[EN ACTION] Le 8 mars et toute l’année : on ne nous fera pas taire!

La Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était dans la rue ce 8 mars contre le sexisme et la vie chère et pour un féminisme de combat !

Malgré les fortes pluies, malgré la neige et le froid, nous sommes nombreu.x.ses à être descendu.e.s dans les rues en cette Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. 5 ans après le début du phénomène #MeToo, qui peut encore ignorer l’ampleur de ce fléau ?! Pourtant, avec les crises qui s’accumulent et la précarité qui s’étend et s’installe, les violences sexistes sont en hausse. 

Ce 8 mars nous avons scandé : « Travail précaire, retraite de misère, c’est du sexisme qui en a pas l’air », « Seksisme en geweld zijn gevolg van beleid! De plaats van vrouwen is in de strijd ! ». La précarité empêche trop souvent d’être capable d’échapper aux abus ou situations dangereuses. Ce 8 mars, la Campagne ROSA a manifesté avec détermination à Liège, Bruxelles, Louvain, Anvers et Gand. Partout, nous avons dit STOP au sexisme, à la précarité et au système capitaliste !

A ceux qui veulent intimider les femmes, nous répondons : RESISTANCE

La Campagne ROSA s’était aussi fait connaître pour avoir dénoncé les propos misogynes tenus par Jeff Hoeyberghs lors d’une conférence du cercle étudiant d’extrême droite KVHV, en mobilisant aux portes de ce meeting réactionnaire et en diffusant par la suite une vidéo aux 2 millions de vues, prélude à un nouveau rassemblement de 500 étudiant.e.s. Par la suite, Jeff Hoeyberghs avait été condamné pour appel à la haine mais finalement, la semaine dernière, il a quasiment été acquitté! Au lendemain du 8 mars, voilà que des militantes de la Campagne ROSA sont convoquées à la Chambre du conseil (une chambre du tribunal de première instance) suit à la plainte de ce dernier datant de 2020 pour calomnie et diffamation dans le cadre de notre dénonciation des propos qu’il avait tenus au sein de l’université… Pour rappel, il avait notamment :  “les femmes veulent les privilèges de la protection masculine et de l’argent, mais elles ne veulent plus ouvrir les jambes” ou encore “qu’on ne peut pas traiter une femme sur un pied d’égalité sans devenir son esclave”. On ne nous fera pas taire !!

Jin, Jiyan, Azadi – La femme, la vie, la liberté

À Gand, près de 1.500 personnes ont affronté la pluie battante. Liese (Campagne ROSA Gand) nous a rappelé que « il y a 6 ans, nous y avions organisé pour la première fois une Marche contre le sexisme [dans la ville]. Nous sommes heureuses que plusieurs organisations aient pris le train en marche et qu’une tradition se soit établie pour faire du 8 mars une journée d’action et de lutte… » 

Près de 600 personnes étaient présentes à Liège à l’appel de la plateforme Collectives et Ardentes. Comme ailleurs, nous avons repris le slogan aujourd’hui symbole des luttes héroïques menées par les femmes en Iran « Femme, Vie, Liberté » et formé un bloc commun avec les militant.e.s du collectif kurde Violette Rouge (Mor-Kizil Kolektif) et du mouvement des femmes kurdes TJK-E. Notre appel commun à la mobilisation disait notamment : “L’argent ne manque pas pour s’en prendre aux racines de l’oppression des femmes et assurer un avenir décent à chacun.e. En Belgique, le 1% des plus riches détient plus de richesses que 70% du reste de la population (Oxfam). Ce n’est pas un hasard : le système capitaliste repose sur l’exploitation du plus grand nombre afin de satisfaire la soif de profits de la classe capitaliste au mépris de la société et de l’environnement. Des outils de division tels que le racisme et le sexisme lui servent à maintenir sa domination (…) Nous sommes les plus grands partisans de la lutte pour la liberté des femmes qui est menée aujourd’hui en Iran et dans d’autres pays du monde. Nous nous trouvons aux côtés du peuple kurde dans son juste combat contre l’oppression.”

Des membres de la Campagne ROSA étaient également présents à la manif de Namur qui a réuni 130 personnes à l’initiative du Collectif 8 mars.

