Dans une interview de rentrée (Le Soir, 13 septembre), l’administrateur délégué de la FEB (Fédération des entreprises belges) Pieter Timmermans avertissait: attention, on va trop loin dans les mesures pour le climat ! Mais trop loin avec quoi ? Où ? Comment ? La catastrophe climatique est là, les records de températures sont battus d’année en année, mais le représentant des grands patrons du pays s’exclame : calmons-nous les gars, il ne faudrait tout de même pas toucher aux marges bénéficiaires. Ce n’est pas seulement absurde, c’est criminel.
Par Constantin (Liège)
C’est ce genre de personnage qui dicte les priorités des autorités publiques. C’est ainsi que, en 2020, la Belgique a octroyé près de 13 milliards d’euros (12.919 millions exactement) aux énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz fossile), soit 2,8 % de la totalité des richesses produites en un an dans le pays.(1) C’est l’équivalent de 1.118 euros par personne, nouveau-nés compris. Et on nous parle de manque de moyens pour nos écoles ou nos soins de santé ? Question de priorités …
Les autorités belges se sont pourtant engagées à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 47% en 2030 par rapport à 2005 dans les secteurs non-industriels et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Ça, c’était pour la galerie, sous les projecteurs à l’occasion des grands sommets internationaux. Dans la réalité, les autorités (y compris les partis « verts ») font un gros « fuck » à la planète et à la population.
À travers le monde, selon le Fonds Monétaire International, les subsides aux énergies fossiles ont atteint le montant record de 7.000 milliards de dollars l’an dernier, soit 7,1% de la richesse produite sur l’année. En 2019, une étude des ONG Corporate Europe Observatory, Food and Water Europe, Friends of the Earth Europe et Greenpeace EU avait dévoilé que les multinationales pétrolières BP, Chevron, ExxonMobil, Shell, Total et des groupes de pression alliés ont dépensé plus de 250 millions d’euros pour des campagnes de lobbying « destinées à retarder, affaiblir et saboter l’action en faveur du climat » entre 2010 et 2018. Elles avaient plus d’une réunion par semaine avec des responsables de la Commission européenne. Un investissement rentable.
L’industrie fossile nous vole tout d’abord par la spéculation sur les prix de l’énergie, ensuite elle dépouille la collectivité par les subventions publiques et, enfin, elle détruit l’environnement, dérobant ainsi à l’humanité les conditions de son existence sur Terre. Il n’y a pas pire voleur. Ces criminels climatiques doivent être expropriés, tout d’abord pour les empêcher de nuire, mais surtout pour assurer que leurs gigantesques moyens soient consacrés à la transition verte tout en garantissant des tarifs abordables à la population.
Nous avons besoin d’investissements publics colossaux dans les énergies renouvelables, dans la reconstruction des écosystèmes, dans l’urbanisme et la gestion du territoire pour nous adapter à la crise climatique et dans les services publics (services d’urgence, soins de santé…).
« L’écologie sans lutte de classe, c’est du jardinage… »
Le slogan est devenu populaire ces dernières années. Et c’est effectivement de ça qu’il s’agit, d’une lutte intense menée par celles et ceux qui produisent la richesse par leur travail contre celles et ceux qui possèdent les grands moyens de production et d’échange.
La crise climatique provoque des déplacements massifs de populations. L’extrême droite s’emparera de la question pour défendre son agenda xénophobe. La classe capitaliste ne s’y opposera pas, trop contente de voir notre classe sociale divisée par un racisme nourri par le désarroi. La lutte pour le climat et l’environnement est aussi une lutte contre les oppressions.
Lors de la manifestation nationale pour le climat le 3 décembre, nous serons présents avec un bloc antifasciste, anticapitaliste et résolument combatif, rejoignez-nous !
1) https://www.lecho.be/dossiers/climat/la-belgique-consacre-13-milliards-d-euros-de-subventions-aux-energies-fossiles/10488323.html