Antifascisme. Ni les migrants, ni les jeunes queer ne sont responsables des prix au supermarché !

Bloquer l’extrême droite et la haine par la lutte antifasciste !

Y aura-t-il un gouvernement flamand Vlaams Belang / N-VA en 2024? C’est peu probable, mais nous n’en avons jamais été aussi proches. De plus, des coalitions locales peuvent intégrer le VB en octobre 2024. Une extrême droite plus confiante signifiera automatiquement l’augmentation des actes de haine et des incidents violents.

Certains disent que la population flamande est tout simplement de droite. Ce n’est pas notre avis. Het Laatste Nieuws et le Grand sondage de VTM ont sondé l’électorat au sujet de ses principales préoccupations. Le manque d’accès à des logements abordables et aux soins pour les personnes âgées sont arrivés en tête (la hausse des prix n’était pas prise en compte dans l’enquête). L’asile et la migration figuraient loin derrière. Dans toutes les régions du pays, la méfiance et le rejet des partis traditionnels sont particulièrement forts.

L’offensive anti-woke à l’aide de la haine

Avec des responsables politiques traditionnels qui défendent toutes les nuances d’austérité dans l’intérêt des super-riches, cette méfiance est tout sauf surprenante. C’est ce que l’extrême droite exploite pour marquer des points. Elle tente de transformer la méfiance en division. La N-VA ne fait pas autre chose : elle détourne l’attention de ses propres échecs sociaux en luttant contre les moulins à vent du « monstre woke-ness ». Si De Wever s’en prend invariablement au woke-ness, c’est pour rendre suspecte toute opposition à l’oppression et, surtout, pour défendre le système en place.

Entre-temps, les politiques de droite du gouvernement flamand dirigé par la N-VA sont si impopulaires qu’un nouveau gouvernement fédéral de droite, comme ce fut le cas il y a près de dix ans avec Charles Michel, n’obtiendrait pas de majorité aujourd’hui, même du côté néerlandophone. Après les désastres survenus dans les centres d’accueil et la crise de l’enseignement, cela n’est pas surprenant. De Wever peut bien souffler dans sa trompette contre la « cancel culture », ce sont les politiques budgétaires de son propre gouvernement et de son conseil communal qui portent atteinte à la culture. Avec sa guerre culturelle, De Wever tente de mettre tout ça sous le tapis.

La campagne de De Wever donne du grain à moudre à l’extrême droite. À Bruges, un atelier de lecture queer a été perturbé par le Vlaams Belang et Schild&Vrienden. Une campagne de haine a ensuite été lancée contre Dalilla Hermans, désignée pour diriger le projet visant à faire de Bruges la capitale culturelle de l’Europe en 2030. La N-VA a immédiatement pris le train en marche, arguant que ce n’était pas le racisme, mais Hermans elle-même qui polariserait le débat. Le président du parti lui-même a été envoyé aux émissions de grande écoute pour justifier cette position qui ne fera que normaliser la haine d’extrême droite.

Le Vlaams Belang prétend être un parti social, mais sa mince couche de vernis social (particulièrement hypocrite d’ailleurs) n’existe que pour semer la haine et la division avec d’autant plus d’efficacité. La majorité de la population ne digère toujours pas l’idée de travailler jusqu’à 67 ans. Lorsque le mouvement syndical a protesté contre le relèvement de l’âge de la pension, le VB a organisé de petites actions contre les syndicats !

Le VB prétend soutenir le personnel de Delhaize, mais il s’est opposé à proposition au parlement visant à débattre politiquement de l’attaque contre le personnel. Le VB défend la mise sous franchise. L’extrême droite est toujours du côté des patrons, grands et petits.

Ce ne sont pas les réfugiés ou les personnes issues de l’immigration, et encore moins les jeunes queer, qui rendent le caddie de supermarché inabordable. C’est la cupidité des actionnaires des grandes entreprises, pour qui 2,5 milliards d’euros de bénéfices chez Ahold-Delhaize (pardon, Hold-Up Delhaize) ne suffisent pas.

Ne les laissons pas gouverner !

Nous nous opposons à un gouvernement ou à des coalitions locales avec l’extrême droite. L’extrême droite au pouvoir ouvre la porte à encore plus d’attaques contre les travailleurs, les personnes issues de l’immigration, les femmes et les personnes LGBTQIA+. Il suffit de regarder ce que Trump, Bolsonaro, Modi ou Meloni signifient. Un renforcement de l’extrême droite renforce leur haine, nous l’avons déjà vu après la victoire électorale du VB en 2019 qui a été suivie par plus d’incidents de violence, de racisme et de queerphobie.

Nous ne partons pas du principe que la croissance de l’extrême droite est une affaire réglée. L’alternative à celle-ci peut et doit venir de la gauche politique et syndicale. Le mouvement des travailleur.euse.s peut transformer une méfiance légitime en lutte collective et ainsi retourner le débat public. C’est ce qui s’est passé en France. Oui, nous avons besoin d’une bataille d’idées. Mais c’est par la lutte des classes que la bataille d’idées est la plus efficace. C’est alors que l’on voit clairement qui sont nos alliés et qui ne le sont pas.

La menace de l’extrême droite exige une riposte offensive. Nous n’arrêterons pas l’extrême droite en cherchant des fronts démocratiques boiteux avec les responsables des politiques antisociales.

L’extrême droite a pris de l’ampleur dans les années 1990 en capitalisant sur la montée du chômage après les récessions des années 1970 et 1980 et en exploitant les échecs de la gauche, notamment en France au début des années 1980. Nous avons alors défendu l’approche des comités d’action de jeunes et de travailleur.euse.s autour du slogan « Du travail, pas de racisme ! » Nous avons défendu la nécessité de luttes offensives en faveur de revendications sociales et d’un changement de société.

L’approche antifasciste cohérente de Blokbuster reste notre boussole. Aujourd’hui, il faut davantage de logements abordables, de services publics, d’emplois avec des salaires et des conditions qui ne vous obligent pas à avoir besoin de deux ou trois emplois pour joindre les deux bouts. Luttons activement contre toute forme de division, en mettant l’accent sur la lutte contre le sexisme, la LGBTQIA+phobie et le racisme ! Nous avons protesté contre Dewinter dans les universités flamandes, nous avons fait campagne pour Pride is a Protest. Le potentiel de résistance est là. Le 15 avril, même dans la petite commune de Berlaar, une manifestation antifasciste réunissant 80 personnes a été organisée contre une conférence de Dewinter à laquelle assistaient 60 spectateurs.

Notre approche met l’accent sur les thèmes sociaux. Ce n’est qu’en unifiant les luttes de la classe travailleuse que nous pourrons mettre fin aux conséquences des nombreuses crises imposées par le capitalisme. Unifier les luttes et se concentrer sur le changement de société signifie d’aller à l’encontre de tout ce qui nous divise. C’est aussi populariser une alternative au capitalisme. Les inégalités sont le terreau de toutes les pourritures, y compris de l’extrême droite. À l’inverse, nous promouvons une société socialiste qui utilise son colossal potentiel dans l’intérêt de la majorité de la population.

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