 À Anvers, la manifestation comptait 500 personnes. Dans le bloc de la Campagne ROSA, les militantes ont aussi appelé à soutenir les travailleur.euse.s du secteur de la distribution, qui comporte de nombreuses femmes. Après Intermarché, c’est maintenant au tour de la direction de Delhaize de vouloir franchiser ses magasins. L’avenir de 9000 salarié.e.s est en jeu. Le personnel de plusieurs magasins s’est mis en grève. Iels ont crié : « Voulons-nous de la flexibilité ? Non ! ; Voulons-nous de mauvais contrats ? Non ! ; Voulons-nous du dumping social ? Non ! »

 À Louvain, la manif a réuni 200 personnes. On a pu entendre les importants discours d’une travailleuse du secteur du nettoyage et d’une puéricultrice qui travaille en crèche. Toutes deux ont dénoncé les difficiles conditions de travail dans les secteurs où les femmes sont majoritaires. Nous avons aussi nous-mêmes pu prendre la parole pour revenir sur les récents scandales d’abus sexuels que différentes universités du pays ont tenté de cacher. Nous avons scandé : « No more fear, no more shaming. We reject your victim blaming ! » (plus de peur, plus de honte, nous rejetons votre culpabilisation des victimes). Toute l’ampleur du phénomène que représente encore aujourd’hui le sexisme a été largement visibilisé, il s’agit maintenant de s’organiser pour en finir avec lui et avec le système qui en vit et le nourrit ! Les membres de la Campagne ROSA ont appelé à renforcer notre combat à l’aide d’un programme qui vise à obtenir de réelles améliorations de notre quotidien et qui rompt avec ce système sexiste ! 

Enfin, la grande manifestation de Bruxelles appelée par la Marche Mondiale des Femmes a regroupé pas moins de 5000 personnes. Marisa (Campagne ROSA Bruxelles) a pris la parole en fin de cortège. Elle a, entre autres, rappelé que « la moitié des victimes qui se dirigent à un Centre de prise en charge de violences sexuelles sont aux études et la moyenne d’âge de toutes les victimes est de 24 ans. […] De plus en plus des victimes se dirigent d’elles-mêmes vers un CPVS (Centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles) pour obtenir de l’aide médicale, psychologique et porter plainte en même temps. Mais il n’y a qu’un seul centre pour tout Bruxelles. Ce n’est pas suffisant ! Nous voulons l’extension de ces centres, dont un CPVS aux abords de chaque campus pour s’adresser spécifiquement à cette problématique parmi les jeunes. » 

Prochain rendez-vous : demain déjà ! La Campagne ROSA soutient la grève des services publics.

Nous défendons la collectivisation des tâches domestiques grâce à des services publics gratuits et de qualité. C’est la meilleure forme de prévention contre les violences faites aux femmes et pour réduire la double journée de travail.

Participe avec la Campagne ROSA aux visites de solidarité sur les piquets de grève et aux rassemblements !

Discours de Liese (Campagne ROSA Gand)

« Il y a 5 ans, #Metoo était lancé, mais le sexisme n’a pas disparu pour autant, bien au contraire. Le sexisme est profondément ancré dans les structures de pouvoir du capitalisme, il n’y a pas de capitalisme sans sexisme, la discrimination et l’exploitation vont de pair.

Les bas salaires et l’augmentation du coût de la vie rendent les femmes plus vulnérables et plus dépendantes sur le plan financier. Les coupes budgétaires dans les services publics tels que les soins de santé, la garde d’enfants et l’enseignement augmentent la pression sur la famille, et sur les femmes en particulier.

En période de crise, la droite et l’establishment tentent de diviser les travailleur.euse.s et les jeunes, ils créent un ennemi imaginaire. Ils sèment la haine, prêchent le racisme et le sexisme ancrés dans le tissu de notre société, tout cela pour détourner l’attention des vrais responsables de la crise. De Wever (NVA) et Van Grieken (VB) présentent le féminisme comme une attaque contre les hommes, mais ce qui n’est pas le cas. Hoeyberghs a été largement acquitté la semaine dernière. La droite tente de passer à l’offensive. Aux États-Unis, le droit à l’avortement est à nouveau retiré. Sous le capitalisme, les droits acquis peuvent être retirés.

Nous ne pouvons pas laisser cette offensive de la droite sans réponse. Cette offensive est un réel danger pour les femmes, les personnes LGBTQIA+ et les personnes issues de l’immigration.

La Campagne ROSA organise la troisième édition de la Pride is a Protest à Gand le 28 juin. Nous voulons offrir une alternative militante aux Prides commerciales et nous placer dans la tradition des luttes. Nous espérons vous y voir ! Stop au Pinkwashing ! Nous voulons une véritable égalité et non un capitalisme arc-en-ciel ! Nous voulons l’émancipation et la liberté dans la pratique, pas seulement sur le papier. 

