Pourquoi attendre pour une grève générale de 24 heures?

Solidarité avec les victimes de VW!

Fin novembre, Volkswagen a annoncé que la Golf ne serait plus produite à Forest. Cette décision menace 4.000 emplois et bien plus encore chez les sous-traitants. Les années précédentes, la direction avait pourtant reçu beaucoup de cadeaux : baisses de charges sociales, flexibilité accrue des travailleurs, investissements payés par la collectivité,… En remerciement, VW déclenche un tremblement de terre social.

Séisme social

Le couperet est tombé, plus acéré et tranchant que prévu. La direction veut la suppression des 2/3 du personnel ! Et plane encore la menace d’une suppression pure et simple du site de production. En effet, le plan de la direction consiste à supprimer la production de la Golf pour ne garder que celle de la Polo. Seules quelque 60.000 unités sortiraient chaque année de VW Forest alors que le site n’est rentable qu’à partir de 200.000.

Une partie de la production de la Polo en Espagne viendrait à Forest. De cette façon, la direction peut monter les travailleurs belges contre les allemands et les travailleurs espagnols contre les belges.

La restructuration actuelle ne saurait être que l’antichambre d’une mort annoncée. En procédant par étapes et pas en une fois, la direction évite de payer des indemnités de fermeture aux 5.200 travailleurs concernés.

Une autre option est le maintien de l’entreprise avec moins de travailleurs et des conditions de travail et de salaire dégradées. Après la restructuration, la direction pourra alors engager des travailleurs, mais avec des contrats intérimaires, tout comme l’a fait la direction de Ford Genk. Après les 3.000 licenciements de 2003, Ford Genk a engagé 1.297 travailleurs temporaires dans le cadre de l’introduction de nouveaux modèles. En utilisant ces contrats précaires, il est plus facile de licencier et d’engager des travailleurs. Finis donc les contrats à durée indéterminée, et vive les contrats temporaires !

Cela peut être une option pour VW à Forest. Une plus grande flexibilité et des conditions salariales moins intéressantes pourraient alors être utilisées aussi contre les travailleurs d’autres usines VW.

Manifestation de solidarité

L’annonce de la restructuration a été faite le mardi 21 novembre. Le lendemain, les dirigeants syndicaux ont organisé une assemblée générale des travailleurs. Ils y ont présenté les intentions de la direction. Mais d’un plan d’action, pas un mot.

Des délégués et une partie des travailleurs voulaient partir après l’assemblée en manifestation près du site. Proposition stoppée net avec l’argumentation que tous les syndicats n’étaient pas d’accord. Un front commun syndical s’est pourtant constitué au sommet et à la tribune, mais sans vouloir de riposte immédiate.

La pression de la base pour faire des actions contre le séisme social provoqué par la direction a poussé les syndicats à lancer un appel à une manifestation nationale de solidarité samedi 2 décembre.

Action unifiée

La manifestation de solidarité est importante pour démontrer que les travailleurs de VW et des sous-traitants ne sont pas isolés. Le soutien aux victimes de la direction de VW est énorme dans la population de Forest, parmi les travailleurs des sous-traitants, dans d’autres usines,…

Cette solidarité doit être organisée. C’est dans ce cadre que l’utilisation d’une affiche du comité de solidarité (qui s’est formé dès l’annonce des licenciements) a été importante parce qu’elle rendait cette solidarité plus visible.

La manif du 2 décembre aura lieu grâce à la colère immense parmi les travailleurs, mais il faut éviter que cette manif ne devienne un cortège funèbre, un ultime hommage aux milliers de travailleurs de VW et des sous-traitants. La manif ne peut pas être un point d’arrêt mais doit être utilisée pour annoncer un plan d’action.

Grève générale de 24 heures

La solidarité qui sera démontrée le 2 décembre doit renforcer les travailleurs de VW et des sous-traitants dans leur résistance contre les licenciements. Avec une grève générale de 24 heures, il serait possible d’aller plus loin et de montrer que la politique brutale des restructurations par les multinationales ne sera pas acceptée.

Une telle grève montrerait que nous ne voulons pas de compromis sur le nombre d’emplois. D’après les médias, les travailleurs de VW peuvent être réembauchés ailleurs, ce qui signifie surtout que d’autres travailleurs n’auront pas accès à ces boulots. Les plans de la direction mèneront de toute façon au fait que 12.000 travailleurs n’auront pas de boulot et devront survivre d’allocations financées par la collectivité.

Une grève générale de 24 heures pourrait unifier les travailleurs belges et avoir un impact sur les travailleurs allemands. Si la pression de la grève mène à des actions dans une seule usine en Allemagne, la direction de VW aura un gros problème. VW n’est pas la seule entreprise à connaître licenciements ou restructurations.

Mais c’est une des plus grandes entreprises où les travailleurs ont en plus une tradition de lutte pour le maintien de l’emploi. Les actions de grève à VW en 1994 sont encore présentes dans bien des esprits. En ce sens, les travailleurs de VW peuvent porter une action nationale pour le maintien de tous les emplois.

Quelles revendications avancer?

Volkswagen utilise une politique de diviser-pour-régner : les travailleurs allemands sont les ennemis des travailleurs belges, les travailleurs belges sont les ennemis des espagnols et, à Forest, ceux qui peuvent rester seront les ennemis des licenciés …

Contre ces divisions, il faut mettre en avant des revendications qui poussent à l’unité des travailleurs. Cela n’est possible qu’en défendant le maintien de chaque emploi. Aucun boulot ne peut être perdu ni à VW, ni chez les sous-traitants !

Pour réaliser une telle revendication, tout le plan industriel de VW doit être revu. Maintenant, la direction veut couper 20% de la capacité de VW pour augmenter les profits de 1,12 milliard d’euros jusqu’à 5,1 milliards d’euros en 2008. Cette opération sera financée par la colelctivité, ce qui est inacceptable.

La direction de VW a déjà reçu assez de cadeaux du gouvernement. A côté de l’Automotive Parc, elle a reçu les baisses de charges sociales (sur le travail en équipe, les heures supplémentaires,…), plus de flexibilité des travailleurs,… Il serait logique d’exiger que si VW maintient son massacre social, tous ces cadeaux soient remboursés.

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