France. Métro, boulot, caveau?

Cette fois-ci on peut gagner, et construire une toute autre société !
Construisons la grève générale reconductible !

On comptait plus de 2 millions de manifestant.e.s le premier jour de mobilisation contre la nouvelle réforme des retraites. Quel début historique et prometteur ! Et puis sont arrivées les actions « Robin des bois » : des hôpitaux, des centres sportifs publics, des bibliothèques, des collèges, des lycées, des crèches, des chauffages collectifs d’université ou de HLM, des logements sociaux, etc. ont été placés en “gratuité d’électricité ou de gaz”. Quelle puissante illustration de ce que peut être une société dirigée par les travailleurs.euses !

Tract d’Alternative Socialiste Internationale

Le front commun des principales organisations syndicales du pays tient bon, et c’est une première depuis 2010, quand l’âge de la retraite est passé de 60 à 62 ans. Mais à l’époque, la mobilisation de la jeunesse avait été plus difficile. Aujourd’hui, elle s’est engagée dans la lutte dès le 21 janvier avec une mobilisation de 150.000 personnes à Paris. Des intersyndicales étudiantes ont réussi à obtenir une dispense d’assiduité pour les étudiant.e.s qui veulent manifester, des cortèges étudiants se sont élancés des campus rejoindre les manifestations syndicales,… et depuis ce 7 février, des lycées et universités sont bloqués.

Le gouvernement et Macron espéraient une répétition du mouvement 2019 / début 2020, quand la lutte, bien que titanesque, avait souffert du manque de plan d’action audacieux vers une grève générale reconductible. Le mouvement s’essoufflait alors après une série de journées de mobilisations sans perspective. Tout le monde le sait : sans le confinement, en 2019-2020, ça n’aurait pas marché.

Nous avons encore de nombreuses faiblesses à relever, mais nous pouvons déjà constater, au 4e Acte de cette mobilisation, que les choses se présentent sous un tout autre jour. Ne laissons pas passer cette occasion de lancer une offensive résolue contre Macron-Borne et tout le système capitaliste !

Leçons de la lutte pour le pouvoir d’achat

Le mouvement de grève dans les raffineries en automne dernier avait alimenté la confiance dans d’autres secteurs. À la mi-septembre encore, il était impossible d’imaginer que quelques semaines plus tard, un début de lutte généralisée se produirait ; qu’un tel type de mouvement de grève dynamique se développerait.

Deux journées de grèves nationales avaient été appelées pour la fin du mois de septembre par la CGT et Solidaires, mais sans être des échecs complets, elles étaient loin de ce qui était nécessaire pour mener une bataille pour gagner. Ces journées de grève n’avaient été organisées qu’à contrecœur, en réponse aux appels de Mélenchon et de la France Insoumise qui relayaient la colère à la base et poussaient pour un mouvement social en septembre.

Malheureusement, en juin, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez n’était pas convaincu de la nécessité d’un mouvement généralisé : “Les mobilisations sociales sont de la responsabilité des syndicats”, avait-il répondu aux appels de Mélenchon. Celui-ci avait également tenté, sans succès, de mobiliser les structures syndicales pour la “Marche contre la vie chère et l’inaction climatique” du 16 octobre, qui a finalement été un grand succès en rassemblant plus de 100.000 personnes (dont de nombreux syndicalistes) à Paris. La mobilisation pour cette marche s’annonçait pourtant très difficile, vu le contexte de luttes plus restreint, mais aussi à cause des critiques justes à l’encontre de la gestion désastreuse et sexiste de l’affaire Quatennens par Mélenchon et la direction de la FI.

Mais le nouveau contexte de début de généralisation des grèves avait boosté la mobilisation. Cela tombait à point à la fois pour laisser s’exprimer la colère et pour regarder le camp d’en face enfin à nouveau avec détermination. Malheureusement, la direction de la CGT n’a pas suivi la volonté de la base d’évoluer vers un mouvement de grève généralisé. C’est la colère croissante de la base, à l’origine des actions de grève, qui a poussé les directions syndicales à aller plus loin que ce qu’elles avaient initialement prévu.

Sans cette puissante grève dans les raffineries, l’accord obtenu – même faible – n’aurait jamais vu le jour. C’est aussi ce nouveau contexte bouillonnant qui a obligé Macron à repousser le lancement de sa réforme des retraites au début d’année de cette année. Comme d’autres avant, ce mouvement a confirmé que seule la lutte paie, grâce à l’arme de la grève et autour de revendications offensives.

Utiliser sérieusement l’arme de la grève

Aujourd’hui, il faut dépasser la simple suite de dates de journées de grèves et de mobilisation vaguement liées entre elles si on veut éviter que le mouvement finisse par s’essouffler sans victoire, ce sur quoi compte le gouvernement. Il est urgent d’organiser des assemblées de lutte sur les lieux de travail ouvertes à tous les collègues, syndiqués ou non, et d’organiser de pareils comités dans les lycées, les universités et les quartiers pour construire la grève générale reconductible. C’est ainsi que l’on pourra repousser toute la réforme des retraites, mais aussi faire chuter le gouvernement Borne et toute la politique d’austérité.

