, le PTB avait du mal, au cours des derniers jours de campagne, à maintenir sa position et encore plus à fixer les thèmes des élections. La pression d’une voix utile contre la N-VA et les tentatives de tous les partis de se montrer  »social » ont incontestablement joué un rôle. D’autre part, les résultats montrent qu’il y a de l’espace à gauche de la social-démocratie et des verts. C’est dans ce cadre que nous avions proposé de faire des listes d’unité avec un nom tel que PTB-Unité ou de placer des candidats sur les listes PTB-GO/PVDA+. Malheureusement, ces propositions ont été rejetées et, à Bruxelles, il n’a même pas été possible de faire un regroupement de liste. Pourtant, tout syndicaliste sait que dans une lutte, on est plus fort si l’on implique toutes les forces militantes.

Nous espérons que les 8 élus du PTB tireront le débat public à gauche et joueront un rôle pour la construction d’une opposition de rue contre la politique néolibérale. Une voix politique ne peut être dissociée de la lutte sociale. Nous espérons que le PTB et ses élus œuvreront pleinement au renforcement des actions contre la politique d’austérité et ne se laissera pas freiner par une “collaboration de gauche” avec la social-démocratie et les verts. Notre appel pour un front de résistance à l’austérité est toujours d’actualité : après cette progression électorale, le PTB est bien positionné pour jouer un grand rôle dans sa construction.

A Bruxelles, nous participions aux élections avec Gauches Communes. Nous avons surtout mené une campagne de politisation à Saint-Gilles avec des tracts à contenu. Le résultat obtenu est très faible : pour la Chambre, nous avons obtenu 1,12% à Saint-Gilles. La pression pour un “vote utile” ne s’est pas seulement exprimée dans le résultat du PS mais aussi dans celui du PTB-GO. Notre campagne de politisation a sans conteste contribué au résultat de la gauche radicale à Saint-Gilles, le plus important de toutes les communes bruxelloises.

Quel que soit le gouvernement, l’austérité viendra !

Juste avant que nous nous rendions aux urnes, les premières analyses des cellules de réflexion économiques sur le danger de la crise politique continuelle sont parues. De Tijd titrait “La City londonienne craint une impasse politique belge” (21/5). Dans l’article, il est question de la crainte qu’une formation de gouvernement interminable ne se répète.

La préférence de De Wever et de certains éléments du patronat chez VOKA va sans aucun doute à une majorité de droite dure autour de la N-VA en Flandre. Mais un tel gouvernement n’obtient pas la majorité du côté francophone et de plus, le CDH devrait, pour cela, être séparé du PS. De Wever rêve d’un gouvernement comme celui de Martens dans les années 1980 et compte que cela puisse se faire aujourd’hui sans l’appui de l’un des deux grands syndicats. La tentative d’arriver à un tel gouvernement a peu de chances d’aboutir. Les éléments les plus prévoyants de la bourgeoisie ont peut-être plus confiance en une tripartite stable, si nécessaire avec un gouvernement flamand dont la N-VA fait partie et après une période au cours de laquelle De Wever devra prouver qu’il peut mettre sur pied un gouvernement de droite. Le PS préfère une tripartite et opte plutôt pour le modèle de gouvernement Dehaene avec son Plan Global.

Quels que soient les gouvernements que nous recevions, nous allons vers une forte austérité. Tous les partis établis sont d’accord là dessus. Ils semblent mieux préparés à cela que le mouvement ouvrier. Les liens entre les dirigeants syndicaux et les partis qui appliquent l’austérité ne nous ont rien amené ces dernières années, la politique néolibérale n’a pas été stoppée. Cela mène à la démoralisation et fait passer à l’arrière-plan, la possibilité d’une lutte collective pour le progrès, ce qui laisse l’espace à d’autres “solutions”. Si nous ne combattons pas les attaques par un plan d’actions progressif décidé démocratiquement qui part d’une large tournée d’information et de mobilisation, nous ne pourrons pas stopper l’austérité mais les possibilités électorales pour la droite et l’extrême-droite risquent de rester intactes.

Il serait erroné de penser qu’un tiers des Flamands est convaincu d’une politique d’austérité néolibérale et répressive, pour beaucoup, il s’agissait d’un vote de protestation contre l’establishment. Il ne s’agit pas d’une droitisation mais d’un rejet grandissant du cours actuel des choses avec aucune certitude sur le moyen d’améliorer la situation. Au cours de la dernière semaine de campagne, les partis flamands aussi ont soudain souligné leur caractère ‘social’ avec l’opposition aux attaques contre l’index et la limitation des allocations dans le temps face à la N-VA, mais même ce dernier parti a tout à coup souligné qu’il augmenterait les pensions les plus basses et a nié sur tous les tons le caractère asocial de son programme.

