En ce mois des Fiertés, les drapeaux arc-en-ciel colorent les rues et les bâtiments de nombreuses entreprises. Le mot “inclusivité” fait partie du vocabulaire usuel de nombreux dirigeant.es d’entreprises. Et pourtant… malgré ce décor bienveillant, les discriminations envers les personnes LGBTQIA+ ne diminuent pas.
Ainsi, en Belgique, 2/3 des couples homosexuels n’osent pas se tenir la main en rue et 3/4 n’osent pas parler ouvertement au travail de leur identité de genre ou de leurs préférences sexuelles. Cela impacte leurs participations à des événements informels où les conjoint.e.s sont invité.es et restreint leur intégration au travail. Pratiquement toutes et tous déclarent avoir été confronté.es à des actes de haine, 40% ont fait une tentative de suicide suite à ce contexte discriminant (contre 7% dans la population générale).
Des Chartes aux actions concrètes
Face à ces statistiques terrifiantes, de nombreux employeurs (entreprises privées et publiques) ont été poussés à signer des chartes et développent des brochures montrant ainsi que leur entreprise se préoccupe de ces questions. Si c’est un pas en avant, dans la pratique, ce n’est que très peu suivi d’actes, comme si ces discriminations étaient déconnectées de toute réalité tangible et de nos conditions de travail.
Notons que signer une charte n’a rien de contraignant, tandis que des accords d’entreprise ou interprofessionnels, négociés par les syndicats, eux le sont ; même s’il faut aussi encore les défendre et en assurer la vie sur le terrain. Les discriminations continuent à être clairement affichées comme un outil du patronat. Ainsi, 13% des personnes LGBT+ déclarent avoir été questionnées sur leur orientation sexuelle au moment de l’embauche et la moitié des personnes LGBT+ victimes de discrimination le sont au moment de l’embauche ou sur leur lieu de travail (statistique de l’IFOP-France).
Des uniformes aux sanitaires, les conditions de travail doivent évoluer
Longtemps, de nombreuses entreprises ont prétendu qu’il n’était pas possible d’engager des femmes vu l’absence de vestiaires spécifiques. Aujourd’hui, ce problème est relativement résolu dans une majorité des secteurs (mais pas dans tous, comme dans la construction par exemple). Cependant, des sanitaires et vestiaires collectifs ne permettent pas d’assurer la sécurité et la tranquillité de tout le monde, en particulier des personnes transgenres. Lutter pour des cabines individuelles lors de la construction et la rénovation des lieux de travail est nécessaire pour favoriser le bien-être de tout le monde au travail et réduire les discriminations à l’embauche.
La présence de représentant.e.s syndicaux durant les entretiens d’embauche est également importante pour éviter les questions discriminatoires. La loi prévoit cette possibilité, mais une pression de travail accrue pèse sur elles et eux. Alors que les élections sociales viennent de prendre place, nous devons lutter pour que les représentant.e.s puissent être libéré.e.s autant que nécessaire pour l’ensemble de leurs tâches.
D’autres revendications contre les discriminations au travail pourraient porter sur des uniformes “neutres”, adaptables à la demande des travailleur.euse.s. Ou encore la nécessité de privilégier le travail en équipe, ou au moins en binôme, plutôt que seul, lorsqu’on est en contact avec le public afin de ne pas être isolé en cas d’hostilité, d’agression, de violence ou de comportement discriminant.
Le mouvement syndical doit combler son retard
Les syndicats ont quelques trains de retard en matière d’attention aux discriminations de genre et LGBTQIA+phobe. Face à une discrimination LGBTQIA+phobe au travail, il est clair que le réflexe n’est pas, aujourd’hui, d’en faire part à son.sa représentant.e syndical tant l’attention et la compréhension du problème sont souvent faibles en la matière. Les travailleur.euse.s se tournent plutôt, dans l’ordre, vers des associations LGBTQIA+ extérieures, la justice ou la hiérarchie. Dans 12 % des cas, ils et elles quittent leurs emplois, faute d’amélioration.
Il semble nécessaire qu’un plan de formation soit développé dans les syndicats à destination des militant.es, et à fortiori les délégué.es d’entreprise, mais aussi des permanent.es syndicaux afin que le mouvement syndical puisse organiser et défendre tous les travailleur.euse.s. Des campagnes d’affichages pour communiquer à ce sujet et sur des revendications spécifiques pour l’entreprise ont été développées çà et là par des militant.es et pourraient être davantage généralisées.
À l’image de ce que fait la CGT en France, un kit militant pourrait être développé pour que les travailleur.euse.s puissent participer de manière militante aux Prides, non pas avec les couleurs de leur entreprise, mais celles de leur syndicat. La lutte contre les discriminations n’est pas une sous-lutte du mouvement syndical, mais en fait partie à part entière. “Plus forts ensemble !” nous rappelle la FGTB. En tant que militant.e, participons à la construction de cette unité de l’ensemble des personnes opprimées et exploitées !
Pride is a Protest 30 juin. Coyendanspark Gand
13h. Accueil, ateliers et musique
15h. Début de la marche
17h. Discours, spectacle de travestis et aérobic des années ‘80
20h. Groupes et DJ (fin à 22h)
Ateliers, de 13h15 à 14h30 :
– Atelier d’autodéfense queer, par Queer Gym: cet atelier propose une introduction à l’autodéfense.
– Activisme trans révolutionnaire. De S T A R à aujourd’hui. Avec Conor Tomey (il/lui) de la Trans and Intersex Pride Dublin (atelier en anglais).
– Mouvement anti-genre. Qui sont-ils et comment les combattre? Avec Rylan (iel), doctorant.e à l’Université d’Anvers spécialisé.e sur les mouvements anti-genre.
– Pas de Pride dans un génocide! Avec Carmen (elle), fondatrice d’Anvers pour la Palestine et directrice de l’ASBL Palestine Solidarity. Carmen discutera de l’histoire de la Palestine et de la résistance et abordera notamment le “pinkwashing” du régime israélien.
– L’histoire de la Pride. Sam (iel) de la Campagne ROSA nous ramènera au soulèvement de Stonewall de juin 1969 et aux idées radicales qui ont donné naissance aux Pride.
– Où en est le capitalisme hétéronormatif et binaire? Cet atelier explorera l’utilité des rôles de genre binaires pour le système capitaliste.