Les pronoms font de plus en plus partie du débat social. Les pronoms qui s’écartent des pronoms binaires traditionnels (il et elle) sont souvent présentés comme quelque chose de neuf. Au même moment, les droits des personnes LGBTQIA+ sont de plus en plus remis en question et attaqués. Le Vlaams Belang et la N-VA sont convaincus que l’existence de personnes transgenres et non binaires est une attaque directe contre les valeurs familiales dites traditionnelles. Georges-Louis Bouchez, du MR, a quant à lui déclaré que le respect des pronoms d’une personne ne ferait qu’entraîner une confusion inutile et constituerait une démonstration politiquement correcte excessive qui limiterait la liberté d’expression.
Par Sam (iel)
Le capitalisme prétend que le système binaire rigide des genres a toujours existé et que l’existence d’identités de genre en dehors de cette binarité est une invention récente. Mais c’est précisément le système binaire de genre qui a émergé à la suite du développement de la société divisée en classes sociales. Dans ce système de classes, et plus tard au sein du capitalisme, des rôles et des attentes rigides en matière de genre sont apparus. Le capitalisme repose sur la stabilité de la famille nucléaire et sur les rôles binaires hommes / femmes.
Les origines de l’oppression des personnes non binaires et transgenres remontent à celles de la société patriarcale. L’élite dirigeante a utilisé la LGBTQIA+phobie comme outil pour assurer sa propre position.
Les personnes non binaires, transgenres et non conformes au genre ont toujours existé. Ces identités de genre n’ont rien de neuf, mais elles ont été réprimées et persécutées par le système de classe tout au long de l’histoire.
En Amérique du Nord, par exemple, de nombreuses identités de genre différentes étaient reconnues, ce qui se reflétait également dans leur langue, l’une des plus célèbres étant la “bispiritualité” (two-spirit en anglais). Ces personnes occupaient souvent des postes importants dans leur tribu. Mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Si le terme “non-binaire” est relativement récent (il a été utilisé pour la première fois à la fin des années 1980), l’utilisation de pronoms neutres est très ancienne. La première utilisation de “they” en tant que pronom neutre dans la langue anglaise remonte à 1375. Chaucer, Shakespeare et Jane Austen ont également utilisé “they” comme pronom neutre dans leurs ouvrages. On retrouve par ailleurs également des pronoms neutres dans de nombreux textes médicaux du XVIe siècle.
Au cours des 19e et 20e siècles, de nombreux pronoms neutres différents ont été utilisés, mais aujourd’hui “they/them” sont les pronoms neutres les plus courants en anglais. L’utilisation des pronoms neutres “die/hun” en néerlandais et “iel” en français est beaucoup plus récente. Le “iel” français est utilisé depuis 2010 et a bénéficié d’une reconnaissance officielle en 2021 en rentrant dans le Petit Robert.
Le respect des pronoms est également une question politique. On constate que ce sont surtout les personnes qui transgressent visiblement les schémas de genre stricts qui sont victimes de violences queerphobes. Pour lutter contre la rigidité imposée du système de genre binaire, nous devons également lutter contre sa cause, qui est le capitalisme lui-même. Le capitalisme et la classe dirigeante essaieront toujours de maintenir une stricte binarité de genre pour assurer leur survie.
Pour combattre ce système, nous devons construire un mouvement qui lutte contre toutes les formes d’oppression et de division.