Pour la troisième fois en deux mois, les cheminotes et cheminots sont partis en grève. Le 5 octobre, une première grève a eu lieu contre le manque de moyens. Ensuite, le personnel du rail a activement participé à la grève générale du 9 novembre et, maintenant, une autre grève a pris place car les négociations budgétaires n’ont livré aucune réponse à la demande de moyens structurels supplémentaires. Le ministre Gilkinet (ECOLO) peut bien parler d’investissements, il ne s’agit que d’argent pour un avenir lointain alors que de nouvelles coupes budgétaires seraient opérées au cours des deux prochaines années. Les conséquences pour le service sont évidentes : plus de trains supprimés, encore moins de wagons, encore moins de ponctualité. La frustration est grande et se développe tant parmi le personnel que parmi les voyageurs.
La grève était bien suivie. Seul un quart des trains circulaient hier. Chez les conducteurs de train d’Anvers, par exemple, 73% du personnel était en grève, soit à peu près autant que le 5 octobre et presque autant que le 9 novembre. Le mécontentement est profond et dure depuis longtemps. La pénurie frappe tous les domaines, il est impossible de prendre du repos et par-dessus le tout, la direction ne loupe pas une occasion de faire preuve de manque de respect à l’égard des travailleuses et travailleurs. Il est absolument nécessaire d’avoir plus de personnel, mais leur nombre continue de diminuer, aucun moyen ne vient rendre les fonctions plus attractives. Ça ne peut pas continuer comme ça !
Une question s’imposait aux 4 coins du pays : comment continuer ? Il est nécessaire d’établir un sérieux plan d’action pour donner une perspective à la lutte. Des actions ponctuelles seront insuffisantes. C’est à ce titre qu’il est important de se souvenir du plan d’action de 2014 : les différentes grèves se sont renforcées à chaque fois car elles étaient encadrées dans un plan d’action allant crescendo, aux dates connues à l’avance, avec une manifestation nationale directement suivie d’une série de grèves provinciales suivies d’une grève générale nationale la semaine suivante. Le gouvernement était fortement ébranlé et n’est resté en place que faute d’un deuxième plan d’action plus puissant encore. Un tel type de plan d’action en escalade laisserait plus d’espace pour impliquer les collègues, mais aussi pour élaborer des campagnes spécifiques à l’intention des voyageurs et des collègues d’autres secteurs, notamment dans les autres transports publics. L’insuffisance du service et la forte hausse des billets à venir offrent des arguments suffisants pour embarquer les voyageurs à bord de la lutte. Autour de tout cela, il est nécessaire de discuter davantage entre collègues, ce pour quoi les assemblées du personnel sont importantes.
En outre, nous ne devons pas nous contenter d’identifier ce qui ne va pas, il est nécessaire de formuler des revendications claires qui indiquent comment y faire face. Davantage de moyens pour les transports publics, revenir sur les réductions de personnel de ces dernières années (5.000 emplois ont disparu en cinq ans, alors que la productivité a augmenté de 20 %), des investissements substantiels dans les infrastructures, la réduction de la charge de travail par la diminution des heures de travail sans perte de salaire, ce qui permettrait des horaires de travail sains… Tout cela serait un tremplin pour élargir l’offre actuelle, ce qui est nécessaire dans un contexte de crise climatique et de problèmes de mobilité.