C’est pourquoi la Campagne ROSA défend une approche socialiste. Un emploi à part entière, un salaire plus élevé et une semaine de travail plus courte ; un enseignement gratuit ; des investissements publics massifs dans les soins de santé ; dans des transports publics sûrs ; dans des refuges et dans bien d’autres choses encore. Nous voulons nous débarrasser du système où tout est axé sur le profit de quelques super-riches. Nous voulons une société qui se concentre sur les besoins de la collectivité.” 

 Prise de parole de Marisa (Campagne ROSA Bruxelles)

 Aujourd’hui c’est une journée de lutte, et on sait qu’il y a de quoi lutter

Ni una más, Ni una menos ! Un slogan qui est né en Amérique latine, symbole d’une nouvelle vague de lutte pour le droit des femmes et les personnes LGBTQIA+ qui s’est répandu partout dans le monde. Encore aujourd’hui malgré le backlash misogyne, la lutte féministe est toujours là.

L’année passée, quand les bars ont rouvert après le confinement, on a pointé du doigt le sexisme présent dans la vie nocturne et aux alentours des quartiers étudiants. Cette année, plusieurs cas de viol au sein des campus bruxellois ont choqué la communauté étudiante. Il y en a ASSEZ !

Le sexisme est présent partout : à la maison, dans la rue et les transports publics, sur les lieux de travail, mais aussi particulièrement au sein des campus et aux alentours. La moitié des victimes qui se dirigent à un Centre de prise en charge de victimes de violences sexuelles sont aux études et la moyenne d’âge de toutes les victimes est de 24 ans. Ça illustre l’ampleur du problème parmi les jeunes.

De plus en plus, des victimes se dirigent d’elles-mêmes vers un CPVS pour obtenir de l’aide médicale, psychologique et porter plainte en même temps. Mais il n’y a qu’un seul centre pour tout Bruxelles, à l’hôpital Saint-Pierre. Et ce n’est pas suffisant. Nous voulons l’extension de ces centres, dont un CPVS aux abords de chaque campus pour s’adresser spécifiquement à cette problématique parmi les jeunes.

Il y en a MARRE qu’on entend aussi des choses comme « c’est de sa faute », « elle l’a cherché », « regarde comme elle est habillée », etc. La culture du viol c’est ça : faire en sorte de dissuader les victimes de témoigner, de porter plainte, discréditer sa parole et banaliser les faits. À l’unif, c’est souvent le prestige de l’institution qui passe avant tout. 

 Mais c’est le bien-être des étudiantes sur le campus qu’il faut garantir. Il faut investir de manière massive avec des fonds publics dans l’enseignement, adapter l’infrastructure et l’éclairage, engager du personnel bien formé et bien payé pour rendre les locaux d’études et leurs alentours sûrs. Il faut aussi investir dans les services d’aide (psychologues, travailleurs sociaux) pour un suivi à long terme des victimes et finir avec les listes d’attente. 

Les témoignages montrent que lorsque la victime est dépendante de l’agresseur, lorsqu’il y a une relation inégale avec une différence de pouvoir, c’est difficile de dire « non » à des remarques déplacées, à du harcèlement et autre. Comment dénoncer ton professeur si la réussite de tes études dépend de lui ?! Comment dénoncer ton boss si tu as un contrat précaire ?! On te laisse le choix entre sexisme et précarité.  

La lutte contre la précarité, la lutte pour l’indépendance financière de chacun.e est un combat féministe, et c’est clé. La lutte pour des services publics de qualité, pour des investissements publics massifs dans l’enseignement, les soins aux personnes et les soins de santé est un combat féministe. La lutte continue ce vendredi 10 mars avec la grève des services publics. 

On fait face à des crises multiples : sanitaire, climatique, sociale, énergétique, du pouvoir d’achat, les guerres. Chaque crise nous précarise davantage. La précarité alimente les discriminations et les oppressions, elle nous rend plus vulnérables à toutes sortes de violences. Le capitalisme n’offre aucune solution. C’est un système profondément inégalitaire, où les idées sexistes sont délibérément utilisées pour diviser et justifier des bas salaires, et garantir les profits d’une minorité. Pour lutter effectivement contre le sexisme, on doit lutter contre la cause de ces inégalités structurelles entre les genres et entre les classes.

Tout le système est coupable ! La Campagne ROSA appelle à un féminisme international, anticapitaliste et socialiste. Solidarité !

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