Deux leçons à tirer de «1985», la série sur les Tueurs du Brabant

Deux leçons à tirer de « 1985 », la série sur les Tueurs du Brabant

Des terroristes lourdement armés qui tuent manifestement à l’aveugle. La série 1985, diffusée sur la RTBF et la VRT, raconte l’histoire des Tueurs du Brabant qui ont méticuleusement tué 28 personnes en semant aveuglément la terreur. S’il s’agit d’une version romancée, les faits ne sont pas tous véridiques, les grandes lignes suivent bien celles du drame. Quelques leçons à tirer de 1985.

1. En période de polarisation, tous les moyens sont bons

1985  montre comment, en période de polarisation, le capitalisme n’hésite pas à utiliser tous les moyens à sa disposition. Ce faisant, les règles du jeu de la démocratie bourgeoise sont totalement subordonnées aux objectifs à atteindre. En dernière analyse, ces objectifs se résument à la défense des intérêts du capital, y compris ceux de son bras armé. Pour ce faire, le système peut toujours compter sur les forces de réserve de l’extrême droite.

La polarisation du début des années 1980 est étroitement liée à la crise du capitalisme. Les récessions économiques du milieu des années 70 et du début des années 80 avaient toutes deux fait doubler le chômage. Mai 68 était encore dans toutes les mémoires : un soulèvement massif des jeunes et des travailleurs – la plus grande grève de l’histoire de France – qui a ébranlé le capitalisme. En Belgique, les années 1970 avaient été marquées par des occupations d’entreprises, par les « grèves du vendredi » de 1977 et la multiplication des manifestations de chômeurs. En 1981, Mitterrand fut élu en France sur base d’un programme de nationalisations et de réformes sociales. Le capital craignait à juste titre pour la survie de son système.

Il est aujourd’hui évident qu’il existait une stratégie consciente derrière le terrorisme des Tueurs du Brabant, et des connexions à la fois avec l’extrême droite et des pans de l’appareil d’État. Comment expliquer que les auteurs aient pu disposer d’armes aussi modernes et que les enquêtes officielles n’aient jamais rien donné ? Alors que le danger semblait écarté, après le virage à droite de Mitterrand et le début de l’effondrement de l’Union soviétique, l’enthousiasme pour un « Etat fort » (c’est-à-dire une dictature policière) s’est refroidi dans les milieux bourgeois et dans l’appareil d’Etat.

2/ Les troupes de réserve de l’establishment d’extrême droite

Aujourd’hui, l’extrême droite aime se prétendre « anti-establishment », mais cette rhétorique n’est qu’un attrape-voix. D’autre part, certains comptent sur les institutions d’Etat pour lutter contre le racisme et même contre l’extrême droite. La série 1985 illustre les limites de l’approche : en fin de compte, l’appareil d’État représente le bras armé du capital. Si l’establishment doit utiliser l’extrême droite dans le cadre de la défense de son agenda politique, il n’hésite pas à le faire.

Les liens entre les terroristes d’extrême droite et certaines parties de l’appareil d’État ne sont pas neufs. En 1950, le dirigeant communiste Julien Lahaut a été assassiné après qu’on lui ait erronément attribué d’avoir crié « Vive la République » lors de la cérémonie de prestation de serment du roi Baudouin et, surtout, après que la grève générale organisées dans le cadre de la Question royale aient ébranlé le régime. Cet assassinat était lié à des réseaux comme « Gladio », des réseaux de militants armés qui ont combattu la menace communiste dans l’ombre. Ce n’est que 65 ans après les faits que des éclaircissements ont été apportés sur ce qu’il est convenu d’appeler la « stratégie de la tension ».

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