Durant la campagne électorale, la droite a lancé une offensive contre les allocations sociales en prétendant notamment vouloir combattre le “piège à l’emploi”, le hamac pour reprendre l’expression dénigrante de Bart De Wever,selon lequel des demandeur⸱euses d’emploi ne trouveraient pas financièrement assez rentable de reprendre le travail. On connait la logique de la droite : c’est la victime d’une situation qui en est elle-même responsable.
Un mille-feuille de mensonges
Le MR et la N-VA n’ont pas cessé de taper sur l’idée qu’il fallait au moins une différence de 500 euros nets entre “travail” et “inactivité”. Trois remarques. Premièrement, c’est déjà le cas. Le service d’études de la FGTB a fait le calcul : la différence entre une allocation de chômage nette et un salaire minimum net est de 545 € pour un isolé (624 € si l’on prend le pécule de vacances en considération). Deuxièmement, rappelons-le, le montant des allocations de chômage et du revenu d’intégration dépendant du CPAS sont en dessous du seuil de pauvreté. La seule conclusion qui s’impose, c’est qu’il faut augmenter les allocations et les bas salaires. Mais la droite, comme toujours, préfère monter les un⸱es contre les autres et organiser la course vers le bas. Troisièmement, entendre le MR et la N-VA oser parler du montant des salaires, c’est tout de même très particulier puisque que ce sont les artisans du dernier saut d’index! Sur toute une carrière, un saut d’index équivaut à une année de salaire.
Autre élément martelé durant la campagne : “activer” les demandeur⸱euses d’emploi de longue durée. Christine Mahy (Réseau wallon de lutte contre la pauvreté) réagit à juste titre en soulignant : “Comme 70% des 66.000 demandeur⸱euses d’emploi de longue durée (2 ans et plus) travaillent, ce n’est pas eux qu’il va falloir activer, mais les employeurs, afin qu’ils offrent des contrats d’emploi durables ! En effet, ces 70% de travailleur⸱euses, ont chaque fois un contrat d’une durée de moins de 3 mois… et donc sont toujours comptabilisés dans le statut de chômeur⸱euses.” Le vrai problème, c’est l’emploi précaire. Et la précarisation du “marché de l’emploi”, c’est justement le projet de la droite, que l’on parle de la N-VA, du MR ou des Engagés.
Pierre angulaire de ce projet d’ailleurs : imposer des travaux d’intérêt général après 2 ans de chômage. Comme le précise Marie-Hélène Ska (CSC) : “L’Organisation Internationale du Travail est claire : le travail forcé n’est pas à l’ordre du jour et ne peut pas l’être”. Et de quels travaux d’intérêt général parle-t-on ? De celui qui est traditionnellement effectué par des ouvrier⸱ères communaux ? Plus besoin d’en engager alors. L’administration pourra les licencier et éventuellement recourir aux mêmes personnes un peu plus tard pour effectuer le même travail. Gratuitement cette fois.
S’en prendre à l’un⸱e d’entre nous, c’est s’en prendre à nous tous⸱tes
Rendre les plus précaires corvéables à merci n’est pas seulement ignoble et inhumain, c’est aussi une manière d’instaurer une pression à la baisse sur les salaires et les conditions de travail de l’ensemble des salarié⸱es. Toutes les études confirment d’ailleurs que s’en prendre aux allocations de chômage n’aide pas les gens à trouver un emploi. Ça les enfonce juste dans la misère. La manoeuvre vise par ailleurs également à dévier la colère sociale vers le voisin afin de protéger les quartiers chics.
Le chômage représente à peine 3 % de l’ensemble des dépenses du gouvernement fédéral. Et soyons clair, ce n’est pas cet argent qui vole vers les paradis fiscaux. Par contre, de ce côté-là, le SPF Finances estime la fraude fiscale à 30 milliards d’euros par an. D’autre part, en 2020, 383 milliards d’euros ont été envoyé par 765 entreprises belges dans une trentaine de paradis fiscaux, en toute légalité, en profitant des largesses des ministres de droite qui se sont succédé au ministère des Finances.