“Une guerre civile sans fusils”

Par Tifaine (Alternatywa Socjalistyczna, CIO-Pologne)

Il y a 30 ans, les mineurs britanniques entraient en grève contre l’accélération des fermetures de leurs mines. 47.000 emplois avaient déjà été supprimés les 5 années précédentes dans le secteur. L’intention de Thatcher était de désindustrialiser ce secteur afin de supprimer ce bastion-clé du mouvement ouvrier qui avait remporté deux grèves en 1972 et 1974 et l’avait forcée à reculer en 1981 dans son offensive pour briser le syndicalisme de classe.

Cette grève qui allait durer presque un an a été une véritable guerre civile entre les mineurs soutenus par la classe ouvrière, et la classe dominante rangée derrière Thatcher. Tout son appareil répressif (violence policière, services secrets, tribunaux, licenciements,…) a été déployé contre les grévistes ; elle avait même envisagé de mobiliser l’armée pour extraire le charbon.

Contrairement à ce qu’en ont dit beaucoup de commentateurs de droite comme de gauche, la victoire était possible, étant donné le poids économique des mineurs (les stocks de charbon constitués en vue de la grève commençaient à s’épuiser), leur combativité, leur détermination à résister aux attaques des conservateurs et le soutien qu’ils recevaient.

Ils ont trouvé un formidable soutien de la classe ouvrière britannique et des mineurs du monde entier en termes d’aide matérielle et d’actions de solidarité. Mais la trahison des dirigeants syndicaux, qui craignaient le pouvoir de la classe ouvrière organisée, a empêché que cela ne se concrétise en grève générale qui aurait pu mener à la victoire.

La défaite des mineurs a conduit à la destruction de leurs communautés et à la transformation des bassins miniers en déserts économiques et sociaux. Elle a ouvert la voie au virage à droite des directions syndicales et du Labour Party, dont les dirigeants défendaient que la lutte des classes était dépassée et qu’il fallait accepter l’économie de marché.

Si la grève avait été victorieuse, non seulement le plan de fermeture de puits aurait été suspendu, mais Thatcher et les conservateurs auraient été discrédités et peut-être mêmes renversés. Cette victoire aurait redonné confiance à la classe ouvrière pour les prochaines luttes et aurait mis la pression sur ces dirigeants.

L’auteur de ‘‘une guerre civile sans fusils’’, Ken Smith, membre de Militant (précurseur du Socialist Party, le parti-frère du PSL en Angleterre et au Pays de Galles) a présidé le groupe de soutien aux mineurs de Llynfi and Afan Valley, qui organisait le soutien politique et financier pour près d’un millier de mineurs.

Dans son livre, il combat les idées pessimistes selon lesquelles la grève ne pouvait pas être gagnée et donne une analyse marxiste des raisons de la défaite. Il revient sur les questions stratégiques et tactiques qui se sont posées pendant le conflit, comme l’opportunité d’organiser un vote sur la grève ou non, les cibles des actions à mener ou les moyens de faire pression sur les dirigeants droitiers des syndicats.

L’héroïsme et la détermination des mineurs est une source d’inspiration pour les luttes actuelles et il est important d’en tirer les leçons, en particulier pour les militants de gauche dans les syndicats.

Son ouvrage est disponible en anglais en tant que livre et en français sous forme de brochure.

Partager :
Imprimer :

Soutenez-nous : placez
votre message dans
notre édition de mai !

Première page de Lutte Socialiste

Votre message dans notre édition de mai