Kintetsu – Liège Airport
Fin juin, la direction de la société Kintetsu, une société japonaise de traitement logistique de fret aérien, a annoncé sa volonté de délocaliser sa succursale liégeoise vers les Pays-Bas. Cela concernait les 18 travailleurs employés directement par la firme et une vingtaine d’autres en sous-traitance.
Nicolas Croes
Lors d’une réunion de conciliation, les travailleurs se sont rendus compte que la société avait renoncé à prolonger son bail fin mars sans avertir ses employés de la future fermeture du site, ce qui est contraire à la loi sur les fermetures d’entrteprises. Les syndicats ont donc demandé à voir les procès-verbaux des conseils d’administration ainsi que les bilans de ces 5 dernières années. En vain. Finalement, un préavis de grève a été déposé pour protester contre le manque de communication, qui se faisait uniquement par l’intermédiaire d’avocats, ralentissant considérablement toute réponse de la direction, mais aussi contre les conditions de licenciement et de prépension.
Le 22 septembre, les travailleurs sont partis en grève… pour recevoir le 25 une ordonnance du Tribunal de première instance de Liège. Celle-ci ordonnait « vu l’extrême urgence et l’absolue nécessité » de laisser libre accès au site et d’interdire à toute personne non-autorisée par la direction de pénétrer dans les locaux administratifs sous peine d’une astreinte de 2.500 euros par personne et par infraction ! Remarquons ici le rôle « conciliateur » de la justice, puisque les avocats de la société avaient demandé des astreintes de 10.000 euros…
Il reste à apprécier les citations dont était parsemée la requête de la société telles que « le conflit du travail ne peut porter atteinte à l’employeur d’exploiter son entreprise commerciale ou industrielle ». Que reste-t-il alors aux travailleurs pour faire pression sur un patronat uniquement obnubilé par ses profits? Jouer aux cartes en signe de protestation?
Il faut réagir aux attaques contre le droit de grève! Une argumentation juridique peut être élaborée, mais la meilleure réponse est évidemment la solidarité.
A chaque attaque contre le droit de grève doivent répondre plus de grèves encore, les problèmes ne manquent pas dans les entreprises pour étendre les revendications à plusieurs sites. Mais pour cela, il faut sortir de la logique de « syndicats de services » et renouer avec les traditions du syndicalisme de lutte par lequel tous nos acquis ont pu être obtenus.