Edito La droite à l’assaut contre nos conditions de vie… Et elle en veut toujours plus!

Geert Cool
par Geert Cool
Rédacteur en chef de Lutte Socialiste

Les élections du 9 juin ont donné lieu à une victoire surprise au MR dans la partie francophone du pays. La formation d’un gouvernement des “vainqueurs” semblait être une question de semaines. Le MR et Les Engagés ont immédiatement formé un gouvernement francophone. Bart De Wever (N-VA) est rapidement devenu informateur fédéral pour mettre sur pied une coalition “Arizona” avec la N-VA, Vooruit et le CD&V du côté néerlandophone. Près de trois mois plus tard, il ne reste plus grand-chose de cet optimisme.

Un cadeau de 9 milliards aux entreprises, une austérité de 14 milliards sur le dos des sans-emploi, des réfugié.e.s et des travailleur.euse.s

La note de De Wever comportait un cadeau aux entreprises d’une valeur de 9 milliards d’euros par des réductions d’impôts diverses au détriment de la collectivité et de la Sécurité sociale. Une partie de cette somme devait être compensée par d’autres taxes, notamment sur la consommation. En bref, un transfert sans précédent d’argent des salarié.e.s, allocataires sociaux et personnes les plus précaires vers les entreprises et leurs actionnaires. Tout ça avec l’accord de Vooruit et de Conner Rousseau !

Pour faire des restrictions, les partis de l’Arizona ont proposé de s’attaquer aux pensions (2 milliards d’euros), aux sans-emploi (1,7 milliard), au mécanisme d’indexation des salaires (600 millions), aux malades de longue durée (362 millions), aux fonctionnaires (1,8 milliard), aux réfugié.e.s (1,5 milliard),à l’enveloppe bien-être des allocations sociales (1,4 milliard), aux soins de santé (300 millions)… Et ce n’est qu’un début ! À ces 14 milliards d’euros de restrictions doivent encore s’ajouter 19,6 milliards d’euros pour le reste de la législature.

De Wever voulait obtenir une infime compensation pour les réductions d’impôt aux plus riches sous la forme, notamment, d’une taxe limitée sur les plus-values des actions et obligations, qui, dans la proposition finale, ne devait à peine rapporter que 120 millions d’euros. Mais même si peu est impensable pour le MR, Bouchez déclarant qu’il n’avait pas remporté les élections pour “introduire des milliards de nouvelles taxes”. Une partie du patronat l’encourage et souhaite encore plus que les 9 milliards d’euros de cadeau déjà promis, sans contribuer du moindre centime en échange ! Mais d’autres patrons se lèchent déjà les babines devant ce qui était sur table et veulent s’en emparer immédiatement. La fédération patronale flamande Unizo, par exemple, a appelé à la poursuite des négociations, car ce qui est sur la table est “prometteur”.

Pas même un semblant d’équilibre

Pour le MR, inutile de faire semblant d’obtenir un équilibre qui ferait contribuer “tout le monde” : “Nous n’avons pas gagné les élections pour ça”. Cela place la N-VA et De Wever dans une position délicate. Fondamentalement, la N-VA est d’accord avec Bouchez. Mais elle se rend parallèlement bien compte qu’une politique qui se résume à un catalogue des horreurs pour la classe travailleuse entraînera des troubles sociaux et une colère qui rognera sur la position électorale de la N-VA. A cet égard, la raclée infligée au gouvernement flamand le 9 juin dernier, y compris aux ministres de la N-VA, a été révélatrice.

Combinée à la victoire de la droite francophone, cette défaite du gouvernement flamand a permis de limiter l’importance accordée aux questions communautaires. L’argument des “deux démocraties” qui coexistent en Belgique a cédé place à celui d’une “opportunité historique” à saisir avec le PS dans l’opposition. Entre-temps, la formation du gouvernement flamand s’avère difficile et de sombres nuages s’amoncellent sur “l’opportunité historique” au niveau fédéral. Avec l’ampleur de l’exercice d’austérité – le chiffre de 28 milliards d’euros rappelle inévitablement le Plan global de Dehaene dans les années 1990 – un retour des tensions communautaires est inévitable.

Le mouvement ouvrier doit riposter

Comment le mouvement ouvrier et la gauche doivent-ils réagir ? Se laisser piller volontairement n’est évidemment pas une option. D’autant plus que les besoins sociaux s’accumulent. Il va falloir nous battre. Et chercher les moyens là où ils sont, c’est-à-dire pas auprès des chômeurs.euse.s, des salarié.e.s ou des migrant.e.s, mais auprès des super-riches et des gros actionnaires. Des campagnes offensives peuvent placer la solidarité et les thèmes sociaux au cent re de l’attention, au lieu de la haine de l’autre et des divisions diverses qui alimentent l’extrême droite.

Avec un système capitaliste en déclin sur tous les fronts, nous devons oser soulever la question d’une société différente. La gauche est plus forte lorsqu’elle défend une vision globale de l’échec du capitalisme et de la nécessité d’une société qui ne laisse personne sur le bord de la route et relève les défis climatiques. Cette société, c’est le socialisme démocratique, une société qui repose sur la collectivisation des secteurs clés de l’économie, dans le cadre d’une planification rationnelle et démocratique de l’économie pour répondre aux besoins sociaux et pas à la cupidité des actionnaires.

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