Femme, vie, liberté ! Un an après le meurtre de Jina Amini, la lutte continue !

Tract d’ASI et du réseau international féministe socialiste ROSA préparé à l’occasion de la manifestation de solidarité qui a lieu à Vienne ce 16 septembre

Un an s’est écoulé depuis l’assassinat brutal de Jina Amini par la « police de la moralité », qui a déclenché l’une des vagues de protestation les plus radicales et les plus larges de l’histoire de l’Iran contre la violence, l’oppression et la dictature. Les femmes et les jeunes étaient en première ligne de ce combat. Ils et elles ont inspiré non seulement des couches plus larges de travailleuses et travailleurs en Iran, mais également des millions de femmes à travers le monde. Aujourd’hui, les forces de l’État ont désespérément intensifié leur répression pour tenter d’empêcher les masses courageuses de descendre à nouveau dans la rue. Mais malgré les arrestations, les exécutions et les intimidations, les protestations n’ont pas cessé.

La courageuse féministe, journaliste et militante ouvrière Sepideh Qolian a décrit dans une lettre les horreurs de son emprisonnement tout en précisant : « Les échos de ‘Femme, Vie, Liberté’ peuvent être entendus même à travers les murs épais de la prison d’Evin. »

Pas de retour en arrière possible

Les manifestations de rue se sont poursuivies et renouvelées au Kurdistan, au Khuzestan, au Sistan et au Baluchestan. D’autre part, des travailleurs et travailleuses se sont mis en grève au printemps dernier contre la fermeture de leur entreprise. Au printemps, des grèves ont éclaté dans plus d’une centaine de lieux de travail pour exiger une augmentation des salaires. Les retraitées et retraités continuent quant à eux de protester contre les effets insupportables de la crise économique. Ce n’est qu’une question de temps avant que le mouvement révolutionnaire ne se réveille et ne proclame, à la suite de Rosa Luxemburg : « J’étais, je suis, je serai ».

Aujourd’hui, des femmes attendent que la police de la moralité les intimide pour avoir l’occasion de riposter verbalement et physiquement. Les arrestations et intimidations de la part des forces de l’État sont désormais régulièrement suivies d’une riposte spontanée, femmes et hommes se réunissant en une foule en colère visant à empêcher l’arrestation.

La révolte courageuse des masses, menée par des jeunes femmes et des jeunes hommes, qui a conduit l’Iran au seuil de la révolution, ne sera pas oubliée par celles-ci. Au contraire, elle sert de base à une nouvelle vague du mouvement, qui se soulève à nouveau pour exiger la libération de tous les prisonniers politiques, la fin des brutalités policières et de la répression, ainsi que le renversement de l’ensemble du régime. Les mollahs ont clairement indiqué qu’ils ne feraient aucune concession. Tous les fils de l’État et de l’économie iraniens convergent entre leurs mains et ils ne renonceront pas volontairement au pouvoir et à la richesse. Le renversement du régime brutal des mollahs ne sera possible que par la seule force des masses organisées : toutes les personnes opprimées et en particulier la classe ouvrière, qui a le pouvoir de bloquer l’ensemble de l’économie.

Pour une action indépendante de la classe ouvrière et des personnes opprimées

Nous avons eu un aperçu du pouvoir potentiel de la classe ouvrière, des pauvres et des personnes opprimées à prendre leur destin en main avec la lutte héroïque des travailleurs de l’usine Haft Tappeh, avec les enseignants qui se sont mis en grève, avec les travailleurs du pétrole qui sont entrés en lutte. Les masses elles-mêmes sont la seule force qui devrait décider de l’avenir du pays. L’héritier de la vieille monarchie, Reza Pahlavi, et toutes les forces qui se sont ralliées à lui et à son programme ne représentent aucunement ces masses. Ils représentent la richesse et le pouvoir de l’impérialisme, mettent à l’écart les demandes des minorités et constituent une menace pour le mouvement. Afin d’étendre et de reconstruire le mouvement, nous devons nous assurer qu’ils ne constituent pas la seule opposition organisée au régime islamique. La large alliance et la « charte » formées en février par certaines organisations indépendantes de travailleurs et d’étudiants montrent les étapes nécessaires : une action coordonnée et organisée à partir de la base sur la base d’un programme et de revendications communs.

