Algérie: Abdelaziz Bouteflika entame un quatrième mandat

L’instabilité va continuer à croître

Par Serge Jordan, CIO

Du point de vue du pur « suspense », les élections algériennes ont constitué un non-évènement. Les Algériens sont habitués aux mascarades électorales qui appuient le candidat sélectionné dans des circonstances obscures par ceux-là même auxquels on se rapporte largement comme étant « le pouvoir » : les dirigeants du parti au pouvoir (le FLN), les grands magnats du business, mais également les généraux de l’armée et des services secrets, qui essaient tous de tirer les ficelles sur la scène politique selon leurs intérêts personnels.

Abdelaziz Bouteflika, 77 ans, fragile et souffrant, règne sur l’Algérie depuis 15 ans maintenant. C’est le candidat favori des différentes factions de l’élite dirigeante du pays, ainsi que des plus grandes puissances occidentales. Pour ces dernières, la convergence d’intérêts avec le régime algérien revêt une importance stratégique ; à la fois pour poursuivre leurs aventures impérialistes dans la région mais aussi pour sécuriser la vaste source d’hydrocarbures que représente le pays, d’autant plus dans l’actuel contexte de la crise ukrainienne.

Bouteflika a « gagné » un quatrième mandat le 17 avril dernier, obtenant le score officiel de 81,53% des voix. Sa victoire a été annoncée avant même la publication des résultats. Même en considérant que ce chiffre est exact, ceci signifierait toutefois que cinq millions de personnes de moins lui ont accordé leur voix par rapport à la dernière élection présidentielle de 2009. Le taux de participation officiel n’a quant à lui qu’à peine dépassé la moitié de l’électorat.

Ce résultat peine à masquer ni le mécontentement croissant et qui s’exprime toujours davantage parmi des couches de plus en plus grandes de la population algérienne, ni l’effondrement de la popularité de Bouteflika, ni les confrontations qui prennent place au sommet de la société. De manière significative, quelque 463.000 officiers de tous les secteurs des corps de l’armée ont été mobilisés par le régime afin de superviser cette élection ; une indication de la nervosité du régime.

Derrière une façade de pluralisme, un régime autoritaire

Si cinq autres candidats concouraient à la présidentielle au côté de Bouteflika, cette élection ne fut pas différente des autres, avec un candidat favori et un maquillage pluraliste ; les autres candidats ne représentant majoritairement que diverses factions dissidentes d’un régime sclérosé.

Quelques commentateurs ont fait grand cas du soi-disant « seul opposant sérieux » à Bouteflika : Ali Benflis. Ce dernier, qui a obtenu 12,18% des voix (les quatre autres se partageant les 6,3% restants), a critiqué les résultats électoraux en déclarant qu’ils étaient marqués par des « fraudes à une échelle massive ». Benflis s’est profilé durant la campagne comme un candidat indépendant, mais il a pourtant été Premier ministre pendant le premier mandat de Bouteflika et n’est, des pieds à la tête, qu’un pur produit du système : il a son propre réseau de soutiens au sein du FLN et dans l’appareil d’État, et ne représentait en aucun cas une authentique alternative face au régime actuel.

Même Louisa Hanoune, candidate prétendument « trotskiste » du petit Parti des Travailleurs (PT), est connue pour être proche de Bouteflika et son régime. Elle a obtenu 1,37% des voix et fut la première parmi les candidats à formellement reconnaitre les résultats, à appeler au respect de la supposée « volonté du peuple » et à désigner Bouteflika gagnant de l’élection.

En dehors des sphères électorales, on a pu voir une répression systématique des dissidences pendant la campagne : des actions de protestation qui se sont tenues contre le quatrième mandat de Bouteflika ou pour appeler au boycott des élections ont été brutalement réprimées par la police. Une station de télévision privée a été fermée pour avoir mis en question la réélection de Bouteflika et le gouvernement refuse leurs visas à des équipes médiatiques ou des journalistes étrangers qui se montrent trop critiques vis à vis du Président.

Une abstention massive

Cela fait bien longtemps que beaucoup en Algérie et particulièrement la jeunesse ne prêtent plus aucune crédibilité aux processus électoraux du pays tellement ceux-ci sont grotesques et biaisés. La plupart des Algériens n’ont même pas de carte électorale, sachant pertinemment que tout est joué d’avance.

Le taux de participation n’a fait que diminuer ces dernières années. Même le taux officiel d’abstention était cette fois-ci à son plus haut niveau pour une élection présidentielle depuis celle de 1995, avec 49% contre 26% pour celle de 2009. Le fait même que les chiffres officiels, malgré le fait qu’ils soient vraisemblablement gonflés, doivent refléter cette abstention historiquement haute pour paraitre crédibles en dit long sur l’état d’apathie de l’électorat quant à une élection dont la nature factice n’est un secret pour personne.

