Poursuivre le combat avec un plan d’action décidé et voté à la base

Dans notre tract distribué dans tout le pays à l’occasion de la grève générale du 9 novembre nous écrivions : « Il faut un plan d’action crescendo, en escalade. Si nous voulons convaincre et tirer toute la société derrière le mouvement ouvrier, il faut une véritable démonstration de force. La manifestation du 6 novembre 2014 (150.000 personnes) était la plus grande manifestation syndicale depuis 1986. Personne ne doutait plus ensuite du véritable dirigeant de la nation. Une nouvelle manifestation de masse doit nous permettre de regrouper jeunes, pensionnés, chômeurs et même indépendants et petits commerces (des appels à la solidarité avec la grève du 9/11 ont été lancés par des commerçants de Liège et de Bruxelles) autour de la classe ouvrière et d’aider à construire l’élan vers de nouvelles journées de grève nationales, précédées de grèves provinciales. »

Finalement, à la veille de la manifestation contre les violences faites aux femmes, la FGTB a annoncé une manifestation nationale couverte par un préavis de grève à la mi-décembre, en essayant d’y impliquer la CSC, tandis qu’un plan d’action devait être annoncé début décembre pour de nouvelles actions début 2023.

La nécessité s’imposait. Dans le sillage de la grève générale du 9 novembre, de nombreux secteurs n’avaient pas attendu. En novembre les travailleurs sociaux des CPAS bruxellois, les fonctionnaires locaux à Anvers, les cheminots et les fonctionnaires fédéraux ont fait grève. Une action en front commun syndical a été menée contre la réforme des pensions du gouvernement fédéral et pour l’égalité des genres. En décembre, d’autres actions étaient déjà prévues de certains de ces secteurs tandis que le non marchand, les pompiers bruxellois et encore d’autres devaient s’y ajouter. A côté de ça, il y avait encore la mobilisation de « Trop is te veel » le 4 décembre (lire ci-contre) pour plus de pouvoir d’achat et une énergie publique.

Le grand point faible du lendemain de la grève générale, c’est l’absence de dynamique d’évaluation avec réunions du personnel sur le lieu de travail, arrêts de travail et assemblées interprofessionnelles démocratiques. Quelle autre façon d’efficacement discuter des points forts et des points faibles de la grève, d’intégrer au cahier de revendication global des revendications spécifiques aux différents secteurs et de voter démocratiquement ensemble la manière de poursuivre le combat ?

C’est d’ailleurs une leçon à tirer du combat dans les raffineries en France et de la pratique de la grève reconductible, où les grévistes évaluent ensemble la situation après chaque journée afin de procéder à un vote démocratique concernant la marche à suivre pour la suite. De cette manière, même la fin d’une grève permet d’envisager directement ensemble ce qui est à renforcer pour le combat syndical. De même, la grève des travailleurs sociaux des CPAS de la région bruxelloise du 16 novembre s’est terminée par une assemblée générale où les 200 grévistes réunis ont décidé démocratiquement de continuer la mobilisation avec une prochaine date : le 15 décembre, en cherchant également à élargir la participation aux travailleurs sociaux des CPAS de Flandre et de Wallonie.

Cette pratique de démocratie syndicale est essentielle pour informer et mobiliser les collègues, mais aussi pour former des militantes et militants syndicaux, qu’ils soient chevronnés ou non. Ce sont aussi des premiers pas à poser dans la perspective de la prise du contrôle de l’économie par les travailleuses et travailleurs eux-mêmes et du renversement du capitalisme.

La manifestation de mi-décembre et les prochaines dates de mobilisations seront idéales pour que les délégations syndicales combatives puissent se rencontrer et tisser des liens à la base. De même, lors des multiples actions à venir, mettre sur pied des délégations de solidarité pour se rendre aux piquets et rassemblements d’autres secteurs, ou simplement soumettre au vote des motions de solidarité, sera fondamental pour renforcer la dynamique de lutte à la base et peut-être à terme assurer la naissance d’un réseau de syndicalistes de combat.

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