Leur soif de profit nous écrase

  • Investissements publics massifs dans les soins de santé et l’enseignement
  • Semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire

« Nous passons d’une crise des soins de santé à l’implosion ». Telle est la conclusion dramatique, mais malheureusement réaliste, d’un infirmier à qui nous donnons la parole dans notre dossier central. Et que dire de l’enseignement ! Tout ça alors que les besoins en termes de soins de santé et d’enseignement, adaptés aux tendances sociales actuelles (vieillissement de la population, crise de la santé mentale…), augmentent de manière exponentielle. La société craque de partout.

Par Els Deschoemacker, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

Après des décennies de sous-investissement, tous les services publics sont dans un état famélique. Au cocktail déjà dévastateur de charge de travail trop élevée et de bas salaire, s’ajoute maintenant la cherté de la vie. Trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? Impossible. De là l’épidémie d’épuisement professionnel et l’exode du personnel.

Et dans le privé ? La situation n’est pas moins dramatique. La logique de concurrence et la soif de profit des actionnaires ont poussé la direction de Delhaize à passer à l’offensive. Avec la mise sous franchise, elle veut raboter les salaires, aggraver les conditions de travail des salariés et réduire à néant leur capacité s’organiser syndicalement. Salaire de misère, travail précaire, vie de galère. Voilà de quoi sera fait l’avenir dans tous les lieux de travail si nous ne bloquons pas cette avalanche.

Ce ne sont pas les luttes qui manquent. Les travailleurs du secteur des soins de santé sont descendus dans la rue à plus de 20.000 fin janvier. Ils préparent une nouvelle manifestation de masse le 13 juin. L’enseignement francophone a organisé cinq grandes journées de manifestation et de grève en un an, avec à chaque fois plusieurs milliers de représentants des divers métiers de l’enseignement. Depuis le 7 mars, l’actualité a été marquée par les grèves, piquets de grève, manifestations et blocages du personnel de Delhaize. La volonté d’action est réelle mais obtenir une victoire exige d’engager l’ensemble de la société dans ce combat. Le personnel ne sera pas seul à bénéficier d’améliorations dans ces secteurs, cela nous concerne toutes et tous.

La grève nationale du secteur de la distribution soutenue par la manifestation de solidarité interprofessionnelle contre le dumping social et pour la défense du droit de grève du 22 mai était très importante. Notamment en tant qu’étape vers une contre-offensive plus généralisée du mouvement ouvrier. Contre les patrons et les tribunaux, contre les huissiers et les arrestations visant à brutalement interdire de façon préventive les piquets de grève dans tous les magasins et centres de distribution. Mais aussi contre le gouvernement qui veut encore restreindre le droit de manifester et de faire grève avec un nouveau projet de loi !

Nous faisons face à des défis qui ne sont pas minces. Affrontons-les en conséquence. À un an des élections, le mouvement ouvrier doit aussi dresser un bilan de son activité et constater que les démonstrations de force de ces dernières années n’ont pas suffi. Les médias et les partis politiques procapitalistes, à l’intérieur et à l’extérieur du gouvernement, sont restés sourds à nos inquiétudes. Pire, ils se préparaient clairement au retour de la camisole de force budgétaire et à de nouvelles offensives antisociales.

Attendre les élections pour agir ? Ce n’est pas une option ! Le 30 mai, tous les hôpitaux publics bruxellois (IRIS) seront en grève, notamment comme tremplin vers la manifestation du personnel des soins de santé du 13 juin. À la rentrée, il nous faudrait un nouveau plan d’action dans l’enseignement, de préférence tant du côté francophone que du côté néerlandophone. L’enseignement supérieur néerlandophone a déjà lancé un appel à manifester le 12 octobre. D’autres lieux de travail et secteurs devraient suivre. Tout ce que nous ferons pour nous faire entendre avant les élections nous servira une fois celles-ci passées.

Un élargissement de la démocratie syndicale – par la discussion démocratique et le vote d’un cahier de revendications à tous les lieux de travail lié à un plan d’action – peut donner la parole aux millions de travailleuses et travailleurs. Si le mouvement organisé des travailleurs entre en action de toute son énergie et tout son poids pour investir le débat public, il serait possible de réduire l’espace de l’extrême droite et de la droite jusqu’à l’asphyxie. C’est la classe travailleuse, la majorité de la population, qui produit les richesses. C’est sa voix qui compte !

Répondre à la hauteur des enjeux, cela signifie de dégager les moyens publics nécessaires à un plan d’investissement et d’expansion de nos services publics, couplés à une réduction collective généralisée du temps de travail, pour répondre aux besoins les plus urgents, notamment en matière de soins de santé et d’enseignement. Un impôt sur la fortune, tel que défendu par le PTB, permettrait déjà de dégager beaucoup de moyens. Mais il en faut plus. Nous connaissons l’issue : un programme socialiste révolutionnaire liant la revendication d’un impôt sur la fortune à une lutte de l’ensemble de la classe travailleuse pour extraire directement la richesse que nous produisons en nationalisant les secteurs clés de l’économie, où la plus grande partie de la richesse est générée et concentrée.

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Première page de Lutte Socialiste