Tensions grandissantes en Kabylie

Dans la région rebelle de Kabylie, au nord-est du pays, seuls 25% des électeurs se sont déplacés aux urnes, ce qui représente la participation la plus basse de tout le pays. Le jour de l’élection, dans la ville kabyle de Bouira, des jeunes ont saccagé un bureau de vote et ont affronté la police. Au début du mois, des incidents similaires avaient déjà été constatés à Bejaia, la plus grande ville de la région, où des centaines de manifestants ont bloqué les rues. Ils ont brûlé le centre culturel où les partisans de Bouteflika étaient sensés tenir un discours ; les empêchant ainsi de tenir leur meeting. Quelques jours après les élections, les forces de sécurité ont violemment affronté des militants dans la ville de Tizi Ouzou, toujours dans la même région.

La Kabylie est majoritairement composée d’Amazighs , ou Berbères, dont les droits culturels et linguistiques ont été systématiquement violés par le régime algérien nationaliste. Historiquement, cette région est un foyer de résistance et le point de départ de mouvements de masse contre les autorités centrales. Avec une méthode classique de « diviser pour mieux régner », le régime a fait une montagne de la carte d’identité « arabo-islamique » pour s’opposer aux revendications des Berbères. De manière assez typique, Abdelmalek Sellal, qui a été Premier ministre de Bouteflika jusqu’à la mi-mars, a récemment affirmé qu’il n’y avait « pas de problème de minorités en Algérie ».

Dans le cadre de la crise actuelle et dans une atmosphère chargée, les tensions ont toutes les chances d’être ravivées quant à la question nationale, plus particulièrement en Kabylie. Il est vital pour la gauche d’adopter une attitude de principe pour livrer une solution durable face à cette question, ce qui signifie de prendre clairement position pour l’obtention de droits égaux et du droit à l’autodétermination pour la communauté berbère, en liant ceci à la nécessité d’une lutte commune de tous les travailleurs et les pauvres, Arabes et Berbères, pour une transformation socialiste de la société, autant en Kabylie que dans toue l’Algérie.

Barakat

Ce n’est pas qu’en Kabylie que la rage croît. Plus que les élections, les dizaines de mouvements populaires contre la tenue de meetings électoraux à travers le pays et contre le nouveau mandat de Bouteflika sont un bien meilleur baromètre du climat dans de nombreux endroits. Les Algériens font de plus en plus entendre leur mécontentement quant à la corruption parmi l’establishment pourri et la détérioration de leurs conditions de vie.

Un nouveau mouvement, Barakat (« Assez » en arabe) a émergé, gagnant rapidement un certain écho parmi la jeunesse de la classe moyenne sur les réseaux sociaux. En essayant de mobiliser autour d’une opposition au nouveau mandat de Bouteflika, Barakat s’adresse essentiellement à des couches de la classe moyenne. Ils n’abordent pas les problèmes sociaux pressants au cœur des inquiétudes de beaucoup de travailleurs algériens. Ils parlent d’instaurer une démocratie et de se battre pour des élections transparentes, ce qui est correct. Mais les dirigeants de ce mouvement ne remettent pas en cause les fondements économiques du système algérien.

Un mouvement contre le caractère autoritaire et répressif du régime actuel doit s’adresser aux travailleurs, aux pauvres, aux chômeurs, et les mobiliser autour de revendications sociales claires. Ces revendications devraient partir des immenses richesses qui existent dans le pays et expliquer que seule la construction d’une lutte de masse contre le pouvoir économique et politique des oligarques corrompus peut conduire à un changement structurel en faveur des « 99% » de la population.

Un régime en crise

En fait, ces élections ont révélé la crise sans précédent qui frappe le régime. Le « consensus » apparent – et relatif – autour de Bouteflika s’effondre ; des fractures profondes parmi les échelons supérieurs du régimes apparaissent ouvertement. Cela a particulièrement été le cas entre deux centres du pouvoir : l’armée, plus proche du cercle de Bouteflika, et le Département de Renseignement et de Sécurité (DRS) ; qui se sont engagés dans une guerre via les secteurs et organes médiatiques qu’ils contrôlent respectivement.

Ce conflit est un reflet des luttes de pouvoir en cours entre les différentes factions de la classe dirigeante, en lice finalement pour contrôler la richesse du pays ; un combat dans lequel des milliards de dollars sont en jeu.

Depuis l’indépendance en 1962, l’armée et les services secrets ont une mainmise ferme sur les politiciens algériens, surtout suite au coup d’état militaire de Houari Boumedienne en 1965. Le rôle politique de l’armée et des « services » s’est vu renforcé pendant les années 1990, lors de la guerre civile. Ces institutions, après avoir orchestré un coup d’Etat en 1992 contre la victoire électorale du FIS (Front Islamique du Salut, un parti islamiste radical), se sont établies comme forces craintes et toutes-puissantes au cours de leur confrontation avec les insurgés islamistes armés. Cette « guerre totale au terrorisme » fut utilisée pour imposer un règne de terreur où la barbarie de l’armée rivalisa avec la violence des fondamentalistes.

