Témoignage des soins de santé «Ils nous épuisent et vous mettent en danger !»

Vous vous rappelez tous de la prise de conscience générale sur l’importance de ces secteurs de première ligne qu’on applaudissait tous les soirs pendant le haut de la pandémie ? Vous vous souvenez tous de ces images de soignants sans matériel, d’hôpitaux sans respirateurs, d’hôpitaux sans personnel… Vous vous rappelez tous des engagements que nombre de responsables politiques ont pris en s’engageant à soutenir ces secteurs et à y réinvestir.

Par un délégué syndical dans un hôpital bruxellois

Vous devez savoir que la réalité sur le terrain aujourd’hui est pire que ce qu’avant et pendant la pandémie. Vous devez savoir qu’aujourd’hui la politique d’économies dans le secteur des soins continue, toujours sur le dos du personnel et au détriment des patients. Vous devez savoir que ceux qui nous dirigent n’ont retenu aucune leçon de la pandémie, mais poussent consciemment notre système de santé vers l’effondrement. Vous devez savoir que l’inhumanité avec laquelle les soignants sont traités est notre lot quotidien, insupportable. Il faut plus de personnel ! Cette revendication n’est pas nouvelle dans le secteur des soins. Elle était urgente avant la pandémie, elle est vitale aujourd’hui.

Beaucoup de collègues nous ont quittés ces derniers mois, épuisés, renforçant la dynamique d’abandon du secteur des soins par un nombre de plus en plus important de soignants. Les conditions de travail ne sont tout bonnement plus supportables. Les normes d’encadrement (nombre de soignants par patient) sont totalement dépassées . Plusieurs études ont montré que la mortalité à l’hôpital est en lien avec cet encadrement soignant. C’est un combat que nous allons devoir mener de toutes nos forces. Assez de pansements inutiles, on veut des collègues en plus pour soigner correctement !

On exige plus de salaire !

L’effet d’annonce du gouvernement à l’été 2020 a eu son effet. Beaucoup pensent que les travailleurs de la santé ont reçu une revalorisation salariale. La réalité est beaucoup plus nuancée. Tout d’abord, le gouvernement a pu éviter une explosion de colère dans le secteur en dégageant une manne financière pour des revalorisations dans le cadre de l’IFIC (nouveau système salarial dans la santé). Alors que la tension était à son comble et qu’il était nécessaire de lancer des mots d’ordre offensifs, certains dirigeants syndicaux ont préféré éteindre la mèche avant même que le combat n’ait commencé. Certaines catégories ont effectivement reçu des revalorisations, mais force est de constater que de nombreux collègues n’ont pas vu leur salaire bouger d’un centime, tout particulièrement les plus bas salaires dans nos institutions de soins. Assez de ces manœuvres de division, on veut des revalorisations pour tous et toutes les collègues sans distinction !

On crève d’humanité !

Aucun soignant ne me contredira, le gouvernement et ses soldats managériaux dans les institutions de soins sont déconnectés de la réalité. La logique de rentabilité a rendu l’ensemble de leurs raisonnements et de leurs décisions de gestion profondément inhumaines. Tous les jours, nous croisons des collègues qui ne comprennent plus le sens de leur travail, qui ne supportent plus les objectifs à coups de tableaux Excel qu’on leur impose, qui ne veulent plus passer leur temps à encoder pour faire du chiffre au détriment des soins. Ces éléments combinés à une politique de contrôle autoritaire, à des refus systématiques des droits les plus élémentaires avec comme objectif de presser au maximum chaque collègue est insoutenable. Assez de ces injonctions managériales hors sol, les soignants doivent avoir le contrôle sur les décisions prises dans leurs institutions de soins !

Ce constat largement partagé doit nous pousser à être présents en nombre ce 31 janvier à Bruxelles. Cette manifestation ne peut pas et ne doit pas être une journée sans lendemain. La situation est trop grave que pour laisser passer l’occasion de lancer une mobilisation à la hauteur des enjeux. Discutons entre nous, organisons-nous et préparons-nous à ce combat, travailleurs de la santé et patients, main dans la main !

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