Nous, on est déjà fauchés! C’est aux patrons de payer!

Si l’on en croit Verhofstadt dans sa déclaration de politique générale: « les citoyens ont, aujourd’hui, plus dans leur poche. Ce n’est pas une promesse, mais bel et bien un fait. » De qui se moque-t-il ? Il serait plus correct de dire : « Une minorité de citoyens bien nantis ont plus dans leurs poches parce que celles de la majorité des autres ont été vidées. »

Cédric Gérôme

« L’économie se porte bien », affirme Verhofstadt. Du point de vue du patronat, cela ne fait aucun doute. Les profits des grosses entreprises belges atteignent effectivement des montants records : entre le premier trimestre 2005 et le premier trimestre 2006, les profits des entreprises cotées dans l’indice boursier Bel-20 ont grimpé de 56%. Mais, contrairement à ce que prétend Verhofstadt, notre pouvoir d’achat dégringole d’année en année. En l’espace de 25 ans, le pouvoir d’achat de nos salaires et de nos allocations a subi une baisse réelle estimée à pas moins de 20% !

Agoria, la fédération des entreprises du secteur technologique et du métal, se réjouit de la confirmation par le Premier Ministre du doublement des réductions de charge sur le travail de nuit et en équipes. Mais prévient-elle, « cette mesure ne garantit pas pour autant l’emploi ». Ça, on s’en était déjà rendu compte depuis longtemps. Réduction des charges et modération salariale semblent pourtant bien être le coktail que nous prépare le patronat en vue des négociations sociales de l’automne, et cela avec le soutien tacite des directions syndicales.

Verhofstadt poursuit : « Il existe deux façons de faire de la politique : soit se laisser bercer par les flots ; soit, jouer le rôle du capitaine avec un objectif tout tracé à l’esprit. Même si l’on sait que l’on devra parfois braver eaux houleuses et tempêtes violentes. »

La « tempête violente » de l’octobre dernier est encore dans toutes les mémoires : les deux grèves générales successives contre le Pacte des Générations, qui avaient fortement secoué le sommet syndical, ont considérablement réduit la marge de manoeuvre pour lancer une attaque de grande envergure contre nos salaires. Surtout qu’en prévision des élections législatives de 2007, la période est plutôt mal choisie. Dès lors, s’il existe un point sur lequel gouvernement, patronat et directions syndicales s’entendent parfaitement, c’est sur la nécessité d’éviter une répétition du scénario de l’an dernier.

C’est ce qu’exprime Jean-Claude Daoust, président de la FEB, lorsqu’il dit : « J’invite mes collègues des syndicats à maintenir le climat de négociation serein des mois écoulés ». Les leaders syndicaux ont visiblement compris le message. Reste à savoir si les militants de base vont le comprendre de la même manière…

Le « rétablissement de la compétitivité » est devenu depuis un an la rengaine préférée des médias, des politiciens et des patrons. Il est bien regrettable de constater que les directions syndicales ne font pas grand-chose d’autre que de reprendre en choeur le même refrain, à quelques nuances près…

Participez avec nous à la mise sur pied d’une nouvelle formation politique pour faire entendre une autre voix – celle des salariés, des jeunes et des militants qui ne veulent plus encaisser sans broncher les attaques perpétuelles sur leur niveau de vie – et préparer les luttes de demain.

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