En 1999, les généraux et grands chefs du DRS acceptèrent de placer Bouteflika à la présidence. Après des accusations de fraudes par d’autres candidats, Bouteflika finit par être le seul à contester la présidence, en se présentant comme le candidat de la paix et du consensus ; et gagna une victoire écrasante – bien que frauduleuse.

Jouant sur son propre héritage de vétéran de la guerre de libération coloniale contre l’impérialisme français, s’appuyant sur l’épuisement de la population après une décennie de guerre civile abominable, donnant l’amnistie aux criminels des deux parties du conflit des années 1990, encourageant un culte de sa propre personnalité, réduisant le Parlement à une chambre d’enregistrement, préférant les décrets aux lois, ayant une attitude équilibrée entre les classes sociales et entre les clans dirigeants en concurrence les uns avec les autres, le régime de Bouteflika fut typiquement ce que les marxistes qualifient de régime « bonapartiste ».

Toutefois, la présidence autant que le régime sont devenus de plus en plus fragiles au fil des ans, et la base sociale de Bouteflika, si elle existe toujours parmi une certaine couche, s’est effritée.

Un président sénile

Pendant la campagne, deux chaînes de télévision ont constamment diffusé de précédents discours de Bouteflika pour le montrer en bonne forme. Mais la réalité est très différente. Bouteflika n’est plus qu’un candidat « fantôme » ; il n’a pas assisté à un seul meeting de sa campagne, il lutte pour se lever ou même pour parler. Largement sénile, Bouteflika n’est aujourd’hui rien qu’une frêle figure de proue, un point d’équilibre entre différentes factions de la classe dirigeante. La possibilité qu’il finisse son mandat présidentiel est très douteuse.

Le fait même que tous les clans dirigeants aient finalement accepté d’à nouveau présenter Bouteflika en dit long sur la force des tensions qui les agitent. Chaque faction tente de s’acheter du temps avant que la situation n’atteigne une nouvelle étape ; et Bouteflika n’est essentiellement qu’une feuille de vigne destinée à cacher la crise du régime.

Le vide que laissera au pouvoir la fin du règne de Bouteflika s’accompagnera vraisemblablement d’une période d’instabilité profonde et de batailles féroces concernant l’avenir du pays. Le caractère que celles-ci prendront déprendra du rôle que le peuple algérien et le mouvement ouvrier en particulier joueront dans ces évènements.

La montée des luttes ouvrières

Depuis la vague révolutionnaire qui s’est abattue sur la région, le gouvernement algérien, à la tête de quelque 200 milliards de réserves étrangères emmagasinées grâce au commerce de l’énergie, dépense de grandes sommes en subsides d’État, en crédit à taux réduit et en programmes de logement, tout cela afin de tenter de calmer la montée de la colère sociale.

Cet argent a jusqu’à un certain point pu servir de tampon, mais cette méthode a ses limites dans un pays où les villas en bord de mer, les voitures luxueuses des super riches et l’immense corruption des hauts fonctionnaires contrastent avec un océan d’urgentes nécessités sociales, un chômage de masse et des salaires qui permettent à peine de survivre pour le reste de la population. Alors que l’Algérie vient d’entrer dans le classement Forbes des « Arabes les plus riches du mondes », la moitié des 35 millions d’Algériens ne bénéficient pas de soins de santé appropriés.

« L’argent empêche une explosion sociale généralisée, mais il y a tout le temps des revendications et de petites explosions », relatait un édito de Maghreb Émergent, un site économique algérois.

De plus, le FMI et les pays impérialistes mettent la pression sur le gouvernement algérien pour qu’il mette en place de grandes réformes néolibérales pour encore plus ouvrir le pays aux investissements étrangers et sabrer dans les subventions étatiques ainsi que dans les salaires des travailleurs.

Dans ce contexte, il est très probable qu’une période de lutte des classes renforcée ait lieu. Déjà ces deux dernières années, les Algériens font de plus en plus de manifestations, de sit-in, de grèves ainsi que d’actes de désespoir tels que des émeutes, des grèves de la faim ou des immolations pour faire entendre leurs griefs. Ces derniers mois, il y a eu des grèves au port d’Alger, dans les chemins de fer, à Sonatrach (l’entreprise publique d’électricité), chez Lafarge (le cimentier français), parmi les pilotes de ligne et dans beaucoup d’autres endroits. Certaines zones du pays connaissent quotidiennement des actions de protestation dans les communautés au sujet de questions salariales, pour de meilleurs logements, pour l’accès à l’eau et à l’électricité, etc.

