Plus personne n’échappe aux effets de la crise climatique. Inondation, sécheresse ou simplement passage au supermarché, la crise nous frappe toutes et tous. La pression exercée par le mouvement pour le climat augmente, mais la pollution et la destruction de l’environnement font partie de l’ADN du capitalisme. Quoi qu’ils prétendent, les dirigeants du monde, les PDG et leurs politiciens sont incapables de lutter contre la crise climatique.
Par Arne (Gand)
Crise climatique et pouvoir d’achat : une seule lutte
Il a rarement été aussi évident que la lutte pour une vie décente et une planète vivable constituent un seul et même combat. Les criminels à la tête du secteur de l’énergie ne détruisent pas seulement le climat, mais aussi le pouvoir d’achat de la classe ouvrière. Pourtant, en 2019, ce sont les jeunes grévistes pour le climat que le monde politique et les médias dominants ont présenté comme les artisans de l’opposition entre écologie et conditions de vie, notamment par rapport aux Gilets jaunes.(1)
Cette perception de deux camps opposés a pu être maintenue pendant longtemps. Les taxes carbone et écotaxes antisociales défendues par les partis « verts » n’y sont pas étrangères. Le mouvement pour le climat a eu du mal à prendre ses distances. C’est pour l’assister dans ce processus que nous avons défendu des revendications reposant sans équivoque sur les intérêts des travailleurs dans les grèves pour le climat de 2019 :
– Extension et gratuité des transports publics ;
– Nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie pour une énergie verte et abordable ;
– Abolition des brevets et investissements publics massifs dans la recherche scientifique ;
– Planification rationnelle et démocratique de l’économie.
La classe travailleuse : moteur du changement
Celles et ceux sur qui repose le monde ont la force de changer de système. Lorsque la classe travailleuse entre en action collectivement par le biais d’une grève, l’arrêt de la production clarifie de suite qui est responsable de la richesse dans la société. Les connaissances nécessaires pour produire de l’énergie verte sont dans la tête des travailleurs et travailleuses, pas dans celle des actionnaires. La classe travailleuse a un rôle clé à jouer dans la transition écologique, mais on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. C’est pourquoi nous sommes partisans de la nationalisation du secteur énergétique sous contrôle et gestion de la collectivité. Ce n’est que de cette façon que les besoins des gens et ceux de la planète peuvent être respectés. Mais comment convaincre ces travailleuses et travailleurs de prendre leur secteur en main ? Comment les activistes du climat peuvent-ils aider ?
Action directe et mouvements de masse
« Code Rouge », une initiative de plusieurs organisations de la société civile, appelle à des actions d’occupation de TotalEnergies à Anvers les 8 et 9 octobre pour revendiquer une transition socialement juste et « de bons emplois dans une économie sans carbone ». Code Rouge défend à juste titre que les syndicats et les travailleuses et travailleurs doivent être étroitement associés à la mise en place d’une transition juste. Code Rouge a contacté la délégation syndicale de TotalEnergie et a distribué des tracts lors de la concentration syndicale du 21 septembre. La différence est importante vis-à-vis, par exemple, de la campagne contre l’extension de l’aéroport de Liège. Pourtant, Code Rouge n’a pas réussi à enthousiasmer le personnel de TotalEnergies pour son action directe. La direction du site a déjà informé toutes les mesures nécessaires sont prises pour sécuriser le site. Inutile de dire que le personnel a peu d’appétit pour se faire matraquer sur leur lieu de travail par les robocops de Bart De Wever, bourgmestre d’Anvers.
Il n’y aura pas de véritable occupation. Mais l’action exprime le sentiment que des actions plus radicales sont nécessaires. Les actions directes peuvent jouer un rôle si elles visent la participation la plus large possible et défendent des revendications comprises et soutenues plus largement. En 2019, Extinction Rebellion avait appelé à une action directe au Palais royal qui a attiré beaucoup d’attention, surtout en raison de la violence policière démesurée à son encontre. Une occupation rue de la Loi quelques mois plus tôt avait contribué à créer un élan de sympathie pour ce genre de protestations. C’est une grande différence par rapport aux militants qui se sont attachés à la route durant le Tour de France ou quand un militant a jeté un gâteau sur la Joconde. Aussi bien intentionnées soient-elles, ces provocations individuelles créent l’amalgame là où il faut construire l’unité de la classe travailleuse vers un puissant rapport de force contre la classe dirigeante.
L’action directe la plus efficace est faite par les masses. Il suffit de penser aux occupations de palais l’été dernier au Sri Lanka et en Irak, ou aux blocages des transports militaires par les dockers italiens. Les grèves et les manifestations de masse, ce sont également des exemples d’action directe.
La place des travailleurs dans la transition
Code Rouge ne limite pas son action à l’occupation de TotalEnergies, mais appelle également à une manifestation, qui pourrait donner de l’ampleur à l’action et clarifier grâce aux slogans et revendications que la cible, ce n’est pas le personnel de TotalEnergies, mais sa direction cupide.
Code Rouge défend une transition socialement juste. Les syndicats et le personnel ne doivent pas seulement être associés à la démarche, c’est à eux de développer le programme de cette transition et de l’organiser. Pour qu’une transition juste soit possible, les entreprises polluantes doivent être placées sous le contrôle de la collectivité. Le pouvoir de décision doit être retiré des capitalistes pollueurs pour revenir aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’à la communauté dans son ensemble.
Militants pour le climat et syndicats : solidaires les uns des autres !
Nous participerons à l’action et à la manifestation de Code Rouge, en défendant la nécessité de faire de l’ensemble du secteur de l’énergie un secteur public. Nous appelons également à ce que la manifestation pour le climat « Walk for your future » du 23 octobre soit la plus réussie possible. Là aussi, nous défendrons la nationalisation du secteur énergétique.
Nous le ferons dans le cadre du renforcement de la dynamique de lutte pour le pouvoir d’achat et pour la grève générale du 9 novembre. Nous appelons tous les activistes du climat à participer à cette grève ou à effectuer des visites de solidarité aux piquets de grève qui bloqueront les entreprises du secteur de l’énergie.
1. Lorsque Macron a fait passer une hausse de la taxe sur les carburants fin 2018, rendant la vie encore plus inabordable, les personnes en gilet jaune sont descendues dans les rues partout en France. Ils ont occupé des ronds-points et organisé des manifestations. Bientôt, les militants des gilets jaunes ont pu être vus partout dans le monde pour protester contre la classe dirigeante corrompue et la répartition injuste des richesses.