L’organisation à la base est clé pour assurer son contrôle sur le mouvement et assurer que celui-ci ne s’épuise pas. La grève des contrôleurs de la SNCF pendant les fêtes avait montré la voie, en s’organisant au travers d’une page Facebook “collectif national ASCT” (Agents, service commercial, trains) pour passer à l’action et imposer aux directions syndicales le dépôt du préavis. De même, pendant la grève des raffineries, les ouvriers de Total avaient à nouveau mené une grève reconductible, dont la reconduite était assurée par un vote démocratique. C’est avec ce genre de méthode qu’on assure l’implication de l’ensemble des travailleurs et donc la réussite du combat. La faiblesse de ce mouvement avait alors été son isolement (malgré un large soutien passif), qui avait permis aux autorités de dégainer la réquisition de personnel. Cela ne fait que souligner la nécessité de construire un mouvement large reposant sur l’implication maximale de l’ensemble de la classe travailleuse.

L’extrême droite n’ose pas s’opposer frontalement au mouvement. Ce type de mouvement reposant sur la lutte de classe est le cauchemar de Le Pen & Co car cela démasque l’hypocrisie de leur opposition à ce type de réformes. Leur monde, c’est le même que celui des amis de Macron, avec en plus la volonté d’écraser physiquement tout le mouvement social et d’imposer le racisme comme pensée unique à coups de botte. Le mouvement ouvrier en action est le meilleur remède contre les divisions semées au sein de la classe travailleuse, car l’unité est nécessaire pour vaincre.

Construire une riposte internationale de masse

Les mouvements de grève ont besoin d’être coordonnés au niveau international. Fin septembre, la lutte du personnel des raffineries a reçu la solidarité de plusieurs syndicats en Europe. Des luttes syndicales importantes se développent en ce moment-même dans des pays limitrophes. L’automne dernier, la Grande-Bretagne a vécu son plus grand mouvement de grèves depuis des décennies et, le 1er février, une grève intersectorielle y a réuni 500 000 personnes. La Belgique vit aussi au rythme d’actions de grèves dans différents secteurs depuis plusieurs mois, qui ont culminé en une grève générale de 24 heures le 9 novembre.

Une approche internationaliste devrait faire partie de chaque mouvement de luttes. Pourquoi ne pas appeler à l’organisation d’une journée de grève générale européenne ?

Pour une société socialiste démocratique

Les moyens ne manquent pas ! TotalEnergies vient d’annoncer un bénéfice net de 19 milliards d’euros en 2022, le plus gros de son histoire. Les entreprises du CAC 40 ont rendu à leurs actionnaires 80,1 milliards d’euros en 2022 ! Pourtant, ce sont eux que l’Etat cajole le plus avec 157 milliards d’euros d’aides publiques par an !

Ces criminels climatiques et rapaces de toutes sortes doivent être expropriés et nationalisés sous contrôle et gestion des travailleurs.euses. De telle manière, et avec la nationalisation des secteurs clés de l’économie (finance, grandes entreprises,…), il serait possible d’assurer un avenir décent à toutes et tous dans le respect de la planète grâce à une planification rationnelle et démocratique de l’économie.

Dans cette lutte pour s’approprier les moyens, appliquer un tel programme, et aller vers un changement sociétal, c’est la classe ouvrière organisée qui peut jouer le rôle moteur et s’imposer comme classe dirigeante dans la société en attirant avec elle le mouvement pour le climat, le mouvement féministe et d’autres mouvements sociaux. Les bases du renversement du système capitaliste seraient ainsi posées.

Les actions “Robin des bois” constituent une avancée dans ce sens. Les ouvriers du secteur de l’énergie en grève ont de manière coordonnée à travers le pays (une première aussi!) établi la distribution gratuite de gaz et d’électricité pour les écoles, les hôpitaux, des HLM, des centres sportifs publics, les associations d’intérêt public. Ils ont aussi ré-établi la distribution chez les usagers chez qui ça avait été coupé à cause de factures impayées et ils ont offert un tarif réduit jusqu’à 60% pour les petits commerçants, qui n’ont reçu du gouvernement aucune d’aide comparable face à la flambée des prix ! Ces actions sont des initiatives prises et coordonnées par les travailleurs.euses à travers le pays sur les lieux de travail. Les décisions et actions sont votées démocratiquement par la base. Cela donne une idée de la manière dont pourraient être gérées les richesses produites par les travailleurs.euses sous une société socialiste démocratique.

De plus, le fait d’avoir aidé les petits commerçants permettra probablement à cette couche de la société de se tourner vers la classe ouvrière et de soutenir plus volontiers les mouvements de grève, de se joindre à eux dans la lutte. C’est un pas de plus vers l’élargissement et l’unification de la lutte dans notre camp, le surpassement des divisions, si précieux pour la droite, et outil favori de l’extrême droite !

Rejoignez Alternative Socialiste Internationale !

La bataille pour renverser le capitalisme et instaurer une alternative sociétale doit se mener à l’échelle la plus large, et c’est pourquoi nous sommes organisés dans plus de 30 pays sur tous les continents : en Europe bien sûr, mais aussi au Brésil, au Chili, au Mexique, aux USA, au Québec, au Nigeria, en Afrique du Sud, en Tunisie, en Israël/Palestine our encore en Chine, où nous luttons contre la dictature meurtrière et capitaliste du PCC. Depuis plusieurs décennies, nous avons construit une expérience de lutte contre des régimes autoritaires et oppresseurs sur place, comme contre le régime sud-africain de l’apartheid, et aujourd’hui contre le régime de Poutine en Russie. Notre parti mondial n’est pas une addition d’organisations nationales qui entretiennent des relations lointaines, nos sections nationales se voient régulièrement, discutent et dressent ensemble des analyses et conclusions stratégiques pour construire l’outil révolutionnaire qui s’impose dans les conditions d’aujourd’hui.

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