Le 16 juin, sous une pluie battante, une foule de 10.000 personnes a marché à Bruxelles en scandant des slogans antifascistes, une foule de jeunes surtout, de moins jeunes aussi, déterminée à riposter contre la montée de la droite et de l’extrême droite. Quelques jours plus tard, nous en avons discuté avec une des chevilles ouvrières de la mobilisation : Sixtine Van Outryve.
Bonjour Sixtine et encore une fois bravo à toi et au noyau dur de la CAB pour tout le travail en amont de cette manifestation !
“La CAB est encore jeune, c’est vraiment une belle réussite d’avoir concrétisé sur le terrain la coordination d’une bonne partie des initiatives antifascistes du pays, autour de mots d’ordre politiques clairs et radicaux, même si le terme est galvaudé.
“L’appel unitaire lancé par la CAB pour la manifestation défendait une série de revendications sociales : une meilleure répartition de la richesse et une réduction du temps de travail contre le chômage, à la vie chère et à la dégradation des conditions de travail ; une Sécurité sociale et des services publics forts face à l’austérité européenne appliquée docilement par nos gouvernements ; une transition écologique juste et sociale ; une autre politique migratoire et d’accueil et enfin une société plus inclusive et égalitaire face au sexisme, racisme, LGBTQIA+phobie,… Tout cela autour de notre meilleure arme : la solidarité !
“Les succès, encore modestes, mais réels, rencontrés par les mobilisations antifascistes et sociales au lendemain du 9 juin sont importants car cela participe à un débat. Certain.es affirment que nous sommes plus en mesure de rassembler autour d’un antifascisme moral, qui laisse de côté les questions politiques. Nous avons voulu montrer l’éventail de politiques qui peuvent conduire au fascisme. L’antifascisme, ce n’est jamais que de l’antifascisme. Pour être efficace, il doit reposer sur une vision large de la société qui répond au désespoir instrumentalisé par l’extrême droite. On a le droit et le devoir de faire mieux.”
La veille de la manifestation du 16 juin, une assemblée générale de la CAB a d’ailleurs défini différentes priorités pour son activité à venir, parmi lesquelles un appel à l’organisation des états généraux du mouvement social.
“L’idée est que nous ne sommes pas seulement face à une montée de l’extrême droite, mais aussi de la droite. Cette droite-là réalise des politiques antisociales et banalise des discours racistes. Pour combattre l’extrême droite, on doit la combattre elle aussi. Nous appelons donc à l’organisation d’un moment pour discuter d’une stratégie de lutte.
“L’extrême droite peut proliférer sur l’absence d’une gauche offensive. On doit se mettre autour de la table et définir un agenda commun dès aujourd’hui et ne pas attendre patiemment que la politique de droite ouvre la voie à l’extrême droite. Face aux gouvernements qui viennent, on doit non seulement faire preuve d’opposition, mais aussi défendre des solutions qui répondent aux défis et ne sont pas celle de la classe dominante.
“Le maître mot, ça va être la solidarité. Les gouvernements vont s’attaquer à différentes couches, aux associations, aux libertés syndicales,… probablement pas à tout le monde en même temps. On doit faire front. Isolés, nous sommes faibles, mais si nous organisons notre défense mutuelle, tout nous est permis.
“Un dernier mot concerne la dimension internationaliste et la création de ponts avec des collectifs antifascistes et des syndicats au niveau européen. On ne va pas pouvoir s’en tenir à une dynamique belge, l’extrême droite cherche à s’organiser au niveau international, nous devons le faire, nous aussi.”
Nous appelons à soutenir financièrement la CAB pour l’organisation de la manifestation du 16 juin et pour d’autres occasions. Les virements peuvent être effectués sur le compte BE21 3770 5279 3703.