En parallèle de ce processus, la période récente a vu fleurir des syndicats indépendants, ce qui a livré de nouveaux canaux de lutte pour les luttes des travailleurs. Le syndicat officiel, l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA), est en même temps de plus en plus réduit à n’être qu’une courroie de transmission des politiques du régime. Il est largement discrédité aux yeux de la plupart des travailleurs et a, encore une fois, soutenu Bouteflika durant les élections.

Complications

Alors qu’une période d’intensification des luttes est à l’agenda, les choses n’avanceront pas de façon linéaire. La crise sociale est profonde, et le vide est énorme en termes de représentation politique des travailleurs et de la jeunesse.

Le peuple algérien, qui a eu son propre « Printemps » sous la forme d’un mouvement insurrectionnel massif en 1988, a payé au prix fort pendant la décennie qui a suivi le fait de ne pas avoir disposé d’une véritable alternative qui lui soit propre. À l’époque, les islamistes réactionnaires du FIS pouvaient encore catalyser l’outrage ressenti par rapport au régime corrompu et dictatorial car le vide politique prévalait chez les masses. L’orgie de violence qui s’en est suivie pendant la « décennie noire » des années 1990 et pendant laquelle les masses algériennes ont été prises dans le feu d’une guerre civile qui a rapidement tourné au conflit sanglant entre deux ailes de réactionnaires meurtriers en concurrence, souligne à quel point il est vital pour la classe des travailleurs et les masses pauvres d’avoir leur propre voix politique indépendante.

Aujourd’hui, les groupes fondamentalistes et jihadistes en Algérie sont affaiblis et discrédités. D’autre part, il existe une certaine fragmentation et un manque de direction s’agissant de l’aile plus réformiste du mouvement islamique de droite (le MSP, Mouvement de la Société pour la Paix, branche algérienne des Frères Musulmans, qui a soutenu Bouteflika lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1999 et ce jusqu’en 2012, mais a appelé au boycott cette année, probablement pour éviter un nouveau recul électoral).

Cependant, les leçons à tirer du passé algérien sont toujours valables. La situation peut changer très rapidement, et le danger d’un islam politique de droite n’a pas disparu. Les évènements dans le reste du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord démontrent le besoin crucial de construire des organisations de gauche de masse capables de fournir au mouvement un programme combatif et consistant pour l’action révolutionnaire, afin d’éviter aux luttes de masse d’être récupérées par des forces pro-capitalistes, les amis du régime, les sectaires religieux ou des groupes fondamentalistes.

Sans cela, la colère et la frustration peuvent prendre des tournants catastrophiques. Ghardaia, une ville où Arabes et Berbères ont coexisté des siècles durant, fut récemment le théâtre de conflits mortels entre les deux communautés. Il s’agit d’une mise en garde contre le danger de la violence sectaire qui peut resurgir dans certaines parties du pays faute d’un mouvement unifié qui se batte réellement pour les intérêts des masses et s’attaque aux causes profondes des problèmes sociaux.

Après le dur traumatisme de la guerre civile, une couche de la population algérienne continue de craindre l’instabilité qu’impliquerait une remise en cause directe du régime, même si elle peut partager le mécontentement général contre les dirigeants actuels. La peur de l’inconnu et la soif d’un semblant de stabilité restent fortes, surtout parmi les générations plus âgées. Les événements violents qui ont lieu dans des pays comme l’Égypte, la Syrie ou la Libye peuvent renforcer cela, et sont utilisés en ce sens par le régime actuel.

Construire l’avenir

Néanmoins une nouvelle génération de travailleurs et de militants, moins affectés par les défaites du passé, émerge ; donnant un nouvel élan aux luttes des travailleurs, protestations sociales et à une remise en question plus active du régime.

La dictature en Algérie n’est plus ce qu’elle était, et sa stabilité ne repose que sur des fondations précaires. Même les revenus importants du pétrole ne sont pas immunisés aux turbulences économiques du marché mondial, et pourraient exposer le régime à de graves problèmes à l’avenir.

Des sections importantes de la classe des travailleurs prennent conscience de leur propre force, et c’est un important acquis pour le futur. Elles auront besoin de leurs propres organisations pour imposer leur marque sur les évènements à venir.

Les tentatives de différentes factions de la classe dirigeante et des réactionnaires de tous bords de court-circuiter le pays ne peuvent être empêchées que par un mouvement politique de la base, un mouvement qui puisse faire le lien entre la bataille pour les droits démocratiques, le nombre croissant de luttes de quartiers ou de luttes ouvrières, et les revendications justes de la minorité berbère, dans une lutte générale contre le capitalisme et l’impérialisme et pour le socialisme démocratique qui en appelle aux travailleurs et opprimés de tout le reste du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

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