Manifestation contre Dewinter à Gand : un premier pas important dans la reconstruction de la lutte antifasciste

Ce jeudi 1er décembre, 800 personnes sont descendues dans la rue afin de protester contre une conférence de Filip Dewinter tenue à l’université de Gand. Le cercle étudiant catholique d’extrême droite KVHV avait invité le chef de file du Vlaams Belang à y présenter son nouveau livre sur le « Grand remplacement », une théorie complotiste raciste. Le PSL/LSP s’est impliqué dans la mobilisation avec les Etudiant.e.s de Gauche en Action (EGA) et la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) auprès du personnel et des étudiant.e.s de l’université. La manifestation a réuni de grandes délégations d’étudiant.e.s, d’activistes, d’associations étudiantes et de syndicalistes (notamment de l’ACOD UGent (la délégation de la CGSP à l’université) et de l’ABVV Oost-Vlaanderen (la régionale FGTB Flande Orientale) dans la lutte contre l’extrême droite. C’est un grand pas en avant dans la reconstruction de la lutte antifasciste à Gand.

Par Koerian (Gand)

Le recteur Van de Walle accorde (encore) une tribune à la haine

La conférence devait initialement être organisée à l’auditorium Blandijn. Une plateforme d’activistes, d’associations étudiantes et de syndicats a décidé, sur notre proposition, d’organiser un festival antifasciste au sein du Blandijn ce jour-là, garantissant ainsi que la conférence ne puisse avoir lieu. Avec cette conférence, le personnel du Blandijn craignait pour sa sécurité et celle des étudiant.e.s (en particulier celles et ceux du programme de néerlandais pour les nouveaux arrivants) et a exigé que l’université annule la conférence. Le recteur de l’université de Gand, Rik Van de Walle, a alors décidé de déplacer celle-ci au campus Aula dans l’Universiteitstraat, où la police peut plus facilement boucler la zone.

Filip Dewinter, le Vlaams Belang ou le KVHV n’ont pas leur place à l’UGent. Le KVHV utilise systématiquement l’université comme une plateforme pour légitimer la haine. Jeff Hoeyberghs a été condamné pour incitation à la haine et à la violence en raison du sexisme qu’il a répandu alors qu’il était venu parler à l’UGent en 2019 à l’invitation de ce cercle étudiant. Le KVHV a été à peine sanctionné pour cette réunion haineuse et a été autorisé à continuer de cracher son venin. Le recteur Rik Van de Walle a ignoré les craintes du personnel du campus Aula et a offert à Dewinter la plate-forme universitaire qu’il désirait. Le Vlaams Belang a longuement remercié Rik Van de Walle pour services rendus. Pour le recteur, les faveurs aux racistes l’emportent sur la sécurité des étudiant.e.s et du personnel.

Une manifestation contre l’extrême droite comme première étape

Faire déplacer la conférence était en soi une victoire. Le Blandijn est un lieu historiquement progressiste, au milieu du quartier étudiant. L’extrême droite en a été repoussée et a dû se réfugier derrière un cordon policier loin du quartier étudiant. Afin de protéger la sécurité des étudiant.e.s et d’empêcher l’extrême droite de déverser sa haine sans contestation, une manifestation a été organisée dans le quartier étudiant qui s’est terminée par un événement culturel au Vooruit.

Cette manifestation était un premier pas important dans la construction d’un nouveau mouvement antifasciste. La majorité des étudiant.e.s et du personnel rejette la haine du KVHV, la manifestation l’a clairement montré. Il s’agit maintenant d’organiser cette majorité pour qu’elle manifeste partout où le Vlaams Belang, le KVHV ou d’autres marchands de haine lèvent la tête.

Mobilisation, mais aussi organisation

Nous devons débattre au sein du mouvement antifasciste. Les événements médiatiques ou culturels, comme celui qui a eu lieu au Vooruit après la manifestation, sont un complément à la lutte, mais ne doivent pas s’y substituer. Si nous voulons organiser les étudiant.e.s et le personnel contre l’extrême droite, nous devons les mobiliser dans la rue avec des propositions concrètes pour réagir contre la présence de l’extrême droite ici et maintenant. C’était tout l’enjeu de la manifestation et ce fut un succès. Des étudiant.e.s et des militant.e.s se sont réuni.e.s dans les rues avec des délégations de l’ACOD UGent et de l’ABVV Oost-Vlaanderen. L’implication des syndicats est une étape très importante dans la lutte antifasciste.

Nous comprenons que des personnes aient tenu à agir elles-mêmes à l’Universiteitsstraat ce soir-là pour tenter d’empêcher le meeting du KVHV. Mais réaliser une occupation réussie n’est possible que si celle-ci est précédée d’une campagne de mobilisation sérieuse et soutenue, une mobilisation qui rassemble les étudiant.e.s et le personnel et leur donne confiance dans le fait que l’extrême droite peut effectivement être stoppée. Essayer de perturber Filip Dewinter à quelques dizaines – en vain – n’y contribue pas.

La manifestation était une étape importante dans la construction de la lutte. Le potentiel est présent. Comme l’a dit Angeline Van Den Rijse, présidente de la Centrale générale de la FGTB pour la Flandre Orientale : la menace d’un score élevé pour le Vlaams Belang aux élections de 2024 rend notre organisation aujourd’hui encore plus importante.

Il n’y a pas de capitalisme sans racisme

Tim Joosen, délégué FGTB à l’UGent et membre du PSL, a cité Malcom X dans son discours lors de la manifestation : « Il n’y a pas de capitalisme sans racisme. » Le système capitaliste a besoin de la division et de la haine pour se maintenir en place. Répondre aux problèmes sociaux qui alimentent l’extrême droite (manque de logements à loyer abordable, pauvreté, inflation…) reste crucial. EGA et la Campagne ROSA ont réuni des centaines de jeunes dans un bloc anticapitaliste combattif pour délivrer ce message de manière claire et forte.

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