Construire la lutte pour la liberté de la vie des femmes dans le monde entier

Construire une véritable solidarité internationale d’en bas avec le peuple iranien : protester dans les rues, exiger de nos syndicats qu’ils prennent position, construire des groupes de solidarité en exil et, par ce biais, résister à toute forme d’intervention impérialiste. Les classes dirigeantes et les gouvernements des pays occidentaux ont volé les ressources et entraîné toute la région dans la guerre et la destruction. La course aux profits est leur seul intérêt, que ce soit sous la forme de sanctions qui frappent principalement les plus pauvres ou sous la forme d’accords pourris avec les mollahs. Ces gouvernements parlent hypocritement de solidarité avec les femmes en Iran, alors qu’ils contrôlent eux-mêmes le corps des femmes en interdisant l’avortement, en s’attaquant aux droits des femmes et des homosexuels, ainsi qu’en appliquant des politiques racistes telles que l’interdiction du hijab.

Nos alliés sont les masses qui protestent en Syrie contre le régime réactionnaire, les étudiants et les femmes en Afghanistan qui poursuivent héroïquement la lutte contre les Talibans. Ce sont les masses qui protestent en Israël et en Palestine contre la menace de l’extrême droite et des fondamentalistes religieux. Ce sont les jeunes et la classe ouvrière en France qui protestent contre la violence policière et le racisme, ainsi que contre les difficultés économiques et la pauvreté. Ce sont les femmes, les jeunes et la classe ouvrière du monde entier qui souffrent des formes infinies d’oppression et d’exploitation, qu’il s’agisse de la violence sexiste, des meurtres racistes commis par la police, de la guerre ou de la catastrophe climatique. Le capitalisme est un système mondial qui entraîne le monde entier dans la destruction et l’horreur, y compris la perpétuation de régimes réactionnaires comme celui de l’Iran.

C’est pourquoi la solidarité internationale signifie qu’il faut se battre partout où l’on se trouve, afin de s’assurer que l’appel à la « liberté de vie des femmes » devienne réalité : mettre fin au sexisme, au racisme, à la queerphobie et au système qui les sous-tend. Pour exiger l’égalité totale à tous les niveaux de la société, ce qui inclut la lutte contre les super riches qui volent et exploitent les masses laborieuses, poussés par le système du profit et de l’inhumanité.

Un reportage racontait l’histoire d’une jeune fille. Dans sa classe, elle a enlevé son hijab obligatoire et le professeur a menacé de la renvoyer de l’école pour cette raison. Lorsqu’il lui a demandé son nom, elle a répondu : « Je suis Jina Amini ». Tous les autres élèves se sont levés et ont dit : « Nous sommes aussi Jina Amini ». Cette situation n’est pas exceptionnelle, elle est devenue une lutte quotidienne contre l’une des dictatures les plus répressives au monde. Ce courage et cette solidarité nous donnent une immense inspiration pour lutter pour nos droits, pour nous organiser maintenant et pour construire une force internationale socialiste-féministe.

Construire la lutte pour

L’arrêt immédiat de la répression sanglante, la libération de tous les prisonniers politiques, les syndicalistes et les étudiants, la réintégration de tous les travailleurs anti-régime licenciés et la riposte contre la police, l’armée, les gardiens de la révolution et toutes les forces de l’État ;

Élargir la lutte pour la pleine égalité et la liberté des femmes et des personnes LGBTQIA+ à tous les niveaux : Se débarrasser de toutes les lois discriminatoires et lutter contre toute forme de violence et d’oppression fondée sur le genre ;

Construire des structures combattives et démocratiquement organisées sur les lieux de travail, dans les écoles et dans les quartiers pour résister à la répression et pour discuter du programme nécessaire au mouvement ;

Résister à toute forme d’impérialisme – États-Unis, Chine, Russie – Construire des organisations indépendantes de la classe ouvrière pour lutter en faveur d’une alternative au régime ;

Lutter pour une démocratie réelle : construire une assemblée constituante révolutionnaire par des conseils de travailleurs, excluant toutes les forces qui ont été impliquées dans l’oppression et l’exploitation, afin de remplacer le régime par une république ouvrière socialiste démocratique avec tous les droits, y compris le droit à l’autodétermination, pour tous les groupes nationaux et ethniques.

Construire une solidarité internationale de la classe ouvrière et des féministes socialistes : Organisez-vous avec ROSA et ASI pour aider à construire cette lutte ! Pour une lutte internationale qui remplacera le système capitaliste pourri qui alimente le racisme, le sexisme, l’impérialisme et la guerre par une société socialiste égalitaire, prospère et pacifique !

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Première page de Lutte Socialiste