ArcelorMittal licencie le délégué syndical Osman Disli

Battons-nous pour sa réintégration : qui touche l’un d’entre nous s’en prend à nous tous

La discussion concernant le nouvel accord interprofessionnel atteindra son point culminant dans les semaines à venir. Il semble peu probable qu’un nouvel accord salarial sans réelle augmentation du pouvoir d’achat soit acceptée par la base syndicale. Un certain nombre d’entreprises se préparent à la bataille syndicale en licenciant illégalement des délégués syndicaux. Ce fut le cas début décembre avec le licenciement d’une déléguée de la CSC à Railrest, Bouchra Kourchi. A la veille des fêtes de fin d’année, à Gand, ArcelorMittal a décidé de licencier Osman Disli, délégué syndical FGTB. Une riposte claire et une stratégie syndicale solide sont nécessaires face à cette nouvelle agression patronale.

Par un délégué FGTB

Bien qu’ArcelorMittal refuse de clarifier les raisons officielles de ce licenciement, la véritable raison est évidente. Osman Disli a joué un rôle crucial dans toutes les actions syndicales menées au sein de l’entreprise l’année dernière.

Les entreprises ne reculent devant rien pour éviter de nouvelles luttes pour le pouvoir d’achat. Elles sont assistées par la législation belge du travail, très laxiste en matière de protection contre les licenciements illégaux. En effet, tant les licenciements chez Railrest que chez ArcelorMittal sont totalement illégaux. Les entreprises n’ont même pas pris la peine de suivre la procédure adéquate. Le problème, toutefois, est que même en cas de condamnation, un tribunal du travail ne peut jamais imposer la réintégration, mais seulement une indemnisation. Les deux entreprises ont déjà fait comprendre qu’elles paieraient ce qu’il faut sans problème, pour autant que le/la représentant.e syndical.e reste bien à la porte. En d’autres termes, les entreprises prêtes à acheter le licenciement illégal d’un.e délégué.e gênant.e.

Une première action a été organisée chez ArcelorMittal fin décembre. Quelque 150 participant.e.s ont protesté devant l’entreprise, dont de nombreux syndicalistes de la FGTB Flandre-Orientale mais aussi une délégation d’ArcelorMittal à Herstal. Il n’y a pas eu de grève dans l’entreprise elle-même, mais une quarantaine de travailleurs ont participé à l’action. L’objectif était de mettre en évidence la large solidarité des milieux syndicaux face à ce type de licenciement illégal. Il faut continuer sur cette voie en montant en puissance.

Quelle riposte syndicale est la plus adéquate ? C’est l’évidence, les droits individuels d’une personne licenciée doivent être défendus par tous les moyens possibles, y compris par une procédure judiciaire en bonne et due forme qui, dans le pire des cas, garantit le paiement intégral de toutes les indemnités, amendes et dommages-intérêts qui accompagnent un tel licenciement illégal.

Mais la réaction syndicale doit avoir un autre objectif : obtenir la réintégration du représentant syndical. Aucune entreprise ne doit s’en sortir après s’être illégalement débarrassée d’une ou un délégué. Payer une amende et des dommages et intérêts ne représente aucunement une punition pour une entreprise telle qu’ArcelorMittal. Elle réalise un bénéfice de 35 euros par heure de travail et emploie 5.000 personnes à Gand… Payer ne serait-ce que quelques années de salaire à un délégué écarté, c’est une bagatelle pour une telle boîte.

La stratégie syndicale doit assurer l’annulation du licenciement, principalement par le biais de grèves dans l’entreprise elle-même, mais aussi avec des actions de solidarité dans d’autres entreprises du secteur et auprès des fournisseurs, des clients, des entreprises de transport approvisionnant le site ou emportant les produits, etc. L’attitude de la direction d’ArcelorMittal doit devenir le problème de l’ensemble du secteur et de toutes les entreprises liées afin que la pression soit maximale en faveur de la réintégration.

Il faut faire comprendre au personnel de ces entreprises qu’une victoire syndicale dans cette affaire fera réfléchir les autres directions à deux fois avant de procéder à un autre licenciement illégal. Tout l’enjeu pour le syndicat est également de démontrer pourquoi les délégué.e.s combatif.ve.s sont si importants, en liant la lutte pour la réintégration à une lutte pour de réelles augmentations salariales et à l’amélioration des conditions de travail. De cette façon, on peut susciter l’enthousiasme et construire un soutien solide pour la lutte.

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