Espagne : Izquierda Unida et les élections européennes

Pour un virage à gauche et un programme de rupture avec la Troika et le régime 78

À bas les manœuvres bureaucratiques! Luttons pour la démocratie ouvrière dans les organisations!

Par Socialismo Revolucionario (CIO-Etat espagnol)

Ces derniers mois, le débat a été vif dans les rangs d’Izquierda Unida (Gauche Unie), des syndicats et des mouvements sociaux en général au sujet de la campagne électorale d’IU pour les élections européennes. Ce débat a eu une large portée et a touché à la fois la façon de choisir les candidats et de composer la liste et le contenu politique de la campagne. Dans les dernières semaines du processus, surtout, la question qui a fait débat était de savoir si oui ou non Willy Meyer, actuel eurodéputé d’IU, allait à nouveau être tête de liste.

La récente décision du Conseil Politique Fédéral d’IU a clôturé le débat, pour le moment, avec l’approbation de la majorité d’une liste convenue avec Willy Meyer en tête de liste mais qui comprend également de nouveaux candidats remarquables (et critiques) à des postes importants. Socialismo Revolucionario (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État Espagnol) est partisan de la lutte politique révolutionnaire au sein d’IU, et nous pensons que les marxistes peuvent tirer d’importantes leçons de cet épisode.

Une bureaucratie qui passe par dessus la volonté de ses membres 

Ce débat a produit un changement important dans la façon dont IU met au point des listes électorales. Un processus de consultations et de référendums dans différentes fédérations a ouvert la voie à des discussions sur la composition des listes. Il s’agit bien sûr d’un changement bienvenu vers une plus grande démocratisation de l’organisation. Mais, cela a clairement été le fruit non d’un changement de conviction au sein de la direction d’IU mais bien de la pression de la base. C’est un reflet au sein d’IU des revendications et des méthodes de la démocratie ouvrière et du contrôle de la base de travailleurs qui ont caractérisé d’ailleurs les luttes ouvrières et sociales significatives de la dernière période (la lutte des balayeurs de la ville de Madrid, la grève des travailleurs de Panrico à Barcelona, la résistance des habitants du quartier de Gamonal à Burgos contre le plan de “développement” du gouvernement, etc). Au cours des dernières années, nous avons vu l’esprit des assemblées se répandre de plus en plus dans la société. Mais surtout le résultat du processus – la liste agréée par le CPF – nous montre que ce changement a été insuffisant.

Dans ce processus de consultations et référendums parmi les membres (et également ouvert aux sympathisants dans certaines fédérations) s’est révélée l’expression d’une large opposition au renouvellement de Willy Meyers comme tête de liste. Cette opposition – très positive selon nous – est due au fait que Willy Meyer, militant historique du Parti Communiste Espagnol, depuis des décennies à la direction du PCE et d’IU, représente pour bon nombre de gens le pire d’IU. Collaborateur du pactisme et du bureaucratisme, il est l’un des grands défenseurs du pacte entre IU et la social démocratie (PSOE) en Andalousie. Dans cette ligne, les propositions de candidatures alternatives – parmi lesquelles se distinguent la députée Valencienne Marina Albiol et l’activiste bien connu Javier Couso de Madrid – ont été remarquables de par leur défense d’une position clairement anticapitaliste avec une orientation vers la lutte de la classe ouvrière et populaire dans les rues et les entreprises.

Le débat a révélé plus précisément révélé le désir existant parmi de nombreux membres d’IU et de nombreux activistes autour d’eux d’un virage à gauche et vers la rue à l’intérieur d’IU. Comment est-ce malgré tout possible que Willy Meyer soit à nouveau tête de liste ? Cela s’explique par le poids de l’appareil d’IU, notamment dans les fédérations en Andalousie et à Madrid, et de l’appareil du PCE au niveau de l’État. Cela illustre l’existence d’une bureaucratie qui passe au-dessus de la volonté des membres et sympathisants d’IU et qui, à l’heure actuelle, se croit capable de déterminer la direction des événements dans l’organisation.

S’organiser pour réclamer la démocratie ouvrière

Il s’agit clairement d’une situation insupportable qui doit être combattue par la base et par l’aile gauche du mouvement. Nous devons exiger que les processus de consultations et référendums des militants soient contraignants et surveillés par des organismes indépendants et représentatifs des membres.

En outre, étant donné le contexte social d’augmentation de luttes combatives ouvrières et sociales, luttes que nous voulons aider à organiser tout en leur offrant une voix politique, ces processus devraient être ouverts à la périphérie sociale d’IU pour renforcer les liens entre l’organisation et les couches avancées de notre classe dans la lutte. Cette participation impliquerait la convocation d’assemblées ouvertes aux membres et aux sympathisants afin de débattre et de voter, et devrait être approchée du point de vue d’une lutte pour affilier aux rangs d’IU toute une couche de milliers de militants.

Pour organiser la mise en oeuvre de cette méthode, une unité de coordination du “secteur critique” d’IU au niveau de l’État est indispensable, afin de mener à la fois la lutte pour une démocratie ouvrière dans l’organisation, pour un fort virage à gauche et pour un programme de rupture avec le régime du 78 (le régime politique de développement capitaliste en Espagne après la dictature) et la Troika.

Bien que l’inclusion de Marina Albiol et Javier Couso dans la liste représente une percée pour les secteurs les plus critiques et combatifs de l’organisation, nous croyons que le fait de ne pas avoir présenté une liste alternative au CPF à celle conduite par Willy Meyer dès le début du débat est un erreur, car une liste alternative aurait servi de premier pas vers le développement d’un large secteur à gauche au sein d’IU. La feuille de route pour mettre clairement des politiques révolutionnaires en première ligne du mouvement ouvrier ne passe pas toujours par des consensus, mais parfois par la lutte entre deux camps opposés.

Pour une aile gauche critique armée d’une perspective révolutionnaire

Pour Socialismo Revolucionario, les discussions sur les questions organisationnelles – même si elles peuvent dévoiler beaucoup de l’orientation politique de chacun – sont secondaires face aux débats politiques concernant le programme et les perspectives politiques.

Dans ce sens, la perspective politique de l’appareil d’IU déterminé à imposer la candidature de Meyer – celle d’un gouvernement de coalition avec le PSOE – est celle contre laquelle il faut lutter, le plus largement possible, avec une aile critique à l’échelle de l’État capable de rassembler tous ceux qui veulent lutter contre cette perspective et pour une perspective d’indépendance de classe dans la lutte pour renverser le PP et imposer une alternative ouvrière.

Nous soutenons que cela ne pourra seulement avoir lieu qu’en lien avec une perspective révolutionnaire de lutte pour un gouvernement des travailleurs de rupture anticapitaliste qui appliquera des politiques socialistes, notamment l’instauration de la propriété publique des secteurs clés de l’économie, sur un base de démocratie ouvrière.

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