Derrière la « crise de l’accueil », il y a la détresse absolue de centaines de demandeur.euse.s d’asile sans logements qui dorment et parfois meurent dans la rue. Il y a les squats et les campements de fortunes assaillis à Bruxelles par les forces de police. Et l’exploitation absolue par des employeurs qui abusent de cette extrême vulnérabilité. Tout ça pour le « crime » d’avoir voulu fuir la misère ou la guerre.
Par Constantin (Liège)
A Bruxelles, juste après l’expulsion d’un squat de demandeur.euse.s d’asile, le bourgmestre Philippe Close (PS) a envoyé des ouvriers de la ville inonder le rez-de-chaussée du bâtiment et percer des trous dans le toit pour que la pluie et le froid s’infiltrent, histoire de bien assurer que personne n’ait l’idée de revenir. C’était deux jours après la conclusion du nouvel accord du gouvernement fédéral.
Quand une crise est créée pour servir de prétexte
La « crise de l’accueil » ne tombe pas du ciel. En 2021, 1916 places d’accueil ont été supprimées. Avant ça, le gouvernement Michel avait détricoté Fedasil (l’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile), en réduisant son budget de 20 millions d’euros. Les autorités belges ont elles-mêmes créées la crise en réduisant les budgets et en supprimant des places. La situation est aujourd’hui saisie pour renforcer la répression.
Que contient le nouvel accord des partis de la Vivaldi (avec PS et ECOLO, rappelons-le) ? L’accélération des procédures d’examens et l’exécution plus rapide des décisions d’expulsions, des restrictions au regroupement familial tout en fermant la porte à toute régularisation collective. Dans le but de présenter cette offensive contre des personnes en détresse comme étant « juste » et « équilibrée », l’accord indique la création de 2000 nouvelles places d’accueil supplémentaires et l’interdiction de l’enfermement des enfants dans les centres fermés. Ce n’est pas rien, mais c’est largement insuffisant, surtout en considérant que 700 de ces nouvelles places ne seront que des containers et que, parallèlement, le gouvernement compte construire quatre centre fermés supplémentaires.
Riposter à la division par l’unité dans la lutte
Rejetons ce racisme d’Etat qui rend plus acceptable celui de l’extrême droite ! Parallèlement, le gouvernement regarde ailleurs quand le personnel des services publics fait grève, comme il l’a fait le 10 mars dernier pour dénoncer l’absence de moyens, le manque de collègue et la charge de travail insoutenable. Il a fallu toute la force d’une grève générale, le 9 novembre, et de nombreuses actions syndicales pour sauvegarder l’indexation des salaires et des allocations et pour obtenir de maigres mesures pour nos factures. Mais toute cette misère sociale, qui s’aggrave sans cesse, c’est un terreau de choix pour entretenir les préjugés racistes et nourrir l’extrême droite.
Soyons clairs : ce ne sont pas les demandeur.euse.s d’asile qui sont responsables de nos factures d’énergie ou du prix de nos caddies ! Ce ne sont pas eux qui empochent de juteux dividendes en laissant les travailleur.euse.s de Delhaize sur le carreau ! Ce ne sont pas eux qui ont affamé nos services publics et notre sécurité sociale avec des déductions fiscales pour les plus riches ! Ce ne sont pas eux qui ont choisi de laisser pourrir le parc de logements sociaux pour se jeter dans des projets qui remplissent les poches de magnats de l’immobilier comme Matexi !
Aujourd’hui, à Bruxelles, il existe 10.000 bâtiments inoccupés. Si l’on voulait régler la crise du logement pour tou.te.s et la crise de l’accueil du même coup, on pourrait commencer par appliquer la loi Onkelinx qui permet de réquisitionner des bâtiments vide depuis plus de six mois. Cette loi n’a quasiment jamais été utilisée, car elle implique de s’attaquer à la propriété privée. Si nous voulons arracher l’application de cette loi et défendre notre droit à tou.te.s à une vie décente, nous devons nous battre avec acharnement et détermination.
Combattre le racisme par la solidarité
Les attaques contre les plus vulnérables dans la société, comme les demandeur.euse.s d’asile servent, à rendre plus acceptable de s’en prendre aux autres. D’autre part, les maintenir dans des conditions de travail et de vie proches de l’esclavage en raison de l’illégalité, cela permet d’instaurer une pression à la baisse sur les contions de travail et de vie de chacun.e.
- C’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes ! Des papiers pour toutes et tous!
- Stop aux centres fermés, aux expulsions et à la répression !
- Un salaire minimum de 15 euros de l’heure !
- Un toit, c’est un droit : pour un plan de construction et de rénovation de logements sociaux pour répondre à la demande et en finir avec les listes d’attentes !
- Pour un plan d’investissement radical dans les services publics, l’enseignement et les soins de santé. Ne laisser personne sur le bord du chemin, c’est la meilleure réponse aux vautours d’extrême droite et aux racistes !
- L’argent existe, allons le chercher là où il est ! 1% de la population belge détient un quart des richesses, soit plus que 70% de la population selon Oxfam. Luttons pour l’imposition des riches, avec expropriation et nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des avoirs de ceux qui tentent de s’y soustraire. Luttons pour la nationalisation sous contrôle et gestion démocratiques des banques et des assurances pour mobiliser les moyens nécessaires pour sortir chaque personne de la précarité et assurer l’épanouissement de toutes et tous.
- Le capitalisme plonge de crise en crise, et entraîne dans son sillage plus de divisions, de racisme, de sexisme, de LGBTQIA+phobie et plus de violence. Les guerres, les inégalités et la crise écologique continueront à engendrer de nouveaux drames, comme ces milliers de migrants qui meurent chaque année en Méditerranée. Ce système doit être renversé pour construire une toute autre société capable d’assurer une véritable liberté de circulation pour celles et ceux qui le souhaitent tout en assurant la possibilité de construire une vie décente dans son pays d’origine. Cette société, selon nous, c’est le socialisme démocratique.
- Dimanche 19 mars : Marche « Lève-toi contre le racisme », 13h, Esplanade Saint-Léonard (à l’initiative de la Plateforme 21/03)
- Dimanche 16 avril : Manifestation contre le centre fermé de Vottem, 14h, Place Saint Lambert (à l’initiative du CRACPE, Collectif de résistance aux centres pour étrangers)
- Lundi 8 mai : Rassemblement et manifestation pour commémorer la défaite du nazisme, 18h, Monument national à la résistance, Parc d’Avroy (à l’initiative du Front Antifasciste 2.0)