La catastrophe survenue à l’hôpital Al-Ahli Al-Ma’amadani, dans le centre de la ville de Gaza, est effroyable. L’explosion dans la cour de l’hôpital a eu lieu le mardi 17 octobre, alors que 5.000 personnes fuyant d’autres parties de la bande de Gaza y avaient trouvé refuge, avec un grand nombre de blessés, de secouristes et de personnel soignant. Au moment où nous écrivons ces lignes, on estime que 500 Palestiniens ont perdu la vie dans ce qui est l’événement le plus meurtrier dans la bande de Gaza depuis 2008.
Par Michael Kurtzer et Yasha Marmer (Mouvement de lutte socialiste, section d’ASI en Israël-Palestine)
Aucune partie indépendante n’a pour l’instant réussi à déterminer avec certitude la source directe de l’explosion dans la cour de l’hôpital. Le contexte est toutefois clair : la décision politique du gouvernement Netanyahu, Ben Gvir et Ganz, soutenue par l’état-major militaire, de lancer une offensive sans précédent contre Gaza couplée à un blocus désastreux.
Netanyahou, son gouvernement et le chef de l’armée ont cyniquement rejeté toute responsabilité dans cette atrocité. Trois jours avant l’attaque de l’hôpital, l’armée israélienne a demandé au Croissant-Rouge palestinien d’évacuer l’hôpital Al-Quds dans la ville de Gaza. Cela indique clairement que les installations médicales de la bande de Gaza sont prises pour cible.
Plusieurs versions « officielles » israéliennes de la catastrophe sont contradictoires. À tout le moins, le changement précipité de versions indique que des conclusions ont été tirées avant qu’une enquête approfondie n’ait eu lieu. Par ailleurs, un porte-parole de l’armée israélienne a admis que l’armée de l’air avait mené des attaques dans la région à peu près au moment de l’explosion. Le Washington Post fait état d’une vidéo où l’on entend un bourdonnement avant l’explosion, probablement celui d’un avion.
L’enquête sur la catastrophe de l’hôpital doit être totalement indépendante du gouvernement Netanyahou, de l’armée et des services de sécurité israéliens, qui ont tous intérêt à se décharger de toute responsabilité. Ce fut le cas dans le passé lorsque des écoles ou des hôpitaux ont été bombardés, ou encore lorsque la journaliste Shireen Abu Akleh a été tuée à Jénine l’année dernière.
L’une des méthodes utilisées pour nier toute responsabilité consiste à transformer les atrocités en événements isolés. Mais est-il possible de dissocier l’explosion de l’hôpital de la pluie de bombes sans précédent qui s’abat sur Gaza ?
Le choc et l’horreur ressentis par les gens ordinaires en réponse au massacre de l’hôpital ont déjà conduit à des manifestations de solidarité à travers le Moyen-Orient et dans le monde. Le soir de l’attaque de l’hôpital, des manifestations spontanées impressionnantes ont eu lieu en Égypte, en Jordanie, en Turquie, en Libye, en Tunisie, au Maroc, au Liban et ailleurs.
L’Autorité palestinienne, dirigée par le Fatah, a décrété une journée de deuil. Cependant, lors des manifestations de solidarité à Jénine et à Ramallah, des unités de police de l’Autorité palestinienne ont tiré sur les manifestants. Cela souligne une fois de plus le rôle de l’Autorité palestinienne en tant que sous-traitant de l’occupation. Lors de la manifestation de Ramallah, des slogans ont également été scandés contre Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Des manifestations de masse au Moyen-Orient et dans le monde entier, et des deux côtés de la ligne verte, pourraient contraindre le gouvernement Netanyahu-Ben Gvir-Ganz à mettre fin à la guerre de vengeance.