Les soins aux mineurs transgenres sous le feu des critiques. Défendons l’accès aux soins!

Depuis plusieurs années, certains États américains dominés par les Républicains s’évertuent à réduire l’accès aux soins pour les mineurs transgenres, dynamique dont la croissance fut exponentielle cette année. Des lois ont été signées dans le Tennessee, le Mississippi, l’Utah, le Dakota du Sud et la Floride interdisant la fourniture de soins médicaux aux mineurs transgenres. Les républicains font valoir que les décisions relatives à ces soins ne peuvent être prises qu’une fois adulte. Dans deux États, elles ne peuvent l’être qu’à partir de l’âge de 26 ans !

Cela signifie que la prescription de bloqueurs de puberté et de thérapies hormonales d’affirmation du genre deviendra punissable. Certains États tentent même de poursuivre les parents qui cherchent à aider leur enfant ! Ce débat prend également de l’ampleur en Europe et en Belgique.

Désinformation et mauvaise interprétation

À première vue, les préoccupations du lobby anti-trans semblent plausibles. Une jeune personne peut-elle consentir en toute connaissance de cause à un traitement susceptible d’avoir un impact sur sa fertilité future ? Le ralentissement de la puberté n’est-il pas dangereux pour le développement physique et psychologique ? Un jeune se sentira-t-il libre d’arrêter les inhibiteurs ?

La réalité de la prise en charge des enfants et des adolescent.e.s de genre différent est beaucoup plus complexe et nuancée. Les inhibiteurs de puberté ne sont prescrits qu’après qu’un.e jeune ait été conseillé et soutenu par une équipe multidisciplinaire au cours d’une longue période. La puberté biologique doit également avoir commencé. Les parents sont impliqués dans la réflexion sur les avantages et les inconvénients de l’inhibition de la puberté. Les effets négatifs qui suscitaient des inquiétudes sur le plan médical (telle que la croissance osseuse) semblent être compensés par la suite, une fois que l’on passe à des hormones d’affirmation du genre (la testostérone ou l’estradiol, pour favoriser les caractéristiques sexuelles secondaires conformes au genre, telles que le développement des seins ou la pilosité faciale). Les bloqueurs de puberté sont utilisés depuis plus de 20 ans, c’est loin d’être un traitement expérimental.

Les opposant.e.s passent sous silence les recherches qui démontrent les effets positifs du processus sur le développement des adolescent.e.s. Le fait que 98 % d’entre eux/elles continuent à prendre des hormones d’affirmation du genre montre principalement que l’évaluation des personnes qui en ont besoin a été correctement effectuée. Ils/elles ne mentionnent, en outre, pas non plus que ne pas commencer à prendre des inhibiteurs ou des hormones de puberté a également des conséquences pour un.e jeune, avec un impact irréversible sur sa vie et son corps futurs, notamment le développement de caractéristiques sexuelles secondaires (voix plus grave, mâchoire plus carrée, pomme d’Adam, développement de la poitrine) qui ne correspondent pas à l’identité de genre. Cela peut mener à des interventions chirurgicales plus lourdes par la suite et à un risque accru de stigmatisation et d’expériences de violence.

Une puberté qui ne correspond pas à la perception du genre peut entraîner davantage de troubles psychologiques et ralentir le développement ultérieur d’un.e jeune. De nombreux facteurs différents doivent donc être identifiés, discutés et évalués avant qu’une mesure médicale ne soit prise.

La remise en question des soins aux personnes transgenres découle d’une tendance réactionnaire qui existe également au Royaume-Uni et aux États-Unis, une contre-attaque suite au mouvement MeToo. Elle s’inscrit dans le cadre d’une campagne plus large qui s’en prend aux droits des femmes (tels que les droits à l’avortement) et des minorités. En présentant « l’idéologie du genre » comme un danger, on détourne l’attention des vrais problèmes et de leurs causes.

Quels sont les soins et les luttes nécessaires ?

Au lieu de présenter les soins transgenres aux mineurs comme le grand péril qui menace le bien-être des enfants et de la jeunesse, soulignons ce qui pose réellement problème. Les partis qui prétendent protéger la jeunesse ont tous participé au sous-investissement dans l’enseignement ou la culture, tout en assombrissant les perspectives d’emploi et d’avenir des jeunes. Les exemples d’économies budgétaires affectant profondément les enfants et la jeunesse ne manquent pas : dans l’enseignement et le soutien scolaire, dans le soutien psychologique et la santé mentale, dans les structures d’accueil pour les enfants, dans les loisirs,… En ce qui concerne spécifiquement les soins aux personnes transgenres, il faut traquer les interminables listes d’attente en allouant des ressources à hauteur des besoins et développer des recherches à long terme concernant les traitements d’affirmation du genre chez les enfants et les adolescent.e.s.

Des soins décents pour tous les enfants – y compris dont l’identité de genre est différente du sexe assigné à la naissance – nécessitent davantage d’investissements dans les domaines de la santé mentale et de l’enseignement. Nous avons placé ces deux éléments au centre de notre campagne « Pride is a Protest ». Aux États-Unis, des tentatives sont faites pour se débarrasser de la législation républicaine par le biais de procès. Une bataille juridique est rarement suffisante pour arracher des victoires. Nous avons besoin d’un mouvement combatif qui lie les droits des personnes LGBTQIA+ aux autres luttes sociales dans la rue. Avec Pride is a Protest, nous voulons unir la classe travailleuse et la jeunesse dans la lutte pour les droits des personnes LGBTQIA+. Chaque attaque contre les droits des personnes transgenres vise à nous diviser sur la base de l’identité de genre. Une attaque contre les droits des personnes transgenres est une attaque contre tout le monde !

En quoi consiste la prise en charge des mineurs transgenres ? En Flandre, les enfants âgés de minimum 9 ans peuvent se rendre avec leurs parents auprès d’équipes pluridisciplinaires spécialisées dans les questions de genre composées de psychologues, de psychiatres et d’endocrinologues pédiatriques. Il faut en moyenne patienter près de deux ans pour accéder à un tel centre. Si le questionnement du genre est toujours présent ou se renforce au début de la puberté, un traitement médical à base de bloqueurs de puberté peut être mis en place à condition que le jeune ait bénéficié d’un suivi psychologique pendant au moins un an. Cela n’est également possible que si la puberté a déjà commencé. Avant de prendre cette mesure, les avantages et les inconvénients d’un tel traitement sont discutés en détail avec l’enfant et ses parents. La thérapie hormonale d’affirmation du genre peut être entamée au plus tôt à partir de l’âge de 16 ans.

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