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Rendez-vous: 24/09/23
Non, le Vlaams Belang n’est pas un parti social !

Le 24 septembre 2023, le Vlaams Belang tiendra un congrès socio-économique à Affligem. Il cherchera à s’y présenter comme un parti « social », pour autant qu’on soit Flamand. Le parti tente de soigner sa popularité auprès de l’électorat dont les conditions de vie sont mises à mal par les années de politiques antisociales. Réductions des allocations sociales, aggravation des conditions de travail et autres mesures néolibérales ont laissé des traces. Le vernis de « social » du parti est une pure invention. Dans les faits, son programme et son comportement aux parlements démontrent sans le moindre doute possible que le VB est tout aussi antisocial au niveau socio-économique que n’importe quel autre parti procapitaliste.

Par Nils (Gand)

Dans les années 1980 et 1990, le VB était fier de se profiler comme parti néolibéral pur et dur. Il défendait l’augmentation de l’âge de la pension, l’abolition de l’indexation automatique des salaires et allocations, la généralisation des bas salaires, une plus grande flexibilité au travail et, parallèlement, une avalanche de cadeaux fiscaux pour les grandes entreprises. En 2005, le journal De Tijd – que l’on peut difficilement soupçonner de sympathies gauchistes – décrivait le programme socio-économique du VB de l’époque comme « du néolibéralisme avec l’indépendance de la Flandre comme mesure passe-partout. » Après la récession de 2008, l’extrême droite flamande s’est adaptée. Elle défend toujours les intérêts patronaux, mais elle les présente sous un emballage social trompeur.

Le VB reste le parti antisocial par excellence. À l’occasion des élections de 2019, il semblait opposé au relèvement de l’âge de la retraite à 67 ans et en faveur d’une pension minimale de 1.500 euros. Poudre aux yeux. Le VB liait explicitement l’âge de la retraite au nombre d’années et d’heures travaillées et il fallait 40 ans de carrière (66.000 heures travaillées) pour obtenir une pension minimale. Concrètement, seules les personnes travaillant à temps plein auraient eu droit à cette pension minimale ! Comme les femmes sont plus nombreuses à travailler à temps partiel (40,7 % de celles-ci selon Statbel), la proposition du VB était donc également très discriminatoire envers elles.

Le VB n’a pas bougé d’un iota sur ce terrain. Il a toutefois adapté le montant qu’il préconise pour une pension minimale à 1.650 euros, une correction qui ne reflète même pas l’inflation. Et quand le gouvernement De Croo a présenté sa réforme des pensions, qui s’attaque frontalement à celle des fonctionnaires, le VB l’a qualifiée de « rouge foncé ». Pour la droite et l’extrême droite, les conditions d’accès à une pension minimale ne sont jamais assez strictes.

Dans chaque domaine, le Vlaams Belang ne sert qu’une partie de la population : les riches ! En 2017, le VB a voté en faveur du renforcement de la fameuse loi de 1996 sur la norme salariale qui assure le gel des salaires. Le parti prétend pourtant défendre le pouvoir d’achat du « Flamand ordinaire »… Par contre, quand une législation a été présentée au Parlement européen portant sur la création d’une liste noire des États membres qui sont des paradis fiscaux et d’un cadastre des impôts payés par les multinationales, les élus du Vlaams Belang s’y sont opposés. Le Vlaams Belang et la N-VA ont été les seuls partis belges à voter contre l’introduction d’un salaire minimum européen. Ce salaire minimum aurait augmenté les salaires, en particulier en Europe de l’Est, mais cela aurait découragé les délocalisations vers ces pays ou les pratiques de dumping comme l’importation de travailleurs temporaires. Le VB clame vouloir protéger le « peuple flamand » de ces deux problèmes, et aime y injecter des fables xénophobes, mais il soutient activement la poursuite de ces pratiques(1).

Le VB fait tout ce qui est en son pouvoir pour garantir les profits des très riches aux dépens de notre sécurité sociale avec toutes sortes d’avantages fiscaux, mais aussi en s’attaquant aux principales lignes de défense du mouvement ouvrier. Le Vlaams Belang est un parti résolument antisyndical. Il veut réduire autant que possible le pouvoir du mouvement ouvrier organisé, afin de laisser le champ libre aux patrons. Il veut imposer la personnalité juridique aux syndicats, ce qui les obligerait, entre autres, à rendre publiques les caisses de grève (au grand bonheur des patrons). Il veut également retirer aux syndicats le paiement des allocations de chômage.

Pour tous ses problèmes, le VB pointe du doigt les « étrangers ». Les migrants constitueraient la plus grande calamité de notre société, alors qu’ils sont victimes du système capitaliste tout comme le reste de la population. Par contre, pas un mot sur les grands profiteurs capitalistes qui engloutissent des milliards. Derrière le masque du « peuple » se cache un parti chien de garde du capital. Le VB botte en touche dès qu’il s’agit de s’en prendre aux plus riches. C’est parfaitement délibéré. L’extrême droite aide à monter les différents groupes de victimes de ce système antisocial les uns contre les autres afin que le cœur du problème, le capitalisme, soit protégé de toute remise en question.

Si le congrès socio-économique du VB se déroule sans riposte, il aura plus facile à répandre ses mensonges pour gagner le soutien des travailleurs et des jeunes. Cela fait partie de sa stratégie pour s’assurer une victoire électorale retentissante le 9 juin prochain. Les syndicats et la gauche ont un rôle central à jouer pour faire tomber les masques.

Il faut une alternative sociale cohérente aux politiques antisociales. Il faut partager les richesses, pas diviser les travailleurs ! Et pour redistribuer cette richesse, la classe travailleuse doit elle-même en prendre le contrôle.

(1) https://lavamedia.be/het-asociale-stemgedrag-van-extreemrechts-30-voorbeelden

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