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Rendez-vous: 01/12/23
L’armée israélienne alimentée depuis la Belgique? Résistance!

Le 16 octobre 2023, les syndicats palestiniens ont appelé leurs “homologues internationaux et toutes les personnes de conscience” à mettre fin à toutes formes de complicité avec les crimes du gouvernement d’Israël, en cessant de toute urgence le commerce d’armes avec cet État, ainsi que le financement de toute recherche militaire.

Par Baptiste (Liège)

Ce vendredi 1er décembre – rassemblement à 19h face à l’entreprise Challenge à Liège – Rue de l’Aéroport 76, 4460 Grâce-Hollogne, Belgique, à l’initiative du Collectif Liège Palestine Solidarité

Cet appel n’est pas resté sans réponse. En Europe, les travailleur.se.s elles.eux mêmes ont pris spontanément l’initiative de tirer la sonnette d’alarme et de dénoncer l’envoi d’armes depuis leur lieu de travail. On a ainsi vu le front commun des syndicats belges du transport (CNE, UBT, Setca et CSC Transcom) appeler ses affilié.e.s à refuser de manipuler des armes destinées à l’État israélien. A Barcelone et à Gênes, des dockers ont refusé de charger les bateaux d’armes à destination d’Israël. Partout dans le monde, aux Etats-Unis, en Australie, au Canada, au Royaume-Uni, en Afrique du Sud des initiatives de syndicats et de la société civile sont prises pour freiner l’approvisionnement de matériel meurtrier destiné au massacre de la population palestinienne. Malgré le climat de haine dominant et la lâcheté des gouvernements, les travailleur.se.s lancent des actions courageuses sans attendre l’action des partis traditionnels.

Pour assurer un cessez-le feu qui ne soit pas une caricature ainsi qu’un véritable embargo militaire contre la machine de guerre israélienne, ces actions doivent être renforcées et développées par l’organisation des travailleur.se.s sur leurs lieux de travail.

La Belgique complice des massacres et de l’oppression

Rien qu’en 2022, on estime que les entreprises wallonnes ont participé à armer les forces impérialistes dans le monde (dont Israël) à hauteur de 830 millions d’euros. La FN d’Herstal contribue par exemple à armer l’Arabie Saoudite, responsable du massacre de la population yéménite, une des plus grandes catastrophes humanitaires du monde.

A partir de Liège, l’entreprise israélienne Challenge, anciennement CAL-LACHS, envoie explosifs et drones militaires à Tsahal, l’armée israélienne. Bien que le CEO de Challenge, Yossi Choukroune, déclarait le 8 novembre à La Libre que « Nous amenons des ambulances et de la nourriture vers Israël, pas des armes », un article du Soir du 21 novembre révélait que du matériel destiné à la confection d’explosifs provenant des États-Unis avait encore transité par Liège ce même 8 novembre! De plus, le 11 octobre, le ministère israélien de la Défense lui-même tweetait avoir reçu une livraison d’armes en provenance d’un avion-cargo immatriculé 4X-ICA appartenant à l’entreprise Challenge… qui avait décollé de Bierzet le 8 octobre à 17h06 !

Cette entreprise fleurissante peut compter sur le soutien des autorités belges qui lui octroient régulièrement des permis de livrer du matériel électrique servant à la confection d’explosifs ou encore de balles en plastiques destinées à la police israélienne qui réprime aujourd’hui l’opposition au gouvernement d’extrême-droite de Netanyahou. L’entreprise livre par ailleurs en Europe des marchandises extorquées aux populations palestiniennes des colonies, comme par exemple des tonnes de fleurs ayant bénéficié de l’appropriation des ressources aquifères des territoires palestiniens.

Selon l’Association Belgique-Palestine, Challenge a pu développer sa filiale ACE à Liège sous l’œil bienveillant d’une délégation du gouvernement belge envoyée en 2017 en Israël, et menée par le premier ministre de l’époque, Charles Michel (MR). L’entreprise fait aussi partie d’un consortium (avec Instro, de nombreuses filiales d’Elbit, Motorola et d’autres entreprises) financé via le 7ème programme cadre européen (projet Idetct4All). Challenge bénéficie également de règles très flexibles, comme par exemple l’absence de contrôle en cas de non-transbordement des avions en transit se posant à Liège. Que transportent ces avions ? Des fleurs exotiques ou des drones ? Nous pouvons dès lors questionner la responsabilité du gouvernement actuel, qui se montre si partisan d’un cessez-le-feu, et qui se rend pourtant complice du développement d’une telle entreprise de mort.

Le devoir de la classe travailleuse dans le conflit

Force est de constater que ce sont les travailleur.se.s, directement au contact de ce matériel militaire, qui sont les mieux placé.e.s pour empêcher son envoi. La tradition anti-guerre du mouvement ouvrier est riche, pensons notamment à la révolution allemande de 1918 ou encore à la grève de 1949 organisée par la CGT à Marseille contre la guerre d’Indochine. Il a un rôle décisif à jouer dans la lutte contre l’impérialisme israélien.

Le blocage du transport de l’armement ne peut pas être simplement laissé à l’initiative des travailleur.euse.s à titre individuel. Le mieux est de discuter de la meilleure manière de concrétiser l’appel des syndicats palestiniens en assemblées générales du personnel, autour des délégations syndicales. De multiples initiatives peuvent être prises, avec le soutien d’autres délégations syndicales et celui de comités de solidarité locaux, à l’image du Collectif Liège-Palestine Solidarité nouvellement créé.

Dans les secteurs qui ne sont pas directement concernés, des motions de solidarité peuvent être votées pour assister l’établissement de la confiance vers de telles actions de blocage. Les délégations syndicales devraient aussi discuter de participer aux comités de solidarité locaux ainsi qu’aux manifestations et actions avec leurs banderoles syndicales, en tant que délégations d’entreprises.

C’est une étape nécessaire dans la construction d’un mouvement de masse international en faveur de l’émancipation nationale et sociale du peuple palestinien ainsi que contre la militarisation grandissante de nos États et leurs politiques impérialistes. L’expropriation et la nationalisation du secteur militaro-industriel sous contrôle et gestion des travailleur.euse.s est l’unique solution pour abattre les prétentions des profiteurs de guerre et reconvertir les entreprises d’armement pour une production socialement utile. Les technologies actuelles permettent de le faire aisément. Les travailleur.se.s de Belgique ont aujourd’hui une occasion importante de se montrer solidaires du peuple palestinien dans le cadre d’un combat qui vise à mettre un terme au règne du capitalisme qui s’épanouit sur la haine, l’exploitation et l’oppression.

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