Les barons en taule, les libéraux à leur place?

A Charleroi, la TV ne programme plus la série bien connue « La petite maison dans la prairie ». Elle a été remplacée par une nouvelle production locale : « La petite mairie dans la prison ». Car, après divers échevins carolos, c’est maintenant le bourgmestre lui-même Jacques Van Gompel, qui se retrouve inculpé pour « faux, usage de faux et détournements ».

Jean Peltier

Le séisme touche maintenant aussi Namur où le bourgmestre Bernard Anselme et son prédécesseur Jean-Louis Close sont eux aussi inculpés pour « faux, usage de faux et prise d’intérêts ».

Le PS se trouve donc dans les cordes dans deux des principales villes de Wallonie… Face à cela, la direction du parti n’a encore proposé aucune riposte d’ensemble. Mais une décision d’après-élection donne une idée de la direction dans laquelle elle regarde. Di Rupo a en effet poussé une série de bourgmestres PS élus ou réélus à la tête de majorités absolues à ouvrir celles-ci à d’autres partis, avec une nette préférence pour le MR. Il avait déjà donné l’ « exemple » à Mons en 2000, mais cette fois, ce sera aussi le cas à Charleroi, Ans, Herstal,…

Plusieurs raisons sont données. La première – la plus terre-à-terre – est de favoriser la chasse aux subsides en augmentant le nombre de ministères où trouver une oreille favorable (sauf que le MR n’est plus dans la majorité à la Région et risque d’être éjecté du gouvernement fédéral l’an prochain). La deuxième – la plus souvent avancée et la plus « noble » – est de forcer la « transparence » et la « bonne gouvernance » dans les collèges en mettant le PS sous le contrôle d’un autre parti (ce qui montre la confiance que le président du PS met dans ses représentants et dans leur respect des principes socialistes élémentaires !). Et la troisième – celle qu’on n’avoue pas mais qui est certainement la plus sérieuse – est de diviser l’opposition en « mouillant » dans la gestion une autre force politique locale et en l’empêchant ainsi de se présenter comme une alternative au scrutin suivant. Et là, il est extraordinaire de voir à quelle vitesse ces partis – qui avaient passé la campagne à critiquer la toute-puissance, le clientélisme et l’opacité du PS – se précipitent sans états d’âme à la mangeoire.

Ces « ouvertures » et cette volonté de créer des majorités plus larges, imposées sans débat à des militants locaux souvent écoeurés, sont aussi une réponse à la perte d’autorité qui touche tous les partis traditionnels. Au cours des dernières années, la base de tous les grands partis traditionnels s’est rétrécie. Le vote traditionnel et confiant pour un parti a cédé la place au vote à la carte et au principe du « moindre mal », surtout à gauche. Ce qui renforce la volonté de ces partis de participer au pouvoir à tout prix quel que soit le partenaire. Et le fait que tous ces partis partagent pour l’essentiel la même politique néolibérale favorise évidemment ces ententes.

Face à cela, il est de plus en plus urgent de construire une opposition de gauche qui puisse offrir de vraies réponses aux problèmes auxquels est confrontée la majorité de la population et une alternative au néolibéralisme. La Conférence du 28 octobre a donné une première impulsion. Il s’agit maintenant de concrétiser les projets qui y ont été lancés et d’élargir l’initiative.

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