Quelle hypocrisie ! A l’occasion de la reconnaissance officielle de l’État palestinien par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, Paul Magnette (PS) s’est montré offensif contre le MR : «Nous dénonçons le double discours du MR et de sa ministre Hadja Lahbib, qui se prononce publiquement pour la reconnaissance de l’État de Palestine, tout en empêchant cette reconnaissance au sein du gouvernement fédéral. (…) C’est une condition sine qua non pour imposer des sanctions à Israël.»Au même moment, les autorités wallonnes et le ministre-président Di Rupo (PS) ferment les yeux sur le transit de tonnes d’armes utilisées dans le massacre à Gaza.
Nous avons déjà participé à plusieurs actions devant l’entreprise Challenge à l’aéroport de Liège avec le Collectif Liège Palestine Solidarité tandis qu’une manifestation, le 12 mai, soulignait la responsabilité des autorités wallonnes dans l’alimentation de la machine de guerre israélienne. Aujourd’hui, Amnesty International (AI), la Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD), la Ligue des droits humains (LDH) et Vredesactie confirment, preuves à l’appui, que des dizaines de tonnes d’armes légères, de détonateurs et de pièces d’avions de chasse F-35 et F-16 ont transité par l’aéroport de Liège vers Israël depuis les États-Unis. Les données récoltées concernent une dizaine de vols entre le 7 novembre 2023 et le 4 mars 2024 «Rien n’indiquant du reste que le transit d’armes à destination d’Israël par cet aéroport s’est tari après cette date». Tout cela a été transporté par la compagnie aérienne israélienne Challenge Airlines.
«Nous sommes choquées par ce qui semble être au mieux de la négligence et au pire de l’hypocrisie. Alors que depuis des mois les responsables politiques de notre pays s’indignent à juste titre de la catastrophe en cours à Gaza et appellent à un cessez-le-feu, des documents auxquels nous avons pu avoir accès nous apprennent que des dizaines de tonnes de matériel militaire à destination d’Israël ont transité – et transitent peut-être encore – par l’aéroport de Liège», s’indignent les organisations.
Les autorités régionales wallonnes sont compétentes pour la réglementation du transit d’armes sur le territoire de la Région. Et, début février, elles s’étaient réengagées à ne pas exporter ou laisser transiter des armes à destination d’Israël. C’était déjà le cas depuis une quinzaine d’années, mais plusieurs médias (dont Le Soir) avaient dévoilé que des cargaisons militaires à destination d’Israël avaient transité par la Belgique. Mais il existe un angle mort dans la législation, comme l’explique en toute conscience un employé de Challenge dans un des documents dévoilés : « Je ne peux transporter (la marchandise) QUE sur des vols qui continuent avec le même avion. Si nous ne nous y plions pas, nous nous exposons à des sanctions (sic). » La CNAPD, la LDH, Vredesactie et Amnesty International ont donc décidé de lancer prochainement une procédure judiciaire, en citant la Région wallonne en responsabilité devant le tribunal de première instance de Namur.
En Belgique, une majorité écrasante de la population (près de 75%) s’oppose à l’envoi d’armes vers Israël. Ce potentiel doit être mis en action, en premier lieu sur les lieux de travail: c’est de là que l’on peut contrôler et bloquer le transit. Les syndicats ont donc un rôle de premier plan à jouer pour stimuler et organiser le refus de participer au génocide. Une campagne syndicale doit être lancée de toute urgence pour assurer que concrétiser sur le terrain les appels au cessez-le-feu permanent.