Le potentiel pour une forte opposition de rue est présent. Nous l’avons vu ces dernières semaines avec les grandes mobilisations inattendues sur le bouclage du ring anversois. Il s’agit encore d’actions à propos desquelles il y a de la confusion sur les revendications exactes et les méthodes d’action mais le caractère de masse de ces actions est une locomotive.

Nous pouvons convaincre les électeurs de la N-VA par des mouvements de lutte. Qui d’autre que la gauche peut, en effet, amener une alternative conséquente à la politique d’austérité actuelle ? Là où la gauche l’a fait de manière offensive – comme avec la campagne de Syriza pour un gouvernement de gauche en 2012 – cela a donné d’excellents résultats électoraux. Mais si nous ne construisons pas des perspectives offensives avec un programme conséquent de transformation socialiste de la société, nous n’y arriverons pas.

Les défis pour le mouvement ouvrier sont grands. La bourgeoisie va manœuvrer pour savoir comment le mieux mener une politique d’austérité, à la manière forte ou de façon plus douce. N’attendons pas pour organiser notre résistance !


 

Modèle Martens: faire des économies sans les sociaux-démocrates

Après une période de crise politique entre 1978 et 1981, un compromis a été conclu avec le gouvernement orange-bleu de Martens et Gol pour mener une politique d’austérité tolérée par la CSC, tout étant discuté à Poupehan avec son dirigeant Jef Houthuys. Le franc belge a été dévalué et il y a eu plusieurs sauts d’index. Lorsque le nouveau ministre du budget Verhofstadt est arrivé en 1986 avec un nouveau plan d’austérité dure à hauteur de 3,5 milliards d’euros, la CSC a eu du mal à stopper les troupes.

Lors des actions des fonctionnaires en 1983, la FGTB était encore seule, l’opposition au plan Sainte-Anne en 1986 risquait d’être tellement large que la pression sur la CSC est devenue insoutenable. 250.000 personnes participaient à une manifestation nationale de la FGTB le 31 mai 1986. Le dirigeant de la CSC Houthuys a envoyé promener ‘da joenk’ le jeune Verhofstadt.

La politique néolibérale dure des gouvernements orange-bleu a fait que les salaires ont diminué en moyenne de 12 à 15%, les allocations jusqu’à 20%. Parallèlement, les profits des entreprises ont augmenté de 57%. Après la chute du gouvernement, officiellement sur la question communautaire, une nouvelle crise a suivi après laquelle arriva un gouvernement de sociaux-démocrates.

Modèle Dehaene: économies avec les sociaux-démocrates

Avec la disparition de la coalition orange-bleue en 1987, les sociaux-démocrates ont été appelés à pratiquer l’austérité également. La situation économique a donné un peu d’espace pour la préparer. En 1993, Dehaene a frappé avec son Plan Global. Sous pression d’en bas, il y a eu une riposte avec la plus grande grève générale depuis 1936.

Le Plan Global faisait partie de la politique d’austérité européenne imposée par le traité de Maastricht. Les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates ont fait un plan d’austérité de – c’est ce qui est ressorti par après – 500 milliards de francs (12,5 milliards d’euros). Cela se passa notamment par l’adaptation de l’index (avec l’introduction de l’indice santé) et la norme salariale.

La direction syndicale a à peine fait quelque chose de la colère à la base et s’est plutôt laissée guidée par des oppositions réciproques. Cela en est resté à une action unique malgré l’énorme potentiel. Au parlement, tous les chrétiens-démocrates et les “socialistes” ont voté pour le Plan Global, une pause toilette à cet instant crucial a peut-être coûté ultérieurement à Dirk Van der Maelen plus qu’un poste de ministre. Le mouvement contre le Plan Global est mort d’une mort tranquille.

Et aujourd’hui ?

Avec le décès de Jean-Luc Dehaene, il a été référé à son “modèle” à plusieurs reprises. De Wever a parlé des années 1980 et des gouvernements Martens et du Plan Global. Il déclarait qu’à l’époque, on “osait encore prendre des décisions” et référait aux “trois sauts d’index et au Plan Global.” Les deux modèles contiennent une politique d’austérité, l’une plus rapide et plus brutale que l’autre.

De Wever s’inspire du jeune ‘da joenk’ Verhofstadt qui était alors encore connu comme le “baby-Thatcher”. Le PS préfère se tourner vers l’homme d’Etat Dehaene et son ‘Plan Global’ rouge-orange. Cette discussion concerne le rythme des attaques, pas les économies en soi.

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