États-Unis. La droite à l’offensive pour interdire les pilules abortives

Après l’abolition du droit fédéral à l’avortement aux États-Unis, avec l’abrogation de l’arrêt Roe v Wade, la droite poursuit son offensive contre les droits des femmes, au niveau judi­ciaire notamment. Un juge nommé par Trump a interdit la mifépristone, un médicament qui, associé au misoprostol, est le moyen le plus sûr et le plus efficace de mettre fin à une grossesse. Cette combinaison est utilisée dans la moitié des avortements pratiqués aux États-Unis.

Version raccourcie d’un article de Socialist Alternative (ASI-USA)

La décision, prise par le juge conservateur Kacsmaryk, équivaut à une interdiction des pilules abor­tives. La Cour suprême est immédiatement intervenue pour suspendre temporairement certaines par­ties de l’arrêt dans l’attente d’une décision sur le fond. Cependant, il est clair que la Cour suprême n’est pas un allié fiable pour la défense des droits des femmes. C’est elle qui a décidé d’abroger l’arrêt Roe v Wade, ouvrant ainsi la voie à l’interdiction de l’avortement dans les États américains. De plus, le verdict n’a été que partiellement suspendu: l’interdiction d’envoyer les pilules par la poste, par exemple, est maintenue. Il est possible que l’accès général aux pilules abortives soit bientôt considéra­blement restreint. Dans l’ensemble, il est évident que la droite mène une campagne déterminée pour reti­rer les pilules abortives du marché.

La recherche scientifique indique que la mifépristone est extrêmement sûre. Le médicament présente un meilleur bilan de sécurité que, par exemple, le Viagra. Pourtant, le juge Kacsmaryk a invoqué l’inno­cuité présumée de la mifépristone pour justifier l’interdiction. Il s’agit d’une attaque idéologique qui n’a rien à voir avec la sécurité du médicament, mais tout à voir avec le droit des personnes susceptibles de tomber enceintes de décider pour elles-mêmes.

Si l’arrêt de la Cour suprême est incertain, c’est principalement en raison des intérêts des grandes so­ciétés pharmaceutiques qui produisent les pilules abortives. Plus de 600 entreprises pharmaceutiques et biotechnologiques ont signé une lettre de protestation contre l’arrêt interdisant la mifépristone. Il est possible que les profits des grandes entreprises pharmaceutiques soient une pilule trop lourde à avaler pour les juges de droite. Mais ce n’est pas certain: la Cour suprême actuelle est très réactionnaire et déterminée. De plus, si cette attaque contre les pilules abortives échoue, il est certain que d’autres sui­vront.

Une interdiction judiciaire des pilules abortives créerait un vide juridique dans lequel l’administration fédérale de Biden pourrait décider de ne pas appliquer l’interdiction, autorisant ainsi la distribution et la vente de mifépristone. Toutefois, cela entraînerait une grande incertitude quant à ce qui est autori­sé ou pas. Cela ouvrirait la porte à une distribution très difficile des pilules abortives, au moins dans certains États.

Pour garantir la protection juridique des pilules abortives, il faudra exercer une pression sous la forme d’un mouvement. Les protestations se multiplient et les actions de jeunes se multiplient pour défendre les droits des personnes transgenres contre le déluge d’attaques. Après l’abrogation de l’arrêt Roe v Wade, de grandes manifestations ont eu lieu et une majorité large et croissante de la population s’est prononcée en faveur du droit à l’avortement. Il existe donc un potentiel de lutte pour revendiquer le droit à l’autonomie corporelle.

Les victoires ne seront pas obtenues dans les tribunaux, mais dans la rue. Les jeunes femmes, les jeunes et les travailleur.euse.s doivent s’organiser et mener la lutte. Nous devons construire le type de mouve­ment qui rendra impossible l’application d’une interdiction des pilules abortives. Les politiciens et les personnalités de droite doivent craindre des manifestations de masse s’ils osent imposer des sanctions aux personnes qui souhaitent avorter.

Il n’existe pas encore de véritable mouvement actif pour défendre le droit à l’avortement, mais il pour­rait se développer dans le contexte de la guerre générale menée par la droite contre l’autonomie cor­porelle des femmes et des personnes LGBTQIA+. Des Pride combatives peuvent y contribuer en exi­geant clairement des soins gratuits, sûrs, légaux et largement accessibles pour l’avortement.

L’objectif devrait être de rassembler des dizaines de milliers de personnes au sein d’un mouvement dy­namique et visible. Un tel mouvement de masse peut organiser ou permettre la distribution illégale de pilules abortives dans le cadre de la lutte. Cela pourrait contribuer à créer un rapport de force pour stopper les attaques de la droite et imposer des soins publics de qualité pour tous.

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