Et voilà de retour la perspective du type de gouvernement qui a augmenté l’âge de la pension à 67 ans… Qu’est-ce qui va encore nous tomber dessus maintenant ? Nous sommes déjà nombreux·euses à ne pas digérer de devoir travailler aussi longtemps. Dans cette série, chaque mois, nous laissons la parole à une personne pour qui s’est tout simplement impossible.
Propos recueillis par Guy Van Sinoy
Bonjour. Je m’appelle Daniel et je suis ouvrier dans une scierie depuis 13 ans, dans les Ardennes. Il faut savoir que les 3/4 des forêts belges se trouvent dans les Ardennes. Comme dans les autres entreprises du secteur, la scierie où je travaille est une petite boîte d’une quinzaine de travailleurs. Il n’y a pas d’élections sociales et peu d’ouvriers sont syndiqués.
C’est un travail dangereux. Les accidents sont fréquents car on travaille toujours sous pression pour aller plus vite. Les machines (scies, ponceuses, raboteuses) sont bruyantes et peuvent provoquer de très graves blessures. L’an dernier, un jeune de 22 ans a perdu une main et s’est retrouvé estropié à vie.
Chaque jour c’est une file de camions qui arrivent pour charger. La plupart viennent des pays de l’Est. Ils sont donc pressés car leur trajet est long. On ne parle pas la même langue car je ne connais ni l’allemand, ni le russe, ni le roumain, ni aucune autre langue. On ne se comprend pas toujours et je suis souvent seul pour retourner des planches de 3 ou 5 m de long. Les tendinites à l’épaule ou au poignet sont fréquentes.
Les machines sont non seulement dangereuses mais elles dégagent aussi quantité de poussières de bois très fines. Comme le bois est presque toujours traité avec des produits chimiques on risque des maladies respiratoires. Il n’y a pas de comité de sécurité et hygiène (CPPT) et la prévention est réduite au minimum.
Je ne me vois pas travailler jusque 67 ans dans ces conditions. Et si le gouvernement ne redescend pas l’âge de la pension, je conseillerais à Georges-Louis Bouchez de venir faire un stage chez nous.
