L’extrême droite, c’est l’opposition antisociale au féminisme et aux droits des LGBTQIA+
« Réduire les études de genre et les conneries sur les transgenres », voilà la façon dont les universités flamandes peuvent résoudre leurs graves déficits budgétaires selon le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken.
Par Emilia (Gand)
Ces dernières années ont été marquées par une riposte antiféministe et par une multiplication de lois, déclarations et violences queerphobes et plus particulièrement transphobes. Aux États-Unis, la législation sur l’avortement a été abrogée et l’oppression juridique des personnes transgenres s’est accrue. Ce vent terriblement désagréable souffle également sur l’Europe et la Belgique. Il est alimenté par des organisations traditionnelles d’extrême droite mais aussi, par des influenceurs masculinistes comme Andrew Tate.
Le racisme n’est jamais une réponse au sexisme
Le Vlaams Belang prétend protéger les femmes. L’extrême droite impute l’augmentation du nombre de signalements d’agressions sexuelles aux seuls musulmans. Sa prétendue préoccupation pour les droits des femmes et leur émancipation n’est qu’un prétexte pour promouvoir le racisme.
Le programme du VB autour de « l’émancipation des femmes » se résume à des déclarations islamophobes et à l’oppression des personnes portant le voile. Son programme est résolument hostile à toute émancipation. Il souligne l’importance de la «famille nucléaire» et des stéréotypes de genre. Il est bien question d’un revenu parental – uniquement pour les mères ! – mais cela n’existe que dans la perspective de la production de bons « enfants flamands ». Concernant le manque de moyens des secteurs de la petite enfance ou de l’aide aux séniors, le Vlaams Belang reste silencieux dans toutes les langues.
Une haine aux conséquences très concrètes
Le Vlaams Belang insiste sur le danger de « l’activisme de genre » qui va de l’éducation sexuelle dans les écoles aux passages piétons arc-en-ciel en passant par les lectures effectuées par des drag-queens, comme s’il y avait une mafia transgenre derrière tout cela.
De premières actions transphobes ont eu lieu en Belgique l’année dernière quand Dries Van Langenhove et son groupe Schild en Vrienden sont venus manifester à Bruges. Sur leurs pancartes, on pouvait lire : « L’idéologie du genre, c’est de la pédophilie », rhétorique dont a fait sienne le Vlaams Belang. Ce langage peu subtil est extrêmement préjudiciable et a bien des conséquences.
Le Vlaams Belang s’oppose également à tout enseignement intégrant la dimension de genre qui pourrait aboutir à une plus grande tolérance. Il dénonce l’utilisation de tout outil pédagogique tel que des figurines utilisées pour expliquer que le sexe biologique, l’identité de genre et l’apparence ne coïncident pas toujours. Selon le Vlaams Belang, on ne peut pas nier la biologie : il n’y a que 2 genres et ton genre et il correspond à ce qu’il y a entre tes jambes. Ils s’accrochent obstinément à des idées réfutées par les biologistes : les personnes intersexuées sont reconnues. Mais bien sûr, cela n’a aucune importance.
La normalisation de ce discours homophobe et transphobe engendre la violence. Il y a quelques semaines, il y a eu un cas de gay bashing à Gand. Dans l’enseignement francophone, des violences ont eu lieu contre les cours d’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle avec également des rassemblements qui ont dénoncé « l’endoctrinement » des enfants.
L’enseignement est un important moyen de promotion de l’égalité des chances et de traitement pour chaque élève. Si nous voulons lutter contre la culture du viol, ces combats et ces discussions doivent également être menés dans les écoles. Une société inégalitaire où règnent le manque de moyens et la polarisation, cela se reflète également dans l’enseignement.
L’unité dans la lutte
La croissance de l’extrême droite est ressentie par différentes couches de la société. Mais une chose est claire : si nous voulons contrer l’extrême droite et lutter contre la propagande antiféministe et anti-LGBT+ du Vlaams Belang, nous devons le faire ensemble.
On ne peut pas lutter efficacement contre l’oppression si l’on reste délibérément aveugle à certaines de ses formes. Les «TERFS» (trans exclusionary radical feminists) prétendent être féministes, mais se rangent du côté de l’extrême droite sur plusieurs points. La division joue en faveur de la classe dirigeante. La solidarité est d’autant plus importante !
Notre féminisme doit être inclusif pour les LGBTQIA+ et les Pride doivent être distinctement féministes. Il ne fait aussi aucun doute que notre lutte pour le féminisme et les droits des personnes LGBTQIA+ est antifasciste.
Le 25 novembre, la journée internationale contre les violences à l’égard des femmes et nous manifesterons le lendemain, dimanche 26, à Bruxelles. Depuis le début du mouvement #MeToo, nous avons assisté au développement d’une résistance antiféministe. La violence fondée sur le genre est toujours très présente. Le risque s’est même accru pour certaines femmes : les femmes queers, les femmes trans, les migrantes, les réfugiées et les femmes vivant dans des zones de conflit. Lorsque nous descendrons dans la rue le 26 novembre, nous nous battrons pour toutes ces femmes ! En tant qu’homme, femme ou autre appartenant à la classe travailleuse en lutte pour un monde meilleur !
MOBILISATION contre le congrès « migration » du Vlaams Belang : Rendez-vous le dimanche 12 novembre à 13h30, place St Pieters à Gand.