Quel prolongement politique? FGTB et CSC: rompez les liens avec les partis traditionnels!

Cet automne, il n’y a pas que les négociations salariales qui seront importantes pour les militants syndicaux. Le Congrès de la CSC/ACV vient de se tenir et une enquête va bientôt être organisée parmi les membres de la FGTB flamande sur les rapports avec les partis politiques, le SP.a et le PS en particulier.

Geert Cool

“Partenaires priviligiés”?

Le fait que la FGTB flamande ait annoncé la tenue d’une enquête parmi ses membres résulte directement du mouvement contre le Pacte de Solidarité entre les Générations. Dans la discussion sur la réforme des prépensions, il s’est avéré que les propositions de départ de ce Pacte sont nées dans les cabinets sociaux-démocrates. Et, bien évidemment, les actions contre le Pacte de Solidarité n’ont pas été soutenues par les ‘’partenaires’’ politiques des syndicats.

Si à la CSC les liens s’expriment de manière moins formelle, la FGTB pour sa part est toujours représentée au sein du bureau politique du SP.a et du PS. L’ancienne présidente de la FGTB Mia De Vits a opté pour une carrière au Parlement Européen pour le SP.a. Aux élections communales, elle s’est présentée à Gooik comme tête de liste d’un cartel du SP.a, de Groen… et du très libéral VLD !

Lors de ces mêmes élections, les secrétaires de la FGTB d’Anvers et de Gand, Dirk Schoeters et Mil Kooyman, se sont présentés sur des listes du SP.a. Le nombre de voix de préférence qu’ils ont recueillies – 496 et 651 – a été pour eux une amère déception. Selon Kooyman, cela est partiellement dû au « manque de clarté sur les liens avec le monde politique au sein de la FGTB ». Kooyman craint en fait que ce maigre résultat ait pour résultat que le SP.a ne cherche plus de candidats FGTB pour ses prochaines listes.

Ailleurs, les liens entre la direction de la FGTB et celles du PS et du SP.a sont souvent moins directs, mais les partis socialistes demeurent les ‘’partenaires priviligiés’’. Nous pensons qu’il faut immédiatement rompre ces liens. Un lien avec des partis appliquant une politique néolibérale ne fait pas progresser la lutte pour les intérêts des salariés et de leurs familles. Au contraire, ce lien est utilisé par la social-démocratie pour freiner le développement des mouvements de lutte.

Cela ne signifie toutefois pas que les militants syndicaux doivent plaider pour une position ‘‘apolitique’’. La plupart des revendications syndicales ont un contenu explicitement politique. Afin d’imposer des revendications, un prolongement politique est plus que nécéssaire. Sans cela, la lutte syndicale est plus faible. Mais il faut que ce relais politique soit réel et ne se limite pas à de beaux discours pour abuser de la base des syndicats.

Les directions syndicales acceptent la logique néolibérale

Le problème n’est pas uniquement dans le camp des partis. Au lieu de traduire les revendications des syndicalistes sur le plan politique, les directions syndicales elles-mêmes reprennent la logique néolibérale de leurs partenaires politiques. Le récent accord du ‘‘groupe des 10’’ en est une expression concrète.

Le 20 septembre, les partenaires sociaux ont conclu un ‘’accord de septembre du groupe des 10’’. Lorsque cet accord a été discuté au bureau fédéral de la FGTB le 22 septembre, beaucoup de ses membres n’étaient pas encore au courant qu’en échange du lien entre les allocations et le bien-être avait été acceptée une nouvelle baisse plus poussée des charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires!

L’absence de démocratie interne et de consultation a fait que cet accord a été une nouvelle fois imposé aux syndiqués. Accepter des baisses de charges sur le travail en équipe et sur les heures supplémentaires signifie donner son accord à une nouvelle vague de cadeaux au patronat et à un nouveau renforcement de la flexibilité.

Luc Cortebeeck, le président de la CSC, a déclaré dans Trends/Tendances (13 octobre, édition flamande) que ‘la diminution du temps de travail collectif n’offre aujourd’hui aucune solution. Il vaut mieux que nous réféchissions à la manière de combiner la flexibilité que demandent les patrons à la flexibilité privée dans nos familles ». Il ne s’agit donc plus de formuler des alternatives, mais bien de discuter sur l’emballage des revendications patronales dans du papier « social » !

Cette voie est véritable un cul-de-sac. On peut toujours essayer de modérer ou de colorer en rose l’avidité du patronat, mais tant que les patrons sentiront qu’ils peuvent imposer des choses, il en exigeront toujours plus.

Nous l’avons encore vu avec les déclarations du dirigeant de Volvo Peter Leyman au magazine Vacature (21 octobre). Leyman a expliqué que le Pacte des Générations n’allait pas encore assez loin et a déclaré à propos des salaires que « Nous sommes allés trop loin au niveau de notre bien-être et je crains que nous soyons confrontés à une période de nivellement. (…) Nous ne pouvons pas nous attendre chaque année à la fois à gagner plus, à travailler moins et à trouver les produits les moins chers du monde. »

Il faut un contre-poids

Luc Cortebeeck a raison quand il déclare qu’un contre-poids est nécessaire. Mais on ne construit pas un contre-poids en acceptant – totalement ou partiellement – la logique des adversaires.

Malgré cela, Cortebeeck se rend compte que beaucoup de défis l’attendent. Au congrès de la CSC, il a expliqué que, dans le monde politique, il existe beaucoup de populisme « qui veut ‘’responsabiliser’’ les plus faibles du fait d’être faibles, qui veut substituer la charité à la solidarité et qui veut maintenant, après avoir vendu les bâtiments de l’Etat, vendre également la société sociale aux assureurs du privé. »

Même si la perspective des élections de 2007 va peut-être amener le gouvernement à postposer les attaques les plus dures, cela ne va pas conduire à la fin de l’offensive. Il faudra construire un rapport de force en organisant la résistance à la logique néolibérale.

Les syndicalistes combatifs devront s’organiser en défendant la démocratie syndicale (à l’inverse des accords secrets tels que celui de septembre) tout autant qu’une position combative qui pousse à l’avant les intérêts des salariés et de leurs familles et non ceux du patronat.

Le Comité pour une Autre Politique pourra jouer un grand rôle dans cette lutte.

Beaucoup de militants et de délégués sont déjà actifs en son sein. Sur base des discussions collectives au sein du CAP, nous pourrons également mettre sur pied un réseau de syndicalistes combatifs capable d’exprimer ce qui vit à la base des syndicats et de le renforcer.

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