10 ans de Vivaldi ? La résistance s’impose, même contre des coupes budgétaires sans provocations

Le président du PS Magnette a déclaré que le gouvernement Vivaldi est censé durer 10 ans. Selon lui, il s’agit d’un gouvernement équilibré qui, d’une part, s’en prend aux bénéfices du secteur de l’énergie pour donner un chèque énergie à la population et, d’autre part, soutient les patrons dans les moments difficiles. Il décrit comme suit la différence avec le gouvernement précédent dirigé par Charles Michel : « Ce gouvernement gère les crises au lieu de les alimenter ».

Par Geert Cool, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste

L’équilibre apparent

Le gouvernement Michel s’est livré à une attaque brutale contre la classe travailleuse en 2014 avec entre autres un saut d’index et une augmentation de l’âge de la pension à 67 ans. Une pluie de cadeaux a déferlé sur les employeurs et les travailleurs en ont payé le prix. Ces politiques néolibérales portaient la marque de la N-VA de Bart De Wever. Lorsque la Vivaldi est arrivée au pouvoir, il a été expressément décidé de ne toucher à aucune des attaques antisociales du gouvernement Michel.

Il existe maintenant une politique qui n’a que l’apparence de l’équilibre. Le dernier contrôle budgétaire pré-voyait un cadeau d’un milliard d’euros aux employeurs sous la forme d’une baisse des cotisations de sécurité sociale. Cela portera le total des cadeaux aux employeurs à 16,7 milliards d’euros par an d’ici 2027. On a im-posé plus de flexibilité aux travailleurs et réduit les fonds destinés aux soins de santé et aux fonctionnaires. Le rail n’a pas reçu suffisamment d’argent pour développer l’offre.

Le petit coup de pouce pour l’énergie des ménages (largement inférieure à la hausse des factures) ne fait pas du tout un tout « équilibré ». Le maintien du mécanisme d’indexation est utilisé comme une monnaie d’échange pour bloquer les négociations salariales libres et toute réelle augmentation des salaires. Le résultat net est que les travailleurs sont perdants tandis que les grandes entreprises font des profits records.

Quid de la N-VA ?

Magnette et le PS espèrent que le gouvernement actuel tienne au-delà de 2024 malgré les tensions internes au gouvernement. Encore faut-il gagner les élections. Et si la Vivaldi a besoin de renfort, ce sera à la N-VA d’entrer en scène.

Le Premier ministre De Croo souhaite mener une politique d’austérité sévère, comme le défendent la N-VA et le MR, mais reconnaît que cela n’est pas possible pour le moment. « Lorsque le ciel sera dégagé et que la tempête sera calmée, il faudra remettre de l’ordre dans la maison », a déclaré le Premier ministre. Où peuvent-ils encore économiser ? Dans les soins de santé, la garde d’enfants, l’enseignement, les transports publics, les infrastructures, les pensions ? Le manque de moyens et les listes d’attente interminables ont tout infecté après 30 ans de politiques néolibérales. Malgré ça, De Wever dit qu’on peut travailler encore plus longtemps et qu’on peut économiser dans la sécurité sociale.

Quand la N-VA, rejointe en cela par le Vlaams Belang, appelle à des économies supplémentaires, elle ne vise pas les milliards d’euros de bénéfices des entreprises de l’énergie, elle cible les demandeurs d’asile qui dor-ment dans les rues de Bruxelles. Elle aide ainsi le gouvernement Vivaldi à se présenter comme « équilibré ». L’alternative qui revient le plus souvent du côté néerlandophone est en effet celle de politiques néolibérales sévères.

Sur le plan économique, la N-VA a un problème : l’exemple britannique de la très éphémère première ministre Liz Truss n’a pas vraiment été un succès. Le patronat se rend bien compte qu’un tel néolibéralisme thatchérien débridé est trop risqué face aux troubles économiques et sociaux potentiels actuels. La politique économique de la N-VA est dépassée par la crise et De Wever ne semble faire aucun effort pour s’y adapter. Il est possible que la N-VA compense en mettant davantage l’accent sur le communautaire. Cependant, une réforme de l’État après 2024 n’est pas non plus évidente : cela nécessiterait une majorité des deux tiers, ce qui est quasiment impossible dans le paysage politique actuel.

Un mouvement ouvrier à l’offensive

Le mouvement des travailleuses et des travailleurs ne doit pas se laisser prendre au piège de la prétention à l’équilibre de la Vivaldi. Ce gouvernement ne défend pas les intérêts des travailleurs et de leurs familles, mais ceux des grandes entreprises.

La classe travailleuse n’a pas le choix de rester passive pendant la crise en espérant que la récession ne soit pas trop profonde ou ne dure pas trop longtemps. Cela ne fera que renforcer l’extrême-droite. Nous avons besoin d’un programme et d’actions qui partent des nombreux besoins de la classe ouvrière. Cela peut susciter l’enthousiasme et faire passer les doutes au second plan. Ce n’est que de cette manière que nous pourrons construire un rapport de force permettant de remporter des victoires.

La récession est une conséquence des contradictions du capitalisme, et non de nos efforts pour tout gérer. Toute tentative de nous faire payer la crise, qu’elle soit provocatrice ou sournoise, doit être accompagnée de réponses. Si le capitalisme ne peut pas nous offrir un meilleur avenir, nous ne pouvons pas nous permettre ce système.

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