La Wallonie et Bruxelles sont-elles à l’abri de l’extrême droite ?

Allons droit au but : la réponse à cette question est négative. La Belgique francophone n’est pas une forteresse démocratique impénétrable pour l’extrême droite comme les partis au pouvoir aiment à le présenter. Si l’extrême droite y est à peine organisée, c’est principalement en raison d’un puissant mouvement ouvrier à la riposte antifasciste systématique et de l’existence d’une alternative électorale de gauche sous la forme du PTB.

Le Grand baromètre Ipsos-Le Soir de fin mars a indiqué qu’une majorité de Flamands et de Wallons refusent qu’il y ait plus de places d’accueil pour les réfugiés. Si la situation diffère à Bruxelles, c’est que la crise de l’accueil y est beaucoup plus visible et qu’un mouvement de solidarité avec les réfugiés conséquent a émergé au fil des ans. L’année dernière, un sondage a été réalisé sur la manière dont les Belges voteraient s’ils étaient autorisés à participer aux élections françaises. En Wallonie et en Flandre, Le Pen est arrivée en deuxième position, tandis qu’à Bruxelles, c’est Zemmour qui l’a emporté. Ce ne sont là que quelques indications du potentiel de l’extrême droite dans toutes les régions du pays.

Des tentatives visent à transformer ce potentiel en une force d’extrême droite francophone organisée. Malgré les ressources injectées par les forces d’extrême droite amies de Flandre, de France et des Pays-Bas, « Chez nous » peine à décoller en Wallonie. D’autre part, une tentative d’extrême droite de saboter une lecture de contes inclusifs par des drag-queens à La Louvière le 22 avril a été repoussée avec succès par des antifascistes.

C’est cette riposte et cette mobilisation systématiques – avec l’implication active de forces syndicales – qui font toute la différence. Cela ne suffit pas pour éliminer la propagation des préjugés racistes, sexistes et queerphobes, mais cela complique les capacités de construction des forces d’extrême droite. Ces moments de mobilisation sont également l’occasion idéale de débattre de la manière d’étendre cette résistance contre tout ce qui nous divise dans l’ensemble du mouvement ouvrier.

Nous ne pouvons pas compter sur les partis procapitalistes pour répondre à la menace d’extrême droite. Avec leurs politiques antisociales, ils alimentent le feu qu’ils prétendent vouloir éteindre ! Ils se cantonnent au cadre strict du capitalisme, toujours porteur d’inégalités et de précarité. Leurs politiques antisociales organisent la misère, c’est le terreau sur lequel peuvent se développer la logique de division et les préjugés. C’est pourquoi la riposte antifasciste du mouvement ouvrier repose sur la mobilisation autour d’un programme de changement de société pour en finir avec le « ventre fécond d’où a surgi la bête immonde », pour paraphraser Bertold Brecht.

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Première page de Lutte Socialiste